lundi 31 décembre 2012

̀the bourne's dyslexy

schiltigheim. 6.08. p.m.
devant l'urgence de mon rendez vous avec martin von w., je me pose avec décision devant les horaires complexes de plusieurs de bus strasbourgeois - je passe entre quatre et six minutes à comprendre lequel me menerait le plus rapidement possible vers la gare, point de notre rencontre (que nos supérieurs sans rire [car les supérieurs ne rient pas] qualifient de celle de la derniere chance)
xix minutes...
Tout comme il avait fallu trente huit ans à mon ami m. von w pour découvrir que, nom d'un bordel, au réveil, on est plus en forme quand on n'a rien bu la veille, il m'a fallu attendre ma trente huitième année pour admettre que je ne serais jamais jason bourne - six minutes //
la vie n'est pas tendre avec les jeunes vieillards de mon genre...

samedi 29 décembre 2012

siffler là-haut (nuisance)

les hommes d'aujourd'hui n'apprécient guère l'homme sifflotant, homme de l'otium si méprisé dans une société qui a pour objet le mouvement - 
moi qui sifflote, je crois remarquer que mes mélopées sont particulièrement sujettes à caution dans les salles de cinéma - preuve de plus que les gens ne supportent la gaité d'autrui...

mercredi 26 décembre 2012

misogynie à part

Une rumeur malsaine veut que, lorsque l'homme trompe sa femme, c'est par bestialité, pour assouvir un besoin primaire, le siège de son âme étant logé dans ses testicules. Quand la femme trompe son époux, c'est pour se sauver, pour se sentir femme, enfin, pour se sortir du carcan millénaire dans lequel on a cloîtré la femme, car un mari ne rend jamais femme son épouse, ne lui permet pas de vivre la grande passion qu'elle mérite - et je passe sur d'autres poncifs d'une rhétorique vers le haut, vers le grand -
je me suis demandé soudain si le mineur (homme) du xixème siècle avait eu droit à sa grande passion, à la grande aventure de la vie, après avoir passé quatorze heures à recueillir de la houille...
toute allusion à l'éventuel emplacement du siège de l'âme de la femme sera donc déplacée, voire inconvenante //

dimanche 23 décembre 2012

racisme ordinaire

chez les nouveaux bien-pensants, dans le stéréotype de la nouvelle bourgeoisie libérale : le vieil arabe est un épicier bienveillant, bonhomme, amène ; le vieux noir est assis sous l'arbre à palabres, raconte à une jeunesse attentive la bibliothèque mentale qui ne tardera pas à brûler pour paraphraser senghor ; le vieux chinois est philosophe et médecin et regarde  à demi-ivre la forêt de bambous en jouant un air de flutiau ; le vieux japonais enseigne le mos maiorum nippon sur un tatami ; le vieux français a sa baguette sous le bras, il est aigri, il vote pour le f.n., s'imbibe de vin rouge : bref le vieux français n'est pas un sage, c'est un vieux con : croyez-vous franchement que la france ait le monopole des vieux cons ?

samedi 22 décembre 2012

crocodile dundee

pour traverser les routes, les rues, les signalisations parlent (et m'effraient) vous pouvez traverser sur le passage prévu à cet effet - mais qui mis à part un bouseux comme moi débarqué d'un pays en développement pour répondre avec aménité à la gentille recommandation ?

vendredi 21 décembre 2012

adolescence

"l'adolescence sombre donne d'ombrageux adultes"
et vive-versa me souffle la voie assurée du bon sens toujours amène pour gâcher mes plus beaux instants de création d'une modernité absolue ///////////////////////////////////////////////

la dernière bande

il y a pire que d'essayer - vain essai - d'imiter beckett dans son style, dans sa manière - il est allé aux limites de la voie empruntée - c'est de devenir, par mimétisme, l'un de ses personnages -
c'est ce qui semble m'arriver 

mardi 18 décembre 2012

éjac faciale

monsieur muray avait pris en gripe l'homo festibus, si content de faire montre de légèreté - mais l'homo festibus était encore un narrateur de sa frivolité, de son insouciance délicieuse ; il se perdait dans la narration pour tenter de justifier sa gueule de bois ou sa syphilis
à présent
l'homo - festibus ou autre - n'a plus besoin de nous narrer quoi que ce soit, il peut se contenter de nous montrer en direct la puissante et perpétuelle éjaculation de son existence, ila bandaison absolue de chaque instant, il nous balance sa purée en pleine figure, sans discontinuer, il est constamment, connecté - la narration est morte, la fiction crevée, la réalité les a rattrapées, avec tout le raffinement et l'élégance qu'on sait.








ps - tiens, monsieur, il vous en reste un peu dans les moustaches...
 
 

samedi 15 décembre 2012

petite fabrique d'aphorisme

l'idée est du très oulipien marcel benamou :
on part de quelques formules de base :
a est le plus court chemin de b à c
un peu de a éloigne de b, beaucoup en rapproche
les petits a font les grands b
puis il faut trouver des couples ou des trios (faux synonymes, antonymes, etc.) ; faites des essais, vous pourrez inventer une quantité quasi illimitée d'aphorismes porteurs de sens (surtout si vous les attribuez mensongèrement à une entité connue.)

vendredi 14 décembre 2012

conversation au bord du vide

mon ami lucius me confiait : "les gens capables d'écoute sont peu nombreux dans le gigantesque bavardage de l'existence, ils leur arrivent de souffrir sans bruit. ils souffrent constamment le babillage informe du genre humain -
(et on voudrait connaître plusieurs langues !)
longtemps je me suis demandé pour quelle raison mystérieuse j'éprouvais un tel agacement vis à vis de mes semblables qui passaient leur temps à éluder les sujets qui ne les concernaient pour revenir inlassablement sur les sujets qu'ils croient maîtriser dans l'unique but de se raconter, de donner sens par la narration à leur existence : quel paradoxe d'ailleurs que de devenir, alors que plein de mépris pour la littérature (qui parce qu'elle est fiction leur devient suspecte), des manières d'écrivains oraux, assommant autrui de leur existence auto-fictive..."
- oui certes, lui répondis-je en baillant, mais parlons un peu de moi si tu veux bien...

jeudi 13 décembre 2012

le livre de nahum

naom, que les hébreux orthographient fautivement nahum, et qui partage mon quotidien depuis plus de six années, déclara, avant de se rendre célèbre en annoçant la destruction de ninive :
"elle, je ne l'aime pas, dès que je me raconte des histoires dans ma tête, elle les entend et elle me gronde." - ah mon cher naom, que ne naquis-tu pas il y a quatre ou cinq millénaires, tu fusses devenu prophète, tu eusses annoncé la ruine de ninive ou d'autres cités païennes, avec au bout de ta gaule la colère divine - au lieu que pour tes propos tu finiras dans un chambre capitonnée et ceint d'une camisole au-dessus de ta force prophétique !

mardi 11 décembre 2012

signe intérieur de vieillesse

le signe indubitable que l'on a vieilli, ce n'est pas les quelques fils d'argent qui enrichissent de doux reflets notre admirable crâne - ni les quelques ridules qui signifient que nous rîmes bien de tous les ridicules et de toutes les folies de l'existence - non, le signe en caractère gras que nous sommes devenus vieux, c'est la passion quotidienne de la météorologie, la quête vitale du temps qu'il fera le lendemain -
comme si c'était le seul qu'il restait...

dimanche 9 décembre 2012

comment parler...

ayant achevé la lecture du livre de pierre bayard comment parler des livres qu'on n'a pas lus ? je ne me sens pas autorisé à en parler -
pourtant
c'est assez bien vu souvent, même si le titre est un peu racoleur et malhonnête (un pourquoi devrait remplacer le comment) - l'idée du lecteur "intensif" qui reste plus du côté de la non-lecture puisqu'il aura lu moins que ce qu'il lui reste à lire, l'idée de l'oubli des livres lus à travers l'exemple de montaigne, etc.
mais
gêne indéniable
aussi
[on appréciera la modernité libératrice de la mise en forme de mon post]
pourquoi cet épilogue sur le caractère libérateur de la pratique de la non-lecture face à la pression sociale d'avoir lu certaines oeuvres ? pourquoi user un peu plus cette théorie oiseuse de la libération comme d'une justification autoritaire (ça libère donc c'est bon, c'est bien, c'est épatant - orgasme général de l'existence) ?
la question de ce pourquoi parler de livres pour se libérer de je ne sais quelle contrainte sociale : la non lecture pour dépasser sa honte, voire sa culpabilité (on croit rêver) - mais de quoi au juste ?
sans compter l'éventuel plaisir du texte (quand bien même ce serait un coup de hâche), au-delà de son inscription dans le vaste réseau de l'histoire de la littérature, qui est totalement éludé (la lecture étant considérée comme une perte de temps, l'important étant le bavardage autour du livre - voilà ce qui est censé libérer !) - où est-elle partie la réjouissace borgésienne pour les livres lus ?
et de me demander en quoi il est libérateur d'être si bavard...  

mardi 4 décembre 2012

chère mauvaise foi

chère mauvaise foi adolescente, si loin de l'âge stupide qu'on veut nous décrire toujours et encore, qui disait haut et fort : "on nous donne des responsabilités d'adulte [mais qui sont ces parents irresponsables ?] et on nous traite comme des gamins" alors qu'au fond, les adolescents voudraient (et je les comprends) qu'on les traitât comme des adultes tout en les laissant se comporter comme d'irresponsables gamins -

dimanche 2 décembre 2012

lever

gilberte, cousine par mésalliance d'oriane, est une des rares personnes au monde capables de se lever une à deux heures avant d'être réveillée -

samedi 1 décembre 2012

sur la lecture

double mouvement de joie et d'effroi devant les livres qu'il reste à lire : joie de se dire qu'il nous reste des perspectives infinies de plaisirs et de découvertes, des heures de solitude à l'écart des aboiements et des bêlements, effroi devant l'impossibilité de lire, non pas tous les livres, mais l'infime "liste" de ce qui nous fait le plus envie, classiques ou noms attrapés au fil de conversations (en essayant, plein de foi mauvaise, de faire comme si ce que l'on ne connaît pas n'existe pas)

jeudi 29 novembre 2012

aphorisme

dois-je relayer le lieu commun de mon ami lucius ? "à grandir trop vite on vieillit prématurément."
mon ami alzheimer a cessé de se poser la question...

mardi 27 novembre 2012

the loneliness of the long-distance runner

attrapé dans disgrace, (in english, sir) de monsieur coetzee que je découvrais (il était temps) à cette occasion :
"que reste-t-il à faire quand c'en est fini de courir ?" -
avoir une pensée contrite pour ceux qui ne surent ou ne purent jamais courir ?

dimanche 25 novembre 2012

la méchanceté gratuite ne rapporte rien

j'ai beau être méchant en ce blog...
monsieur et madame olson ont eu le plaisir de nous faire part de la naissance de leur fille, prénommée fatoumata // [modernité quand tu nous tiens] nous les interrogeons sur le choix surprenant de ce prénom pour une enfant de sang viking, blonde aux yeux bleus, nous nous renseignons de leurs accointances éventuelles et particulières avec le continent noir, le mali peut-être, oreilles rouges ? - non non, ils n'ont jamais mis les pieds en afrique noire, ça va pas ou quoi !
sigbjorn me regarde avec un étincelant sourire, derrière ses lunettes opaques et son porte-cigarettes : non non, mon cher, mais, étant d'une nature profondément pédophobe, j'avais, dès son plus jeune âge, envie de la faire chier... 

samedi 24 novembre 2012

lolita



ah ! quoi de plus insupportable chez ces lolitas en semi-rut (car chez elles rien n'est entier que la bêtise) que l'expression ostentatoire d'un sirupeux instinct maternel à la vue de n'importe quel répugnant bambin gavé de chips et de soda ?

jeudi 22 novembre 2012

rire

monsieur le chef d'entreprise nimbé de son importance, monsieur le cadre cupide et versatile qui vous agitez dans vos bocaux pour nous convaincre de votre valeur, sachez que la mort rit - un peu - plus de vous que de moi -

samedi 17 novembre 2012

immense solitude

mes amis lisboètes, épifanio et larentia de p., papistes invétérés et membres du cercle trop restreint des extracteurs de quinte-essence, eurent la délicatesse exquise de m'envoyer une petite carte à l'occasion de mon énième anniversaire - elle montrait le lisboète le plus poignant sous son chapeau, étranger dans sa propre cité - et un court texte saisissant :
"cada vez estou mais so, mais abandonado.
pouco a pouco quebram-se-me todos os laços.
em breve ficarei sozinho." f. p.
(je fais ici semblant d'être un lusophone aguérri, mais épifanio y avait joint une traduction)
s'imaginaient-ils à quel point ils avaient visé juste ?

vendredi 16 novembre 2012

selon franz kafka

attrapé au vol dans le bouquin de monsieur steiner de la bible à kafka :
"vivre, c'est être condamné à vivre. telle est la dynamique métaphysique mais aussi privée du procès." (p. 55)
on peut lire aussi : "les livres indispensables nous accablent avec plus de force encore que la mort de l'être aimé." ce qui rejoint son propos si juste sur la pratique des humanités qui, paradoxalement, nous éloigne de l'humain...

jeudi 15 novembre 2012

métaphore

au réveil, ma douce oriane prononce ses premiers mots : "peux-tu me remplir la bouilloire ?"
mon sens aigu de la métaphore me tripote, mais je demeure plein de dignité, presque de froideur :
"mon oriane, mon délice, ce serait un immense honneur, que dis-je un véritable plaisir que de vous remplir la bouilloire, mais là comme ça, devant nos chers enfants ? vous oubliâtes que je n'étais point hussard."
elle ne m'adressa plus la parole de la journée et je ne sus jamais le motif de son silence...

samedi 10 novembre 2012

agitation

à l'heure actuelle, le monde appartient aux imbéciles, aux agités et aux sans-coeur. on s'assure aujourd'hui le droit de vivre et de réussir  par les mêmes moyens, pratiquement, que ceux qui vous assurent le droit d'être interné dans un asile : l'incapacité de penser, l'amoralité et la surexcitation -






























pessoa, le livre de l'intranquillité (175), christian bourgois, 1999.

mercredi 7 novembre 2012

mardi 6 novembre 2012

audace

lorsque je suis en compagnie du baron von t., nous n'hésitons pas à prendre des risques presque insensés afin d'éprouver les sensations extrêmes d'une vie proprement superlative : ainsi, plusieurs jours durant, nous fîmes du café éthiopien dans une cafetière italienne - goûtant ainsi à chaque gorgée l'insaisissable oxymoron de l'existence -

samedi 3 novembre 2012

tweeter

je vous offre le tweet que j'eusse dû écrire hier, comme j'étais en compagnie d'oriane et de mon ami dipsomane tomàsz von t.
"faisons une pétanque à la mamounia - improbable" - j'en conviens, cela ne revêt pas le moindre intérêt...

mardi 30 octobre 2012

l'homme qui parle / l'homme qui marche

bénies soient les nouvelles technologies - elles nous offrent un espace de liberté formidable, à nous, les tarés.
J'ai toujours eu un double goût fort prononcé et pour la marche à pied aléatoire (plutôt urbaine d'ailleurs) et pour le monologue intérieur, qui dérapait parfois dans le monologue à haute voix - et je vous assure qu'on a vite fait de vous cataloguer lorsque vous parlez tout seul en marchant tête baissée //
l'homme qui marche sans autre destination que le hasard et l'homme qui dialogue dans la solitude est un aliéné ./ (point barre, moderne non ?)
les nouvelles technologies sont en passe de me sauver - quelle n'a pas été ma surprise, il y a quelques années, de surprendre des gens de plus en plus nombreux qui parlaient, me semblait-il, tout seul, d'une voix forte qui plus est : une observation plus attentive du phénomène me permit de comprendre (au bout de nombreuses semaines d'une investigation des plus pointues) que tous ces êtres ne parlaient pas seuls : ils utilisaient des kits mains libres qui leur permettaient de communiquer à distance avec autrui tout en gardant les mains dans les poches -
une oreillette reliée à rien dans une oreille et la société m'autorise à parler à haute voix, tout en marchant au hasard des rues, de mon rut, de mes envies de meurtre, et je puis, il était temps, finir de me raconter toutes les histoires que je me racontais dans mon enfance et, des années plus tard, dans mon adolescence qui si longtemps s'attarda...

fierté

hier, journée mondiale des accidents vasculaires cérébraux, que j'ai traversée avec brio, audace, détermination - pas d'avc au bout - un sans-faute...

dimanche 28 octobre 2012

mouvement

mon ami thomas von t. ironisait : "les gens confondent progrès et mouvement ; j'entendais un type me dire avec le plus grand sérieux (celui qui serre le coeur) : le but de notre mouvement est l'action, le but de notre action est le mouvement - voilà où nous en sommes, mon vieux, une simple mécanique de mouvement perpétuel et tout le monde s'ébahit."

samedi 27 octobre 2012

mercredi 24 octobre 2012

las vegas parano (version bof)



dans le film de terry gilliam, et le livre de hunter s. thompson, en entrant dans une espèce de foire foireuse, on peut entendre le journaliste dire : "bazooka circus est l'endroit que fréquenterait l'élite tous les samedis soirs, si les nazis avaient gagné la guerre."
les nazis ont perdu la guerre, l'élite fréquente les malls le samedi et le dimanche : god bless america //

dimanche 21 octobre 2012

message divin

aujourd'hui, aux alentours de 14 h, dieu choisit de s'adresser à moi :
"vil mécréant, viens dans mon église, la seule de marrakech, tu ne peux pas te gourer - chien de mécréant, fils spirituel de la hyène, viens dans mon église, viens rire si tu veux, viens avec tes enfants pleins d'indiscipline spirituelle (rituelle, me permis-je de lui répondre, d'indiscipline rituelle) - raboule, avec hassan si tu veux, viens moquer les chants, les orgues et les pompes ; car vois-tu, fils du putois et de la scolopendre (tout de même, monsieur dieu, je ne vous permets pas, mes parents n'y sont pour rien), je ne la supporte plus, la communauté des chemises bleues ou et des chemises vichy, rentrées dans le pantalon de toile bleu marine ou beige clair, communauté si pleine d'elle-même, si pleine de son amour de son prochain quand il est lui-même, et qui se croit si pleine de moi qu'elle s'accorde le droit de juger mon oeuvre dans son détail parfois malencontreux - ô, hyène puante, je la dégueule par tous les pores, et si j'étais un dieu paien, je la frapperais volontiers de la foudre, nom de moi-même."
il était au bord du blasphème, mais je l'entendis encore me souffler, las :
"qu'on amène donc quelques loups pour que je puisse à nouveau supporter mon troupeau de brebis égarées (et pas seulement dans le port de la chemise bleue rentrée dans le pantalon...)"

dimanche 14 octobre 2012

collection

si j'eus un jour un rêve véritable dans mon existence (une fois passés mes rêves de gloire, ceux d'une association artistique collective appelée interstellar overdrive où des artistes de tous poils viendraient coaguler leurs talents), ce fut celui de constituer et d'ouvrir une bibliothèque (médiathèque)dans une demeure campagnarde et surranée, où tout le monde pût se servir, lire des livres, écouter de la musique, boire un bon verre de schnaps de merisier, contempler quelques oeuvres d'art, trouver le réconfort d'une présence féminine, - fumer ou boire une liqueur, ou un thé raffiné en feuilletant un livre, ou en se promenant dans un jardin aux fleurs et aux essences rares -
à présent, la médiathèque tient dans la mémoire de quelques clés usb et disques amovibles - la bibliothèque tient dans un cartable - le projet est enterré, les parfums, sauf ceux qui émanent des cadavres, se résument aux empreintes olfactives des grands hôtels ou à des batonnets d'encens.
il y a, dans le grand livre tous les noms de josé saramago, où nous suivons un fonctionnaire modèle s'écarter de l'étouffant règlement du quotidien pour suffoquer délicieusement de l'air vivifiant de ce qu'on pourrait appeler la vie, quelques lignes fascinantes sur la vanité de la collection :
"on rencontre partout des gens comme monsieur josé, ils occupent leur temps, ou celui qu'ils croient que la vie leur laisse, à collectionner des timbres, des monnaies, des médailles, des potiches, des cartes postales, des boîtes d'allumettes, des livres, des montres, des chandails de sport, des autographes, des pierres, des personnages en terre cuite, des cannettes vides de boissons rafraîchissantes, des petits anges, des cactus, des programmes d'opéra, des briquets, des stylos, des hiboux, des boîtes à musique, des bouteilles, des bonsaïs, des tableaux, des gobelets, des obélisques en cristal, des canards en porcelaine, des jouets anciens, des masques de carnaval, poussés probablement par quelque chose que nous pourrions appeler angoisse métaphysique, peut-être parce qu'ils n'acceptent pas l'idée que le chaos soit le seul arbitre de l'univers, et donc avec leur faible force et sans l'aide divine ils tentent d'introduire un peu d'ordre dans le monde, ils y réussissent pendant un certain temps, mais seulement aussi longtemps  qu'ils parviennent à défendre leur collection car quand vient le jour de la disperser et ce jour arrive inéluctablement, à cause de la mort ou de la lassitude du collectionneur, tout retourne au chaos originel, tout replonge dans le désordre."
la collection, tout comme le désir de classer (mais on classe des collections, non ?) participe de notre quotidienne et vaine tentative de donner un semblant de sens, un peu d'ordre au point d'interrogation tremblant et fuyant de l'existence //*
dois-je alors inciter mes fils à se lancer dans telle ou telle collection, et ainsi à se laisser bercer d'illusions ?

* cela faisait longtemps, le double slash de la modernité absolue...

vendredi 12 octobre 2012

nuisance

je l'admets, j'ai pris hier une leçon - une pure leçon.
après avoir vibré (car moâ, je vibre quand j'entends de la musique, car moâ, je n'écoute pas, j'entends la musique) sur les airs du violon virtuose et enthousiaste de monsieur apap, j'appréhendais la fin du concert : le soporifique et pompier boléro de ravel - qu'allait-on pouvoir, cela n'allait-il donc jamais finir ?
je sussurais à oriane que je pourrais, pour boycotter l'insupportable morceau, le siffloter en même temps qu'il serait joué, participant ainsi, quoique oralement, à la vaste entreprise de l'encyclopédie des nuisances -
mais comme souvent, trop respectueux du public (ce qui m'évite de me traîter de lâche), je décidai de m'abstenir -
c'est mon voisin qui alors se mit à siffloter, et n'importe quoi en plus, et point dans le rythme, un véritable génie, mon voisin, enthousiaste mon voisin, une sorte de deuxième ou troisième voix ivre, défaillante, nuisible -
et moi de rester admiratif devant tant d'audace, jouissant de la monotonie enfin réduite en bouillie de ce morceau trop écouté (et point assez entendu...)

mercredi 10 octobre 2012

paradoxe

un lieu commun bien établi aussi bien par les machos que par les féministes raconte l'homme en sorte de brute insensible, dominé tantôt par ses pulsions testiculaires, tantôt par de froids calculs ; il [le lieu commun] narre la femme fragile, douce, sensible, délicate (même quand elle est forte); complexe, tellement complexe.
[on ne rit pas, c'est le lieu commun qui parle]
pourquoi tant de femmes attendent-elles, pour devenir l'être délicat, poétique, éthéré, floral, presque neurasthénique à force de sensibilité, si fragile (comme l'a si bien décrit cookie dingler), la satisfaction première de leurs exigences matérielles ?

samedi 6 octobre 2012

tombeau pour des esseintes

il y n'a, chez l'aristocrate naturel (que je suis), aucune nécessité ni à montrer une quelconque supériorité en public, ni à afficher un mépris ostentatoire pour les classes dites basses - il y a au plus le goût de briller face aux gens qu'on estime de son rang, et encore, le jeu finit par lasser, comme tout d'ailleurs... ou alors de remettre à sa place le roturier -
le besoin d'afficher sa supériorité par une gueule promptement ouverte, par d'ostensibles signes de richesse (dont le plus grotesque est la porsche cayenne), par cette décision et cette assurance (ostentatoires !) qui si bien seyent aux sots, trahit un manque de confiance en, un manque de conscience d'une supériorité qui n'est que de porte-feuille et de façade ; l'aristocrate peut accepter la ruine, qualité dont le roturier se verra privé de toute éternité...

pour arielle d.

nadine, maman de la petite rosalie et épouse d'herwann (qui est à son travail ce que daniel prévost est à son village dans uranus), déclare à propos de sa fille, quelque peu gracile et pautade pourtant : "arielle dombasle m'a dit qu'elle était très gracieuse."
que répondre à cela ?
- et tu l'as crue ? (mauvaise réponse)
- en même temps elle croit que son mari est philosophe... (mauvaise réponse)
- elle a dû vouloir dire grassouillette, elle manque tellement de vocabulaire, la pauvre ! (mauvaise réponse)
- ah la garce - se moquer comme ça... (mauvaise réponse)
je sais gré à oriane de ne pas avoir donné dans la réponse tant attendue, c'est-à-dire bouche en cul de poule, grands yeux de godiche et et rose pâmoison : tu connais ariellllllllllllllllle dombasle ?!?

jeudi 4 octobre 2012

langues

la grande mode est à l'enseignement des langues : dans ce grand monde mondial, mieux vaut être polyglotte, nous dit-on, quelle chance de posséder le même monostique dans plusieurs langues, nous dit-on, et nous d'acquiescer et de tendre l'arrière train, béat de comprendre si facilement tant de choses, surpris de notre propre intelligence, en détendant le rectum -
la mode durable des langues vivantes enterrera (a enterré ?), à court terme, les langues mortes et la vieille littérature, qui refuse (la littérature) ou devrait refuser, ou au moins réfuter, non pas le principe d'horizontalité des savoirs, mais son omnipotence. les vieilleries mortes, quel bonheur une génération de polyglottes monocéphales qui ne mettra aucune jolie valeur en danger, qui acceptera toutes les sodomies de l'existence sans broncher - une voix, une voie, mais déclinée par de savants polyglottes en plusieurs idiomes : on ne risque pas de s'ennuyer...
ou si peut-être...

lundi 1 octobre 2012

inside job

à un moment dans le documentaire, raghuram rajan, un économiste du fmi, au symposium de jackson hole, fait une intervention devant le gratin de la banque internationale sur has financial development made the world riskier ? - ce à quoi il répond oui, sans un murmure d'hésitation - mais qui écoute cassandre ?
l'américain larry summers, qui avait tout intérêt à ce que tous pensent que non et qu'au contraire cela insufflait un nouveau dynamisme libéral à l'économie mondiale, le contre en le traitant simplement de rétrograde : il n'avait pas besoin d'en rajouter, car se faire traiter de rétrograde ou de réactionnaire clot toute discussion, toute analyse, tout débat : on ne saurait transiger avec un réactionnaire ; cela permet à la pensée dominante d'écarter d'un geste hautain toute interrogation sur elle-même... combien de temps encore ?

samedi 29 septembre 2012

une histoire de peinture

dans le vif petit récit de sciascia todo modo, le narrateur, artiste reconnu et célèbre, s'amuse (en se souvenant d'une anecdote de picasso refusant de signer un dessin réalisé pour une de ses maîtresses, lui expliquant que le dessin ne valait rien, mais que sa signature, elle, valait un million) à imaginer une exposition de toiles blanches, vierges, avec sa simple signature dans un coin - toiles donc extrêmement onéreuses  ; l'exposition, intitulée finis la toi-même, part du principe que la signature est devenue plus importante que l'oeuvre elle-même - matière à réflexion, comme tout l'opus, conte drôlatique, qui aborde, acerbe, certaines contradictions de notre société (d'une modernité absolue et jubilatoire, en trois mots qui veulent tout dire) 

vendredi 28 septembre 2012

interview

aussi loin que ma mémoire de poisson rouge me ramène, j'ai toujours parlé tout seul, j'ai tenu conversation, d'abord à voix haute sur le chemin de l'école ; 
puis à basse voix et enfin à voix intérieure, quand j'ai eu sens des convenances dans l'égout de mon cerveau : on aurait tort de prendre pour un signe de débilité primaire ce qui n'est qu'un lâche refus de se confronter à la médiocrité des autres -
je me plaisais souvent à dialoguer avec un autre, fictif, connu ou inconnu - aussi bien avec d'impossibles amours qu'avec cyrus smith ou le capitaine nemo, ou aux deux ensemble intrigués dans la même histoire dont je devenais l'un des protagonistes - ô sombres héros de mon acné naissante ;
or, je constate avec dépit que cette manie ne me lâche pas : je me promène toujours imaginant le dialogue fictif que je pourrais avoir avec tel penseur ou tel journaliste (beaucoup moins d'ailleurs que la conversation légère avec telle actrice qui fait la une des magazines, mais il n'y a pas que l'âme qui se flétrit), regards croisés et passionnants (on se rassure comme on peut) sur un monde que nous aiderions à construire ou à comprendre de nos mots, parades splendides aux attaques perfides du détracteur, maîtrise parfaite de l'ars oratorio -
puis je me dis, pour me rassurer, qu'il vaut bien mieux que tout cela n'arrive pas - je ne pourrais m'empêcher de regretter, de ne pas assumer à cent pour cent les mots employés, non pas forcément à vouloir leur trouver un autre sens, mais dans le sens voulu me dire que d'autres mots eussent été plus adéquats , et de remettre sur l'écheveau fictif la même phrase, inlassablement - manière de procrastination jusque dans le dialogue fictif...

samedi 22 septembre 2012

peau dure

la liberté d'expression est un droit fondamental : charb a le soutien de toute l'intelligensia et des politiques (siné l'a eu moins)- au pire c'est con, c'est mal venu, mais c'est la loi (le retour aux romains, quand cela nous arrange, même si à la dura lex l'homo sapiens préfère la rolex et la durex) et un droit inaliénable-
en vertu du premier amendement, pamela geller peut afficher dans le métro new-yorkais son soutien à israel et sa haine de l'islam, assimilé au jihad - le dogme est sauf, encore faudrait-il savoir si, en vertu du même amendement, on pût soutenir la palestine contre la sauvage colonisation israélienne -
au final, le seul blasphémateur en france, ce n'est pas charlie hebdoc'est richard millet : lui seul a contrevenu à la sacro-sainte Loi (mon blog ne devait pas contenir de majuscule, étant minuscule); il remet en cause l'antiracisme, le multiculturalisme, l'horizontalité du monde - tout comme on avale le libéralisme comme "le meilleur choix" - on n'a jamais eu à expliquer en quoi tout cela était beau et bien, on a admis que tout cela était beau et bien - pourtant, dans bien des pays, le dialogue des cultures ou la rencontre avec l'autre - si il n'y a pas un intérêt économique - n'intéresse pas grand monde, on peut même dire qu'on se barbouille le pourtour anal, pour paraphraser céline [bâton pour me faire battre bien sûr.]
le dogme ne souffre pas d'être questionné ; monsieur millet a donc logiquement été excommunié - sans procès.
le dogme, religieux ou non, a la peau coriace - à part de pédophilie, de quoi peut-on être soupçonné de pire que de "fascisme" ?

vendredi 21 septembre 2012

diogène

on raconte que diogène de sinope se masturbait sur l'agora afin d'attirer à lui quelques auditeurs courageux prêts à l'écouter, sinon à l'entendre -
m'imagine-t-on, devant le mur des lamentations, sur l'esplanade de la koutoubia ou devant notre dame de paris, branlant quéquette pour semer à tout vent quelques bribes de bonne parole ?
[encore faudrait-il que j'eusse quelque chose de suffisamment important à dire à la foule pour donner une justification à mon acte, ce dont je doute fort hélas...]
et peut-être d'ailleurs faudrait-il songer à se taire, une bonne fois -
trève d'apparté ; à ce jeu je joue, dans deux lieux sur trois, mes testicules, au nom de la foi, pour blasphème (quoique je me sois toujours demandé si dieu ne se battait pas l'oeil des blasphèmes, là où il est, et s'il n'avait pas mieux à faire que de s'occuper de mon onanisme) - pourquoi pas, je sais ce que je risque, alors que je ne voulais qu'attirer la foule, sans idée de blasphémer...
devant notre-dame, je conserverai mes parties génitales (quoique je risque qu'on me les cassât fort), mais j'aurais droit à une amende, à un tirage d'oreille de la part de la vigilante maréchaussée, à un internement peut-être en psychiatrie, à une bonne dose de médicaments pour soigner ou au moins calmer ma déviance, aux analyses compétentes de quelques psychologues - peut-être finirai-je par supplier qu'on me coupât les parties - pourquoi cette provocation ? alors que nous sommes si gentils...
on ne me les coupera pas au nom de la foi, on me les cassera au nom d'un libéralisme tolérant et humain qui a du mal tout de même à accepter qu'on se branle de lui...
difficile dès lors d'affirmer qui est le plus civilisé - ou le plus perfide...

hommage à benjamin peret

dans un contexte tendu - par un film médiocre qui circule sur la toile, par des caricatures au nom de la liberté d'expression (mais qu'exprime-t-on au juste ?), on s'offusque de l'embrasement du monde musulman (as-tu vu s'embraser un milliard d'individus ?) et celui-ci n'a-t-il pas lui aussi le droit de s'exprimer ? on déplore l'huile jetée sur le feu à un moment peu opportun, le jeteur d'huile ne comprend pas l'hystérie, ni médiatique ni religieuse, (ce en quoi il nous vexe, nous prenant pour plus cons que nous sommes) - choc de civilisations pas si difficile à obtenir, dans la médiocrité -
peu de civilisés cependant pour réagir à la poignée d'intellectuels (excités et sincèrement choqués dans leurs opinions plurielles) qui a eu la peau d'éditeur de richard millet pour son petit pamphlet : ça s'est passé près de chez nous et on a trouvé normal que celui qui interroge son époque, dût-il alimenter ses réflexions de ses angoisses les plus noires, peut-être fantasmatiques, soit mis à mort par quelques penseurs à peine dominants - par la sereine bonne pensée unique teintée d'un  humanisme de plus en plus réduit à la caricature de son odieux petit moralisme timoré -
on peut donc continuer d'aboyer en paix...

post scriptum
quant à moi j'en appelle à jésus
un doigt dans le trou du cul
liberté d'expression - encore que là je ne mets pas le feu au poudre - si j'en appelais à breivik, doigt dans le trou du cul ou pas, la chasse à courre pourrait commencer

lundi 17 septembre 2012

miroir

"lorsque vous regardez un miroir, l'image qu'il vous renvoie est celle que vous aviez deux nanosecondes auparavant" - belle manière de contempler, hagard et résolu, un passé de soi à jamais révolu...

samedi 15 septembre 2012

mercredi 12 septembre 2012

non agir

mon ami jean de m. me disait, il y a terriblement d'années : il faut un certain courage, et beaucoup de discipline, pour renoncer à tout projet -

lundi 10 septembre 2012

le vent

à chaque fois que je pâme devant le spectacle incestueux du kite-surf et de l'océan, je ne peux m'empêcher, en mon tréfonds, d'espérer que ce soit le vent qui a raison du vélisurfeur -

vendredi 7 septembre 2012

le voyageur universel

la mode est au voyage version roots, le petit coin pittoresque, non plus pittoresque mais authentique, le vrai pays, hors des sentiers battus, à côtoyer des vrais gens (puisqu'il doit en exister des faux), on ira dormir chez vous ce soir -  qu'est-ce que tout ce vacarme me fatigue ! même nos vacances doivent être régentées, notre ultime espace de libre arbitre (fût-il celui d'un beau-frère) est à présent envahi !!!
alors ils m'ont fait du bien, ces deux amis dans l'avion qui nous menait à marrakech et qui parlèrent, deux heures durant, des spots indispensables de la ville ocre, de leurs vacances à saint-domingue, à maurice ou à pattaya, qui ressemblaient tant à celles qu'ils allaient passer sous les palmiers : de l'alcool, des putes, un buffet à volonté, encore quelques putes, et puis un dernier cocktail : une autre manière de découvrir autrui et de faire dialoguer les cultures...
qui plus est, ces gens peuvent voyager dans à peu près n'importe quelle partie du monde et rentrer satisfaits de leur séjour ; nous ne pouvons pas tous en dire autant, nous les vrais voyageurs ! 
(car il est clair que les autres sont tout au plus des touristes)
 

mercredi 5 septembre 2012

l'humanité

au final ou au terminus, et où que nous soyons, les hommes restent des hommes, et plus encore les femmes des femmes [le lecteur admirera d'ors et déjà la troublante profondeur du propos, ou quasi-aphorisme] - deux exemples illustreront ma thèse :
la cinquantenaire alsacienne qui pestait à la caisse du supermarché parce que ça n'avançait pas assez vite mais que je vis ragoter devant la porte automatique une demie-heure après avec une autre cinquantenaire qui fronçait le sourcil devant la gravité du propos ne ressemblait-elle pas à la mère marrakchie si impatiente de déposer sa progéniture en se garant devant le portail de l'école mais qui, quelques quarts d'heure plus tard, encore y bavardera en fronçant le sourcil devant le sérieux du propos ?

jeudi 30 août 2012

notre jeunesse

comme me le suggérait lucius de y. paraphrasant péguy, le mariage peut être considéré, chez l'individu, comme l'inéluctable glissement du mystique vers le politique -

mercredi 29 août 2012

nicotine

mon parrain correspond à un type d'homme que j'apprécie, toujours souriant, léger dans l'adevrsité, toujours à plaisanter de n'importe quelle situation personnelle, si douloureuse fût-elle - il m'a appris à ne pas m'en faire pour rien ; il me fait penser à monsieur k, dans l'album de wolf erlbruch remue-ménage chez madame k., aussi insouciant qu'amoureux, ou à l'oncle tobie de tristram shandy, se refusant d'écraser une mouche sous prétexte qu'il y a suffisamment de place pour coexister -
il arrêta de fumer voilà plus de dix ans et il me confiait récemment qu'il ne se passait pas un jour sans qu'il y pense : "souvent, me disait-il en rigolant, il m'arrive de rêver que je fume et lorsque je me réveille, il me faut à chaque fois trois à cinq secondes pour savoir si j'ai réellement fumé - cinq secondes d'angoisse car je peux tout perdre en une cigarette, mais quel bonheur, quel soulagement de me rendormir avec la certitude que la cigarette tant désirée, je ne l'avais pas allumée, et que ce frémissement douloureux de l'incertitude, suivi du repos et de l'apaisement pouvait se répéter encore bien des nuits, ad aeternam !"

dimanche 26 août 2012

dépassement de soi

on reproche souvent aux sportifs français - quoique les j.o. fussent plus qu'honorables - leur incapacité à mouiller le maillot (nous pensons évidemment à ces pauvres footballeurs analphabètes mais à qui on ne peut rien dire puisque ils ont réussi leur vie, eux)- en cette période de rentrée où l'optimisme n'est hélas pas de mise, retrouvons un peu d'allant car tout n'est pas perdu sur la scène internationale. j'en veux pour preuve l'incroyable performance de ce conducteur amateur, capable, avec courage, abnégation, sens du devoir et du sacrifice, sans compter un amour immodéré pour sa patrie, de rayer des tablettes les plus gros performeurs mondiaux (souvent originaires des pays de l'est, ce qui fait peser en outre une forte suspicion de dopage) pour monter sur la première marche du podium. il l'a fait, 9,75 grammes, à un quart de gramme de la barre mythique des 10 grammes ! 
la france peut applaudir, monsieur le conducteur anonyme, la france est fière de vous, nous chantons la marseillaise même si vous n'êtes plus en état de la chanter, monsieur le conducteur anonyme, et avec la main sur le coeur et sans mâcher de chewing-gum ! car vous nous avez rendu la fierté et l'espoir ; et bon nombre de nos concitoyens n'ont plus, grâce à vous, monsieur le conducteur anonyme, peur du plombier polonais -



mercredi 22 août 2012

dédié aux adeptes de la procrastination

attrapé dans la conscience de zeno d'italo svevo ; zeno, héritier particulièrement digne d'oblomov, réfléchit à son incapacité à arrêter de fumer. voilà ce que ça donne, avec l'ironie revigorante de monsieur svevo : 
"peut-être n'ai-je tant aimé les cigarettes que pour pouvoir rejeter sur elle la faute de mon incapacité. qui sait si, cessant de fumer, je serais devenu l'homme idéal et fort que j'espérais ? ce fut peut-être ce doute qui me cloua à mon vice : c'est une façon commode de vivre que de se croire grand d'une grandeur latente."

mardi 21 août 2012

ceci n'est qu'une parenthèse...

tautologie, commentaire à propos des commentaires :

je m'étais fixé comme cahier des charges de ne répondre à aucun commentaire ; j'avais sans doute cru, livrant mes premiers abats poisseux, à des milliers de lecteurs et autant de commentaires, j'eusse vite été noyé et que de blanches nuitées en perspective! - en fait non, je n'y ai jamais cru -

et d'ailleurs, n'eusse-je pas aimé être noyé ? car je suis bien vaniteux -

surtout me fallait-il accepter le texte [le post, car je suis d'une modernité absolue et que ça fait longtemps que je ne l'ai rappelé] tel qu'il était écrit : je me voyais bien le reprendre inlassablement, le texte imparfait, encore et encore, et de blog je n'aurais eu qu'un post toujours repris jusqu'à l'illisibilité [complexe dit de frenhofer] - 
sans compter un côté oiseux de ce genre de faux dialogue (selon moi)

je tiens cependant à remercier mes quelques lecteurs, fidèles ou non, plus encore les quelques commentateurs, fidèles ou non, avec une mention particulière pour ceux qui ne demeurent pas anonymes, même si certains n'ont toujours pas été formellement identifiés, quoique nonymes [joli ça] 

[ceci n'était qu'une parenthèse sans grand intérêt]

dimanche 19 août 2012

2666

une dernière avant de ranger le livre dans la pile de ceux à relire absolument ; ce conseil comme à moi adressé de nulle part : "est arrivé le jour où j'ai décidé de quitter la littérature. je l'ai quittée. ce n'est pas un traumatisme que l'on ressent en franchissant ce pas, mais plutôt une libération. entre nous, je vous avouerai que c'est comme cesser d'être vierge. un soulagement, quitter la littérature, c'est-à-dire cesser d'écrire et se limiter à lire !"


samedi 18 août 2012

2666

dans l'éblouissant ouvrage de roberto bolano, à côté de mille et une réflexions sur la littérature (qui constitue un appel fondamentalement dangereux), la vie, l'horreur, l'amour, on  trouve une remarque fort pertinente sur la relation ambiguë du lecteur contemporain avec l'oeuvre majeure, à laquelle il préfère souvent et substitue l'oeuvre mineure (bartleby plutôt que moby dick) :
p. 349 : "quel triste paradoxe, pensa amalfitano. même les pharmaciens cultivés ne se risquent plus aux grandes oeuvres, imparfaites, torrentielles, celles qui ouvrent des chemins dans l'inconnu. ils choisissent les exercices parfaits des grands maîtres. ou ce qui revient au même : ils veulent voir les grands maîtres dans des séances d'escrime d'entraînement, mais ne veulent rien savoir des vrais combats, où les grands maîtres luttent contre ça, ce ça qui nous terrifie tous, ce ça qui effraie et charge cornes baissées, et il y a du sang et des blessures mortelles et de la puanteur." 

lundi 13 août 2012

vies imaginaires

on peut lire, dans vies imaginaires de marcel schwob, à propos de l'auteur du satyricon :
"pétrone désapprit entièrement l'art d'écrire, sitôt qu'il vécut de la vie qu'il avait imaginée."
au fond peut-être le but ultime s'il en existât jamais un de la littérature : se fabriquer une vie vivable pour n'avoir plus jamais à écrire -

dimanche 12 août 2012

géographies

après les sinueux escarpements de l'ariège, nous subissons les monotonies planes et rectilignes de la forêt landaise - il ne me paraît guère possible que la géographie spirituelle ou mentale des habitants ne soit pas façonnée aussi par la géométrie physique des routes et des sentiers -

jeudi 26 juillet 2012

aspect autobiographique

il me semble que j'aurais été attiré, dans les années vingt, par le surréalisme, alors que, si son aspect théorique m'intéresse aujourd'hui, ses textes poétiques lassent, notamment dans la mesure où chaque poète en devenir tente sa propre expérience automatique, ses collages, ses associations, en se fourvoyant dans une originalité partagée par tout poète en devenir, on se persuade vite de l'originalité de son génie (je m'inclue d'aileurs dans cette voie sans issue)
ce qui passionne dans un texte comme nadja, c'est la possibilité infinie des associations, de la reconnaissance de signes, où la vie réelle et l'art sont intimement liés : je veux dire que ces champs magnétiques offrent une richesse à l'existence (peut-être plus qu'à la poésie de breton ou qu'à la peinture de magritte) ; je suis fasciné par la capacité de mon esprit, toujours aux lisières de la maladie, à créer de telles associations, à voir dans mon quotidien des signes qui font sens, qui se répondent, des objets qui ramènent à des textes, des moments à des images - 
oriane, plus pragmatique, a déjà commandé une camisole à ma taille ; il n'est pas évident d'être né avec un ou deux siècles de retard...

mercredi 25 juillet 2012

misogynie à part

elles ont beau se piquer de culture et d'art dans les cocktails, les femmes en majorité préfèrent le lucratif au créatif -

mardi 24 juillet 2012

lupanar

la lecture de l'âge d'homme de monsieur leiris me permet de trouver l'exergue de mon opus quand l'écrivain va aux putes, une anthropologie du littérateur au bordel (presses universitaires de schwindratzheim, 2013)
"actuellement, ce qui me frappe le plus dans la prostitution, c'est son caractère religieux : cérémonial du raccrochage ou de la réception, fixité du décor, déshabillage méthodique, offrande du présent, rite des ablutions, et le langage conventionnel des prostituées, paroles machinales, prononcées dans un but si consacré par l'habitude qu'on ne peut plus le qualifier de "calculé" et qui ont l'air de tomber dans l'éternité; cela m'émeut autant que les rites nuptiaux de certains folklores [...]"
je suis frappé par la capacité du littérateur à anoblir un acte qui passerait pour vil, je ne sais pas moi, dans le cas de frank ribéry ou dominique strauss-khan, parce qu'ils sont de vulgaires consommateurs quand leiris se fait ethnologue et l'acte trivial devient acte rituel -

lundi 23 juillet 2012

selon blaise

lorsque laurent isel dit : vertu apéritive d'une clef, attractive d'un croc ; cela manque de sens, on pouffe, on se gausse, on parle de branlette intellectualiste -
quand blaise pascal dit : vertu apéritive d'une clef, attractive d'un croc ; le monde s'éclaire et on ouvre de grands yeux -
l'oeuvre, la phrase sont dans l'impossibilité (tragique pour l'homo anonymus) de fonctionner de manière autonome

samedi 21 juillet 2012

ethnographie

le nord : contrée mystérieuse où la bière est plus forte que le vin...

champs magnétiques

dans le train corail qui nous menait vers maubeuge - destination pour le coup vraiment originale en ces temps touristiques - pour y aller visiter pierre-édouard et marie-gaétane blanc du fourreau dont les parents furent des proches du négus et avec lesquels nous évoquerions d'abyssins souvenirs, nous tombons, oriane et moi, sur un jeune officier nordiste qui parla de djibouti, du déclin du pays depuis l'abandon français de sa colonie et du problème (sic) du khat, petite plante âcre aux vertus multiples (dont celle étonnante de transformer le pénis en clitoris géant) - le khat permet d'endormir la population mâle du pays et de laisser les dirigeants écumer le pays en toute tranquillité ; je lui rétorque que tf1 ou facebook tient le même rôle dans le monde occidental, mais qu'au moins, le khat réunit physiquement des gens qui referont inlassablement un monde défait, alors que la télévision nous apprend à accepter un monde vaincu -
ta gueule, finit par me souffler oriane, avec tendresse -

vendredi 20 juillet 2012

lâcheté

me promenant avec ma petite famille sur les quais parisiens, les gens sur les rebords des ponts incitent le flâneur (des deux rives) - ô lumineuse invitation - à commettre un acte surréaliste (non par excellence, mais par défaut vu que le port d'arme est interdit en france): pousser au hasard quelqu'un dans la seine, apporter à son existence le piment de la surprise pour lui en redonner le goût -
mais rien - point de geste artistique, point de poussée sublime -  je me contente, tel le petit bourgeois que je suis devenu, de ravaler ma bave envieuse, de scruter d'un oeil lubrique la foule sise, inconsciente du danger encouru - 

jeudi 12 juillet 2012

minuscule plaisir

il y a des enfants qui méritent qu'on les batte - par exemple mon fils qui m'offre dans le rer un magazine gratuit avec en couverture l'ignoble marc lévy prêt, sourire suffisant et barbe de trois jours, à nous expliquer pourquoi il s'est lancé dans la grande aventure de l'écriture - défenseur des droits de l'enfant je suis au regret de vous dire que celle-là il ne l'a pas volée -
et puis ma revanche sourde et muette et presque manchote - le même magazine et la même face de raie chiffonnée dans une poubelle ; voilà à quoi dante l'eût destiné dans son purgatoire -

lundi 9 juillet 2012

samedi 7 juillet 2012

créativité

rien de plus méprisable, pour la plupart des hommes (et des femmes) qu'une créativité gratuite, une créativité qui n'enrichit pas : que de temps perdu en jeux, en rires, en futilités alors qu'il y avait tant à gagner...

mercredi 4 juillet 2012

après l'humus

mieux vaut mourir seul que mal entouré

post scriptum : si cela paraît plagié (mais tout est réécriture donc manière de plagiat) et si la phrase est un plagiat merci à mes sept fidèles lecteurs de me le signaler afin que j'abolisse ce post (as leo would say)

mardi 3 juillet 2012

muséographie

roland lésy, rêve général, 2011.

écriture

mon ami écrivain et penseur paco jimenez alfonso tuco schmitt (troisième du nom) me soufflait hier, entre deux borborygmes (il souffre d'un ulcère chronique et demeure un boulimique impénitent, bref, c'est un gros sac) :
un écrivain doit avoir le courage de ses questions, mais surtout de ses obsessions, dussent-elle le mettre au ban de la société ou pire, de la littérature -

dimanche 1 juillet 2012

après l'humus

petit week-end familial, dans la villa qu'un couple d'amis nous a gentiment prêtée, à piquer des têtes dans la piscine, à lire avec ferveur 2666 de monsieur bolano, à tenter vainement d'écrire - car bolano est le genre même d'écrivain qui à l'instant où il vous donne envie d'écrire vous paralyse immédiatement par la grandeur du propos, par ce sentiment d'aventure extrême et dangereuse que constitue l'écriture - à boire quelques verres de vins sémillants et frais pour donner une nouvelle excuse à ma paresse, à écouter les grillons, à écouter les musiques du vent dans chaque arbre... 
seul bémol : toutes ces mouches qui papillonnaient autour de mon cadavre qui essayait en vain de brunir au lieu de verdir...

dimanche 24 juin 2012

miettes

d'un élève soupçonné d'avoir piqué cent dihrams à un camarade :
- mais pour qui me prenez-vous ? vous croyez vraiment que j'ai besoin de voler cent dihrams ?
ceci pour nous rappeler le grand adage des hauts responsables du cercle (c majuscule) que "seuls les pauvres volent" (des sommes dérisoires rajoutent certains esprits cyniques du même cercle, mais en fin de soirée, pour séduire les courtisanes qui leur sucent les orteils)
à quoi il eût fallu rétorquer :
- si ton père m'avait dit cela à ton âge j'aurais pu le croire, tant le cercle d'il y a trente ans avait encore l'aristocratie et une espèce de vertu (eh oui, on en vient à trouver vertueux les patrons du cercle d'il y a un demi-siècle) à laisser les miettes à ceux qui voulaient bien se battre pur les ramasser ; mais à présent que le cercle se bat avec toute la véhémence nécessaire pour récupérer ce qui lui manque, ce à quoi il croit avoir droit aussi, à savoir les miettes, ce qui traditionnellement était digéré par les oiseaux et que tu me dis que tu n'en as pas besoin, tu es plus que jamais suspect - presque un coupable...

signes extérieurs de richesse

arrive toujours le moment où les gens qui ont beaucoup d'argent se sentent obligés d'insister sur le fait qu'ils le méritent, de par leur travail, leur effort, voire leur génie ; cette insistance même provoque la suspicion ;

dimanche 17 juin 2012

samedi 16 juin 2012

delirium tremens

mon ami geoffrey f, ex consul à oaxaca, parlait à son ami docteur arturo diaz vigil de son état permanent de delirium tremens qui lui posait certains soucis :
"il y a un an encore, je pouvais chasser les blattes ou autres cafards directement à la main, je les enfermais dans une petites boîtes en cartin et je les relâchais dans le voisinnage. à présent bien diminué, je suis obligé de lâcher de la bombe insecticide en grosse quantité car je n'ai plus la vélocité nécessaire pour les capturer - quelle nuit d'angoisse il s'en suit..., il m'est déjà arrivé au réveil de n'apercevoir aucun cadavres de ces insectes lucifuges."
"salud y pesetas, dit vigil - y tiempo para gastarias, répondit geoffrey en vidant son verre d'anis -

jeudi 14 juin 2012

deuxième chance

les gens que je côtoyons de par mon sot métier sont parfois hilarants - même quand ils froncent les sourcils au téléphone, signe indubitable de sérieux et de professionnalisme - lorsqu'ils nous parlent profession, boulot, taf, turbin, projet ou autre activité (pour nous rappeler aussi à l'indigence de la nôtre, d'activité) - car pour beaucoup le fric sort en bonne quantité par n'importe quel orifice (mais l'argent n'ayant pas d'odeur), sans trop que nous puissions savoir de quoi il retourne, à quel haut ouvrage ils s'adonnent -
ainsi ils en viennent parfois aux confidences sur leurs débuts, souvent malheureux (entendez malchanceux) en général parce que leurs projets étaient visionnaires, trop en avance sur leur temps, sur les mentalités du pays, sur marrakech quand les gens sont d'origine casaouie ; les imbéciles sont toujours ligués contre les visionnaires, c'est bien connu -
fort heureusement, après l'échec initial, tous ont pu rebondir sur une autre activité, a priori rentable, parce qu'ils sont comme ça, des battants, qu'ils ne laissent pas démonter par l'adversité ; comme me le disait un ami, si à notre niveau on foire une première affaire, on passe notre vie à la rembourser, personne pour nous donner une deuxième chance ; comme ils omettent de dire que derrière, des parents généreux parce qu'ils ont les moyens de l'être la leur offre ;
et de me souvenir des dernies mots de cent ans de solitude "car aux lignées condamnées à cent ans de solitude, ils n'est pas donné sur terre de seconde chance"

vendredi 8 juin 2012

démagogie

dans la pratique d'une pédagogie obscène, les artistes sont d'authentiques champions de la démagogie ; je revois le théâtreux parlant aux adolescents, se présentant comme le seul à même de les comprendre, de les révéler - deux heures de théâtre hebdomadaires et il les connaissait bien mieux que "ces pauvres serviteurs de l'institution, avec leurs oeillères et leurs principes obsolètes" - je revois la danseuse dire à la dizaine d'adolescentes remplies d'acnée autant que de caprices, d'exigences sévères envers les autres et d'indulgence envers elles-mêmes " vous êtes dans le plus bel âge", comme si un âge d'or existait - ou la chanteuse qui disait à ses petiotes "c'est qui les plus belles ? c'est nous ! c'est qui les princesses ? c'est nous !!!"
voilà l'art - le sport est plus modeste, il se contente d'un c'est qui le plus fort et c'est qui qui a la plus grosse - le show, le spectacle qui tente de ravaler la réllxion ou l'intelligence au rang de tare - avec un taux de réussite assez satisfaisant.
l'art et ses valeurs : se montrer, consommer du spectacle, belonging to the show - et surtout recadrer la critique, en commençant le plus tôt possible, en ressassant avec conviction liberté, jubilation, modernité, en appelant la folie à la rescousse comme si rimbaud ou artaud avaient voulu faire parti du show... - oh jeunesse dorée aussi exhibtionniste que pudibonde qui te crois libre et indépendante (dans tes vêtements oui, mais dans ton petit cervelet malingre ?) et fomentrice de la révolte de jasmin qui amènera la liberté générale, tu ne seras jamais qu'au service de la petite révolte institutionnelle et sous contrôle... 

mercredi 6 juin 2012

misogynie à part

il nous arrive parfois de croiser des femmes que l'on trouve belles, désirables (quand on n'est pas arrivé comme moi à l'absence de désir, à l'absence de crainte - abayamudrah - et à l'orgasme sec cher aux tantriques)
puis le hasard nous force à les recroiser accompagnées de leur mère et il nous faut nous reprendre, arrêter l'obscène travail du cerbère cérébral qui nous glisse à l'oreille la voici dans vingt-cinq ans, la voilà dans trente - veux-tu quand dans ses bras flasques se désagrègent tes vieux os ?
et nous nous fendons d'un doucereux "madame comment allez-vous ?" au lieu de prendre la fuite sans autre forme d'explication...

dimanche 3 juin 2012

fête des mères

contrairement à mon ami abdelselam qui pour fêter son épouse qui est aussi mère lui souffla à six heures du matin son haleine de la nuit et un rauque "viens je vais te faire ta fête", j'ai fait preuve d'une admirable délicatesse pour rendre hommage à oriane, épouse exemplaire certes, mais surtout mère parfaite -
ainsi, dès huit heures du matin, j'ai quitté le domicile conjugal afin qu'elle pût profiter sans interférence de ma part de nos deux délicats bambins, sources d'inépuisables plaisirs, sources de tous nos bonheurs, surtout le dimanche matin, comme elle put le constater toute la journée où elle fut célébrée en tant que mère par ses fils, qui peut mieux comprendre une mère et la fêter comme il se doit qu'un fils ?
permettre à son épouse de s'épanouir dans l'éducation et la complicité de ses enfants n'était-il pas le plus beau présent qu'on put faire ?

samedi 2 juin 2012

dévirilisation

alors que nous parlions avec passion (si... si...) du livre de jean-claude mourlevat l'enfant-océan, je relève le peu de vraisemblance qu'il y a, dans une famille, d'enfanter trois paires de jumeaux et un enfant seul, singulier dans tous les sens (ou presque car je suis trop paresseux pour vérifier) du terme.
une de mes élèves me sort le truc improbable - pour sacrifier au langage de l'époque - dans sa famille, il y a une fille aînée, puis deux paires de jumelles, ce qui fait cinq filles en cinq ans environ - mais lâchement, la maman refuse d'en faire une de plus ce qui anihilerait mes théories oiseuses sur le probable, l'improbable, le vraisemblable, le muable et l'incertain, séminaire en douze conférences que j'organise tout seul en bon mégalomane au sein de ma classe, passionnée, envoûtée, captive (si si) -
littérature mise à part, je trouve symptômatique d'une dévirilisation de la société marocaine que cette femme, qui donna cinq femelles et aucun mâle à son époux, qui trois faillit et cinq fois fauta (à moins que ce ne soit le contraire) - qui fut incapable d'assurer une dynastie en somme, continue à mener ses affaires tambour battant alors qu'il devrait, pour le mari, exister quelque moyen coercitif de l'empêcher d'agir - répudiation, lapidation, dislocation de l'utérus, ablation des ovaires offerts en sacrifice aux mânes de la fertilité, traversée du sahel à dos de dromadaire en bikini - 
eh bien non, l'époux dévirilisé par les moeurs androgynes modernes continue d'aimer sa femme, de lui accorder sa confiance dans la gestion d'affaires lucratives et a même accepté de ne pas avoir d'héritier mâle -
faforo (le bangala du père) - comme le répétait à satiété mon ami laurent de l., lecteur d'amadou kourouma -   

dimanche 27 mai 2012

lieu commun

medina de marrakech - place des épices - dans le souk à gaouris, la place pullule de gens en quête d'autrui, d'alter, de bijoux, d'authentique, de caméléons, de sandwichs beldi, d'un tapis âprement marchandé, d'un thé brûlant et authentique après la négociation âpre - tout le fake orientalisant à portée de nous -
oriane reconnaît une ancienne cliente de sa boutique, elle-même boutiquière du seul magasin européen (mais plein d'objets d'un orientalisme chic) quoique je ne me rappelle pas ce qu'elle vend. je note son regard hagard, égaré, si plein de l'ennui de l'incativité, si plein des toutes les béances de la vacance - le mot a de l'importance -
la dame malgré ses affaires finit par reconnaître oriane, qui lui confie qu'elle a abandonné le commerce et son étouffement spirituel pour l'enseignement artistique ; la dame, réjouie de l'échec d'un pair et soudain hautaine, lui réplique : "eh bien tu dois être tranquille à présent!" ; elle reprenait, dans son magasin vide et son intelligence désolée, la vieille antienne (réactualisée par la dernière campagne présidentielle) du fonctionnaire paresseux et improductif face à l'entrepreneur dynamique et générateur de richesses [la sienne en général] - 
oriane partit d'un rire incontrôlé et lui rétorqua : "c'est vrai que vous n'arrêtez pas, ma chère, je ne vais donc pas abuser de votre temps si précieux (malgré tout l'intérêt que je prends à votre conversation], le negotium, c'est l'idéal pour les gens comme vous !" - si l'épicière avait pu comprendre, j'aurais dit pan dans les gencives mais les limites de son intelligence désolée lui firent prendre la chose pour une sorte de reconnaissance de son âpre labeur ;
nous la quittâmes heureuse, ce qui n'est sans importance - préférant à sa moribonde compagnie profiter de notre printanier otium...

samedi 26 mai 2012

théologie

qui pour se livrer l'exégèse du mystère de l'incarnation de l'ongle de mon troisième orteil ?

mardi 22 mai 2012

esthétique de la décadence

mon nabot me raconte qu'une fille de neuf ans, soit de quatre son aînée, et qui doit au bas mot faire le double de sa taille, lui fait boire tous les mardis des sodas "en mettant la bouteille à un centimètre de [sa] bouche et en versant" le délicat breuvage - le nectar me dis-je en imaginant trimalcion dans la position allongée se faisant verser du vin tout en ingurgitant des mets trop gras mais jouissifs (jubilatoires) entouré de musiciens et de danseurs, de quelques gitons prompts à sublimer son désir, ou de gitones si le terme existait -
avec toute la pudeur dont je suis capable, je lui rétorque que c'est mignon de sa part (à la fille grande) de lui (à mon fils petit) verser un doux nectar dans la bouche. Le fils grand de moi (rationnel pour une fois, ou simplement observateur) : "rien à voir avec de la gentillesse, elle a peur qu'il lui mette des microbes sur le goulot."
J'ai dû les gifler tous deux (mes fils), l'un pour son manque de poésie, l'autre pour son manque d'hygiène buccale, qui m'empêchèrent tous deux (les manques) de flirter avec la jouissance, dans une nouvelle cena trimalcionis que je suis toujours prompt à imaginer...

lundi 21 mai 2012

esprit rugby

nous savons tous que les bobos aiment le rugby (et le golf) et haïssent le football, considéré comme trop beauf et trop populaire, mais dénigré (car on ne veut pas s'afficher comme contre le peuple) au nom de son mauvais esprit, de ses côtés malsain (fric, trucages, coups bas, etc.) -
participant ce week-end à des rencontres interscolaires de rugby, j'ai pu constater qu'il n'y a pas d'esprit foot, d'esprit rugby, mais plutôt un esprit du sportif (qu'on ne soit pas ambigu sur le terme) éloigné de ce que l'on nomme couramment esprit sportif (sans trop savoir si ça a jamais existé) et caractérisisé, au pire par du mépris, au mieux par une espèce d'insupportable condescendance (voilée par la rhétorique mensongère de "l'entraide, de la coopération, de la solidarité") du sportif accompli envers l'amateur inachevé : ceci de dix à cinquante-cinq ans -
on peut se réjouir du plaisir pris par deux cents gamins à jouer à la balle ovale, mais s'enorgueillir d'un quelconque esprit ou état d'esprit, c'est conforter nos ouailles dans l'affirma-tion erronée qu'il y a un possible bon esprit dans une tête médiocre et satisfaite d'elle-même -

jeudi 17 mai 2012

monsieur bricolage

il se passe parfois des choses incroyables dans la tête de l'artiste, du dilettante, du créateur de placard ou de tiroir ; ainsi, l'auteur de ses pénibles lignes se croit autorisé - mais par qui au juste ? - ainsi, à chaque fois que je change une ampoule, je me dis que tout de même, je suis fait pour le bricolage et que je devrais peut-être me lancer dans la rédaction d'un petit ouvrage à l'usage des bricoleurs amateurs qui me ressemblent ; plus grave, quand je bois un verre d'eau ou quand je mange un légume, je me prends à admirer ma formidable hygiène de vie et me dis que je pourrais peut-être améliorer la santé publique à travers deux ou trois conseils simples, préventifs à l'usage de la toxicomanie ambiante - on fait ce qu'on peut -
on a tort, suggérait clov dans fin de partie de monsieur beckett -

mercredi 16 mai 2012

deux balles de psychosociologie alsacienne

mon ami sb de k., journaliste et analyste, me parlait du petit village de croetwiller "fief de fieffés cons" pour reprendre ses termes :
"Le vent de gauche souffle depuis ce matin sur une France rose. Bon, par ici, il ne franchit pas les remparts de la couronne strasbourgeoise. A Bischheim, nous sommes clairement des révolutionnaires par rapport au reste de la région : Hollande en tête au premier et second tours. J'ai sorti le drapeau rouge ce matin... Mais dans le nord de l'Alsace, ça craint grave. La palme revient au merveilleux village de Croetwiller, dans le riant canton de Seltz, non loin de Siegen, où nous jouâmes au ballon quand nous étions post-adolescent: Sarkozy à 92,38%, Hollande à 7,61... Ils doivent se sentir bien seuls, les 7 gusses qui ont voté pour flamby... A moins qu'ils n'aient déjà été pendus par les 85 autres bons catholiques de droite."
ce à quoi je rétorque : "ce que vous semblez ne pouvoir daigner accorder (ronflant) à la psychée croetwilléroise (et nord alsacienne), c'est une vision lucide, une prémonition géniale, de l'ordre de celle de l'arrivée des chars soviétiques quand monsieur mitterrand fut élu en 1981 ; quand l'axe paris pyongyang sera rétabli (ce qui est presque une certitude en alsace du nord, qui les premiers verront défiler les troupes du grand successeur dans les rues de strasbourg ? un habitant inquiet de croetwiller que les bolchéviks de tout poils auront forcé à assister à la parade contre-nature - leur geste démocratique et électoral, à couleur marron au premier tour, n'est-il pas un acte de résistance authentique contre les dégâts du bolchévisme ?
quand vous boufferez tous les jours du riz et de la cervelle de chien, alors vous regretterez vos propos sur croetwiller ! vous réécrirez l'histoire (croetwiller berceau de la résistance") dans une cellule de goulag où le monde libre pourrira, la langue coupée -"


jeudi 10 mai 2012

école du désenchantement

achevé la lecture de gilles, de monsieur drieu la rochelle. que de temps dispersé depuis le jour où j'ai noté sur ma liste de livres ou d'écrivains à lire avant de mourir pierre dlr - histoire de ne pas avoir l'air suspect à l'inconnu qui innocemment tomberait sur ma liste -
finalement, je me suis rendu compte, le jour du premier tour où je lisais le roman en attendant de voter comme une mauvaise provocation, que l'indifférence de la francophonie marrakchia fut le plus bel hommage à mon coup d'épée dans l'eau ; un écrivain dangereux ou nauséabond ? personne ne sait qui il est ; son roman fait plus de six cents pages - à plus de deux cents-cinquante pages, on n'est plus subversif - tombé dans l'oubli, malgré le panthéon de papier bible de ses oeuvres dans la pléiade : qui lit encore la pléiade ? même moi j'ai dû me résigner à abandonner le papier bible et la reliure de peau, c'est écrit trop petit (signe extérieur de vieillissement)
deux passages attrapés dans ce grand livre de l'entre deux guerres, qui ne cessent de me tourmenter, de m'inquiéter ; de vomir mon image :
"l'adolescence de gilles avait été indifférente aux privations, occupée par les jouissances qui, mises à la portée de tous, ne sont goûtées que par quelques ombrageux : les livres, les jardins, les musées, les rues."
"Les femmes et les hommes sont faits pour rire, danser, s'abandonner aux jours. Il faut être infirme pour se refuser la facilité de vivre."
l'ombre et l'infirmité sont si proches de moi - le désenchantement mène-t-il forcément à l'abject ? au pire ?