samedi 29 septembre 2012

une histoire de peinture

dans le vif petit récit de sciascia todo modo, le narrateur, artiste reconnu et célèbre, s'amuse (en se souvenant d'une anecdote de picasso refusant de signer un dessin réalisé pour une de ses maîtresses, lui expliquant que le dessin ne valait rien, mais que sa signature, elle, valait un million) à imaginer une exposition de toiles blanches, vierges, avec sa simple signature dans un coin - toiles donc extrêmement onéreuses  ; l'exposition, intitulée finis la toi-même, part du principe que la signature est devenue plus importante que l'oeuvre elle-même - matière à réflexion, comme tout l'opus, conte drôlatique, qui aborde, acerbe, certaines contradictions de notre société (d'une modernité absolue et jubilatoire, en trois mots qui veulent tout dire) 

vendredi 28 septembre 2012

interview

aussi loin que ma mémoire de poisson rouge me ramène, j'ai toujours parlé tout seul, j'ai tenu conversation, d'abord à voix haute sur le chemin de l'école ; 
puis à basse voix et enfin à voix intérieure, quand j'ai eu sens des convenances dans l'égout de mon cerveau : on aurait tort de prendre pour un signe de débilité primaire ce qui n'est qu'un lâche refus de se confronter à la médiocrité des autres -
je me plaisais souvent à dialoguer avec un autre, fictif, connu ou inconnu - aussi bien avec d'impossibles amours qu'avec cyrus smith ou le capitaine nemo, ou aux deux ensemble intrigués dans la même histoire dont je devenais l'un des protagonistes - ô sombres héros de mon acné naissante ;
or, je constate avec dépit que cette manie ne me lâche pas : je me promène toujours imaginant le dialogue fictif que je pourrais avoir avec tel penseur ou tel journaliste (beaucoup moins d'ailleurs que la conversation légère avec telle actrice qui fait la une des magazines, mais il n'y a pas que l'âme qui se flétrit), regards croisés et passionnants (on se rassure comme on peut) sur un monde que nous aiderions à construire ou à comprendre de nos mots, parades splendides aux attaques perfides du détracteur, maîtrise parfaite de l'ars oratorio -
puis je me dis, pour me rassurer, qu'il vaut bien mieux que tout cela n'arrive pas - je ne pourrais m'empêcher de regretter, de ne pas assumer à cent pour cent les mots employés, non pas forcément à vouloir leur trouver un autre sens, mais dans le sens voulu me dire que d'autres mots eussent été plus adéquats , et de remettre sur l'écheveau fictif la même phrase, inlassablement - manière de procrastination jusque dans le dialogue fictif...

samedi 22 septembre 2012

peau dure

la liberté d'expression est un droit fondamental : charb a le soutien de toute l'intelligensia et des politiques (siné l'a eu moins)- au pire c'est con, c'est mal venu, mais c'est la loi (le retour aux romains, quand cela nous arrange, même si à la dura lex l'homo sapiens préfère la rolex et la durex) et un droit inaliénable-
en vertu du premier amendement, pamela geller peut afficher dans le métro new-yorkais son soutien à israel et sa haine de l'islam, assimilé au jihad - le dogme est sauf, encore faudrait-il savoir si, en vertu du même amendement, on pût soutenir la palestine contre la sauvage colonisation israélienne -
au final, le seul blasphémateur en france, ce n'est pas charlie hebdoc'est richard millet : lui seul a contrevenu à la sacro-sainte Loi (mon blog ne devait pas contenir de majuscule, étant minuscule); il remet en cause l'antiracisme, le multiculturalisme, l'horizontalité du monde - tout comme on avale le libéralisme comme "le meilleur choix" - on n'a jamais eu à expliquer en quoi tout cela était beau et bien, on a admis que tout cela était beau et bien - pourtant, dans bien des pays, le dialogue des cultures ou la rencontre avec l'autre - si il n'y a pas un intérêt économique - n'intéresse pas grand monde, on peut même dire qu'on se barbouille le pourtour anal, pour paraphraser céline [bâton pour me faire battre bien sûr.]
le dogme ne souffre pas d'être questionné ; monsieur millet a donc logiquement été excommunié - sans procès.
le dogme, religieux ou non, a la peau coriace - à part de pédophilie, de quoi peut-on être soupçonné de pire que de "fascisme" ?

vendredi 21 septembre 2012

diogène

on raconte que diogène de sinope se masturbait sur l'agora afin d'attirer à lui quelques auditeurs courageux prêts à l'écouter, sinon à l'entendre -
m'imagine-t-on, devant le mur des lamentations, sur l'esplanade de la koutoubia ou devant notre dame de paris, branlant quéquette pour semer à tout vent quelques bribes de bonne parole ?
[encore faudrait-il que j'eusse quelque chose de suffisamment important à dire à la foule pour donner une justification à mon acte, ce dont je doute fort hélas...]
et peut-être d'ailleurs faudrait-il songer à se taire, une bonne fois -
trève d'apparté ; à ce jeu je joue, dans deux lieux sur trois, mes testicules, au nom de la foi, pour blasphème (quoique je me sois toujours demandé si dieu ne se battait pas l'oeil des blasphèmes, là où il est, et s'il n'avait pas mieux à faire que de s'occuper de mon onanisme) - pourquoi pas, je sais ce que je risque, alors que je ne voulais qu'attirer la foule, sans idée de blasphémer...
devant notre-dame, je conserverai mes parties génitales (quoique je risque qu'on me les cassât fort), mais j'aurais droit à une amende, à un tirage d'oreille de la part de la vigilante maréchaussée, à un internement peut-être en psychiatrie, à une bonne dose de médicaments pour soigner ou au moins calmer ma déviance, aux analyses compétentes de quelques psychologues - peut-être finirai-je par supplier qu'on me coupât les parties - pourquoi cette provocation ? alors que nous sommes si gentils...
on ne me les coupera pas au nom de la foi, on me les cassera au nom d'un libéralisme tolérant et humain qui a du mal tout de même à accepter qu'on se branle de lui...
difficile dès lors d'affirmer qui est le plus civilisé - ou le plus perfide...

hommage à benjamin peret

dans un contexte tendu - par un film médiocre qui circule sur la toile, par des caricatures au nom de la liberté d'expression (mais qu'exprime-t-on au juste ?), on s'offusque de l'embrasement du monde musulman (as-tu vu s'embraser un milliard d'individus ?) et celui-ci n'a-t-il pas lui aussi le droit de s'exprimer ? on déplore l'huile jetée sur le feu à un moment peu opportun, le jeteur d'huile ne comprend pas l'hystérie, ni médiatique ni religieuse, (ce en quoi il nous vexe, nous prenant pour plus cons que nous sommes) - choc de civilisations pas si difficile à obtenir, dans la médiocrité -
peu de civilisés cependant pour réagir à la poignée d'intellectuels (excités et sincèrement choqués dans leurs opinions plurielles) qui a eu la peau d'éditeur de richard millet pour son petit pamphlet : ça s'est passé près de chez nous et on a trouvé normal que celui qui interroge son époque, dût-il alimenter ses réflexions de ses angoisses les plus noires, peut-être fantasmatiques, soit mis à mort par quelques penseurs à peine dominants - par la sereine bonne pensée unique teintée d'un  humanisme de plus en plus réduit à la caricature de son odieux petit moralisme timoré -
on peut donc continuer d'aboyer en paix...

post scriptum
quant à moi j'en appelle à jésus
un doigt dans le trou du cul
liberté d'expression - encore que là je ne mets pas le feu au poudre - si j'en appelais à breivik, doigt dans le trou du cul ou pas, la chasse à courre pourrait commencer

lundi 17 septembre 2012

miroir

"lorsque vous regardez un miroir, l'image qu'il vous renvoie est celle que vous aviez deux nanosecondes auparavant" - belle manière de contempler, hagard et résolu, un passé de soi à jamais révolu...

samedi 15 septembre 2012

mercredi 12 septembre 2012

non agir

mon ami jean de m. me disait, il y a terriblement d'années : il faut un certain courage, et beaucoup de discipline, pour renoncer à tout projet -

lundi 10 septembre 2012

le vent

à chaque fois que je pâme devant le spectacle incestueux du kite-surf et de l'océan, je ne peux m'empêcher, en mon tréfonds, d'espérer que ce soit le vent qui a raison du vélisurfeur -

vendredi 7 septembre 2012

le voyageur universel

la mode est au voyage version roots, le petit coin pittoresque, non plus pittoresque mais authentique, le vrai pays, hors des sentiers battus, à côtoyer des vrais gens (puisqu'il doit en exister des faux), on ira dormir chez vous ce soir -  qu'est-ce que tout ce vacarme me fatigue ! même nos vacances doivent être régentées, notre ultime espace de libre arbitre (fût-il celui d'un beau-frère) est à présent envahi !!!
alors ils m'ont fait du bien, ces deux amis dans l'avion qui nous menait à marrakech et qui parlèrent, deux heures durant, des spots indispensables de la ville ocre, de leurs vacances à saint-domingue, à maurice ou à pattaya, qui ressemblaient tant à celles qu'ils allaient passer sous les palmiers : de l'alcool, des putes, un buffet à volonté, encore quelques putes, et puis un dernier cocktail : une autre manière de découvrir autrui et de faire dialoguer les cultures...
qui plus est, ces gens peuvent voyager dans à peu près n'importe quelle partie du monde et rentrer satisfaits de leur séjour ; nous ne pouvons pas tous en dire autant, nous les vrais voyageurs ! 
(car il est clair que les autres sont tout au plus des touristes)
 

mercredi 5 septembre 2012

l'humanité

au final ou au terminus, et où que nous soyons, les hommes restent des hommes, et plus encore les femmes des femmes [le lecteur admirera d'ors et déjà la troublante profondeur du propos, ou quasi-aphorisme] - deux exemples illustreront ma thèse :
la cinquantenaire alsacienne qui pestait à la caisse du supermarché parce que ça n'avançait pas assez vite mais que je vis ragoter devant la porte automatique une demie-heure après avec une autre cinquantenaire qui fronçait le sourcil devant la gravité du propos ne ressemblait-elle pas à la mère marrakchie si impatiente de déposer sa progéniture en se garant devant le portail de l'école mais qui, quelques quarts d'heure plus tard, encore y bavardera en fronçant le sourcil devant le sérieux du propos ?