mardi 30 octobre 2012

l'homme qui parle / l'homme qui marche

bénies soient les nouvelles technologies - elles nous offrent un espace de liberté formidable, à nous, les tarés.
J'ai toujours eu un double goût fort prononcé et pour la marche à pied aléatoire (plutôt urbaine d'ailleurs) et pour le monologue intérieur, qui dérapait parfois dans le monologue à haute voix - et je vous assure qu'on a vite fait de vous cataloguer lorsque vous parlez tout seul en marchant tête baissée //
l'homme qui marche sans autre destination que le hasard et l'homme qui dialogue dans la solitude est un aliéné ./ (point barre, moderne non ?)
les nouvelles technologies sont en passe de me sauver - quelle n'a pas été ma surprise, il y a quelques années, de surprendre des gens de plus en plus nombreux qui parlaient, me semblait-il, tout seul, d'une voix forte qui plus est : une observation plus attentive du phénomène me permit de comprendre (au bout de nombreuses semaines d'une investigation des plus pointues) que tous ces êtres ne parlaient pas seuls : ils utilisaient des kits mains libres qui leur permettaient de communiquer à distance avec autrui tout en gardant les mains dans les poches -
une oreillette reliée à rien dans une oreille et la société m'autorise à parler à haute voix, tout en marchant au hasard des rues, de mon rut, de mes envies de meurtre, et je puis, il était temps, finir de me raconter toutes les histoires que je me racontais dans mon enfance et, des années plus tard, dans mon adolescence qui si longtemps s'attarda...

fierté

hier, journée mondiale des accidents vasculaires cérébraux, que j'ai traversée avec brio, audace, détermination - pas d'avc au bout - un sans-faute...

dimanche 28 octobre 2012

mouvement

mon ami thomas von t. ironisait : "les gens confondent progrès et mouvement ; j'entendais un type me dire avec le plus grand sérieux (celui qui serre le coeur) : le but de notre mouvement est l'action, le but de notre action est le mouvement - voilà où nous en sommes, mon vieux, une simple mécanique de mouvement perpétuel et tout le monde s'ébahit."

samedi 27 octobre 2012

mercredi 24 octobre 2012

las vegas parano (version bof)



dans le film de terry gilliam, et le livre de hunter s. thompson, en entrant dans une espèce de foire foireuse, on peut entendre le journaliste dire : "bazooka circus est l'endroit que fréquenterait l'élite tous les samedis soirs, si les nazis avaient gagné la guerre."
les nazis ont perdu la guerre, l'élite fréquente les malls le samedi et le dimanche : god bless america //

dimanche 21 octobre 2012

message divin

aujourd'hui, aux alentours de 14 h, dieu choisit de s'adresser à moi :
"vil mécréant, viens dans mon église, la seule de marrakech, tu ne peux pas te gourer - chien de mécréant, fils spirituel de la hyène, viens dans mon église, viens rire si tu veux, viens avec tes enfants pleins d'indiscipline spirituelle (rituelle, me permis-je de lui répondre, d'indiscipline rituelle) - raboule, avec hassan si tu veux, viens moquer les chants, les orgues et les pompes ; car vois-tu, fils du putois et de la scolopendre (tout de même, monsieur dieu, je ne vous permets pas, mes parents n'y sont pour rien), je ne la supporte plus, la communauté des chemises bleues ou et des chemises vichy, rentrées dans le pantalon de toile bleu marine ou beige clair, communauté si pleine d'elle-même, si pleine de son amour de son prochain quand il est lui-même, et qui se croit si pleine de moi qu'elle s'accorde le droit de juger mon oeuvre dans son détail parfois malencontreux - ô, hyène puante, je la dégueule par tous les pores, et si j'étais un dieu paien, je la frapperais volontiers de la foudre, nom de moi-même."
il était au bord du blasphème, mais je l'entendis encore me souffler, las :
"qu'on amène donc quelques loups pour que je puisse à nouveau supporter mon troupeau de brebis égarées (et pas seulement dans le port de la chemise bleue rentrée dans le pantalon...)"

dimanche 14 octobre 2012

collection

si j'eus un jour un rêve véritable dans mon existence (une fois passés mes rêves de gloire, ceux d'une association artistique collective appelée interstellar overdrive où des artistes de tous poils viendraient coaguler leurs talents), ce fut celui de constituer et d'ouvrir une bibliothèque (médiathèque)dans une demeure campagnarde et surranée, où tout le monde pût se servir, lire des livres, écouter de la musique, boire un bon verre de schnaps de merisier, contempler quelques oeuvres d'art, trouver le réconfort d'une présence féminine, - fumer ou boire une liqueur, ou un thé raffiné en feuilletant un livre, ou en se promenant dans un jardin aux fleurs et aux essences rares -
à présent, la médiathèque tient dans la mémoire de quelques clés usb et disques amovibles - la bibliothèque tient dans un cartable - le projet est enterré, les parfums, sauf ceux qui émanent des cadavres, se résument aux empreintes olfactives des grands hôtels ou à des batonnets d'encens.
il y a, dans le grand livre tous les noms de josé saramago, où nous suivons un fonctionnaire modèle s'écarter de l'étouffant règlement du quotidien pour suffoquer délicieusement de l'air vivifiant de ce qu'on pourrait appeler la vie, quelques lignes fascinantes sur la vanité de la collection :
"on rencontre partout des gens comme monsieur josé, ils occupent leur temps, ou celui qu'ils croient que la vie leur laisse, à collectionner des timbres, des monnaies, des médailles, des potiches, des cartes postales, des boîtes d'allumettes, des livres, des montres, des chandails de sport, des autographes, des pierres, des personnages en terre cuite, des cannettes vides de boissons rafraîchissantes, des petits anges, des cactus, des programmes d'opéra, des briquets, des stylos, des hiboux, des boîtes à musique, des bouteilles, des bonsaïs, des tableaux, des gobelets, des obélisques en cristal, des canards en porcelaine, des jouets anciens, des masques de carnaval, poussés probablement par quelque chose que nous pourrions appeler angoisse métaphysique, peut-être parce qu'ils n'acceptent pas l'idée que le chaos soit le seul arbitre de l'univers, et donc avec leur faible force et sans l'aide divine ils tentent d'introduire un peu d'ordre dans le monde, ils y réussissent pendant un certain temps, mais seulement aussi longtemps  qu'ils parviennent à défendre leur collection car quand vient le jour de la disperser et ce jour arrive inéluctablement, à cause de la mort ou de la lassitude du collectionneur, tout retourne au chaos originel, tout replonge dans le désordre."
la collection, tout comme le désir de classer (mais on classe des collections, non ?) participe de notre quotidienne et vaine tentative de donner un semblant de sens, un peu d'ordre au point d'interrogation tremblant et fuyant de l'existence //*
dois-je alors inciter mes fils à se lancer dans telle ou telle collection, et ainsi à se laisser bercer d'illusions ?

* cela faisait longtemps, le double slash de la modernité absolue...

vendredi 12 octobre 2012

nuisance

je l'admets, j'ai pris hier une leçon - une pure leçon.
après avoir vibré (car moâ, je vibre quand j'entends de la musique, car moâ, je n'écoute pas, j'entends la musique) sur les airs du violon virtuose et enthousiaste de monsieur apap, j'appréhendais la fin du concert : le soporifique et pompier boléro de ravel - qu'allait-on pouvoir, cela n'allait-il donc jamais finir ?
je sussurais à oriane que je pourrais, pour boycotter l'insupportable morceau, le siffloter en même temps qu'il serait joué, participant ainsi, quoique oralement, à la vaste entreprise de l'encyclopédie des nuisances -
mais comme souvent, trop respectueux du public (ce qui m'évite de me traîter de lâche), je décidai de m'abstenir -
c'est mon voisin qui alors se mit à siffloter, et n'importe quoi en plus, et point dans le rythme, un véritable génie, mon voisin, enthousiaste mon voisin, une sorte de deuxième ou troisième voix ivre, défaillante, nuisible -
et moi de rester admiratif devant tant d'audace, jouissant de la monotonie enfin réduite en bouillie de ce morceau trop écouté (et point assez entendu...)

mercredi 10 octobre 2012

paradoxe

un lieu commun bien établi aussi bien par les machos que par les féministes raconte l'homme en sorte de brute insensible, dominé tantôt par ses pulsions testiculaires, tantôt par de froids calculs ; il [le lieu commun] narre la femme fragile, douce, sensible, délicate (même quand elle est forte); complexe, tellement complexe.
[on ne rit pas, c'est le lieu commun qui parle]
pourquoi tant de femmes attendent-elles, pour devenir l'être délicat, poétique, éthéré, floral, presque neurasthénique à force de sensibilité, si fragile (comme l'a si bien décrit cookie dingler), la satisfaction première de leurs exigences matérielles ?

samedi 6 octobre 2012

tombeau pour des esseintes

il y n'a, chez l'aristocrate naturel (que je suis), aucune nécessité ni à montrer une quelconque supériorité en public, ni à afficher un mépris ostentatoire pour les classes dites basses - il y a au plus le goût de briller face aux gens qu'on estime de son rang, et encore, le jeu finit par lasser, comme tout d'ailleurs... ou alors de remettre à sa place le roturier -
le besoin d'afficher sa supériorité par une gueule promptement ouverte, par d'ostensibles signes de richesse (dont le plus grotesque est la porsche cayenne), par cette décision et cette assurance (ostentatoires !) qui si bien seyent aux sots, trahit un manque de confiance en, un manque de conscience d'une supériorité qui n'est que de porte-feuille et de façade ; l'aristocrate peut accepter la ruine, qualité dont le roturier se verra privé de toute éternité...

pour arielle d.

nadine, maman de la petite rosalie et épouse d'herwann (qui est à son travail ce que daniel prévost est à son village dans uranus), déclare à propos de sa fille, quelque peu gracile et pautade pourtant : "arielle dombasle m'a dit qu'elle était très gracieuse."
que répondre à cela ?
- et tu l'as crue ? (mauvaise réponse)
- en même temps elle croit que son mari est philosophe... (mauvaise réponse)
- elle a dû vouloir dire grassouillette, elle manque tellement de vocabulaire, la pauvre ! (mauvaise réponse)
- ah la garce - se moquer comme ça... (mauvaise réponse)
je sais gré à oriane de ne pas avoir donné dans la réponse tant attendue, c'est-à-dire bouche en cul de poule, grands yeux de godiche et et rose pâmoison : tu connais ariellllllllllllllllle dombasle ?!?

jeudi 4 octobre 2012

langues

la grande mode est à l'enseignement des langues : dans ce grand monde mondial, mieux vaut être polyglotte, nous dit-on, quelle chance de posséder le même monostique dans plusieurs langues, nous dit-on, et nous d'acquiescer et de tendre l'arrière train, béat de comprendre si facilement tant de choses, surpris de notre propre intelligence, en détendant le rectum -
la mode durable des langues vivantes enterrera (a enterré ?), à court terme, les langues mortes et la vieille littérature, qui refuse (la littérature) ou devrait refuser, ou au moins réfuter, non pas le principe d'horizontalité des savoirs, mais son omnipotence. les vieilleries mortes, quel bonheur une génération de polyglottes monocéphales qui ne mettra aucune jolie valeur en danger, qui acceptera toutes les sodomies de l'existence sans broncher - une voix, une voie, mais déclinée par de savants polyglottes en plusieurs idiomes : on ne risque pas de s'ennuyer...
ou si peut-être...

lundi 1 octobre 2012

inside job

à un moment dans le documentaire, raghuram rajan, un économiste du fmi, au symposium de jackson hole, fait une intervention devant le gratin de la banque internationale sur has financial development made the world riskier ? - ce à quoi il répond oui, sans un murmure d'hésitation - mais qui écoute cassandre ?
l'américain larry summers, qui avait tout intérêt à ce que tous pensent que non et qu'au contraire cela insufflait un nouveau dynamisme libéral à l'économie mondiale, le contre en le traitant simplement de rétrograde : il n'avait pas besoin d'en rajouter, car se faire traiter de rétrograde ou de réactionnaire clot toute discussion, toute analyse, tout débat : on ne saurait transiger avec un réactionnaire ; cela permet à la pensée dominante d'écarter d'un geste hautain toute interrogation sur elle-même... combien de temps encore ?