jeudi 29 décembre 2011

voeux (anticipation)

(comme je ne suis pas sûr d'être très connecté le 31 aux vêpres)
à tous ceux qui comme moi ont du mal à faire de belles phrases devant monsieur l'ambassadeur, son secrétaire ou même devant monsieur durand qui lui cire les pompes, ceux qui se sentent ridicules devant l'insolent bagout de n'importe quel garçon de café, à tous ceux qui se trouvent stupides devant les bons mots (souvent tout faits) des gens d'esprit et autres représentants de commerce qu'on associe à l'élite (et dont l'intelligence nous ferait presque regretter l'esprit enjoué de monseigneur lefebvre ou d'une analyse culturelle de paris-match), pensez, si vous pouvez devant l'avalanche de sottises dégoisées par tous ces fats qui vous assourdiront toute l'année au point de souhaiter le devenir complètement, sourd, songez, en face des dents blanches et carnassières de ceux qui se sucrent sur votre dos que la facilité d'élocution, chez beaucoup d'hommes et chez la plupart des femmes, est due à leur pauvreté de langage, car quiconque est maître de la langue et a l'esprit plein d'idées, hésitera dans le choix des mots - (swift)

dimanche 25 décembre 2011

anthologiste

il y a un parfum étrange, et qui peut savoir ?, malsain, à errer dans ma chambre, dans ma bibliothèque, dans la maison familiale, à retrouver mes chers livres, à les classer, à rechercher un titre, à entrouvrir certains, à découvrir quelque note oubliée à l'intérieur d'autres, à se dire qu'il faut lire (ou relire) tel auteur - 
il y a dans cette errance une idée étrange, qui sait malsaine ? pour mes enfants, que l'endroit devienne la bibliothèque paternelle, qu'il me faut l'agencer pour qu'elle le devienne - et mes enfants des giacomo leopardi - d'où ils pourraient écrire leur zibaldone...
dans la rêverie d'une bibliothèque où se rassasier, il y a aussi l'aveu étrange - et malsain - que tout en moi se refuse à la création originale, et qu'au mieux je saurai constituer une anthologie à l'usage de quelques intimes... 

samedi 24 décembre 2011

vieillerie

soultz-sous-forêts : lorsque j'ai du courage en suffisance pour m'aventurer dans les rues du centre bourg, ou plus téméraire encore dans un commerce, je suis toujours surpris par l'âge avancé des gens du cru, quand le maroc foisonne de jeunesse fleurie (jeunesse à laquelle peut d'ailleurs convenir la phrase citée) - je pense alors aux mots si cruels de virginia woolf, dans la chambre de jacob (la pochothèque, p. 110) : "ce ne sont pas les catastrophes, les meurtres, la mort, les maladies, qui nous vieillissent et qui nous tuent ; c'est l'expression des gens, leur façon de rire ou de monter dans le bus."

vendredi 23 décembre 2011

nécrologie - prolepse

comme me le suggérait monsieur charles bernardin de p. - avec qui je partage la même absence d'hygiène de vie, excès en tout genre, insomnies, pratique anorexique du sport, lectures variées et parfois boulimiques et jamais aucune maladie sérieuse pour se reposer une ou deux journées ! - "quand on tombera malades, on tombera morts - la mort ne perd pas de temps à marcher vers nous, elle nous attend sereine et nous gratifiera d'un joli tacle par derrière(car il use aussi de métaphores sportives), quand nous croirons courir le plus vite qu'on peut" - 
je prends donc sur moi, en ces périodes de réjouissances, de m'y toujours attendre....

lundi 19 décembre 2011

rueil malmaison

dans le corps enceint de la médiathèque de la maison du mal, j'entraperçus le battement de coeur d'un café subtilement nommé libris café - comme si les latins utilisaient des accents - mais je remarquai la suffisance orgueilleuse des consommateurs de l'avant-garde socio-culturelle et livresque de la médiathèque de la maison du mal, et je rebaptisai encore plus subtilement le lieu l'hybris café - comme si les grecs utilisaient les accents //

dimanche 18 décembre 2011

une question d'équilibre

je livre à votre intelligence émue un nouvel aphorisme d'une rare profondeur...
les riches européens ne jurent que par les ancestrales médecines chinoises quand les chinois pauvres ne rêvent que des derniers (ou pénultièmes ou même périmés, ça leur conviendrait bien) antibiotiques européens -



vendredi 16 décembre 2011

un érotomane

la littérature nous offre de croustillants moments, qu'il faut savoir cueillir avant qu'ils ne déclosent - je passai ce soir trente minutes dans mon bain, dans l'exquise intimité de virginia woolf, et contrairement à ce que la médisance pourrait lasiser croire, l'eau ne s'est quasiment pas refroidie.

mercredi 14 décembre 2011

victor hugo

l'autre soir, à la chandelle, devant l'âtre - un bon vieux poêle à gaz - nous relisions avec oriane des poèmes de monsieur hugo. nous nous délections de la touchante simplicité du texte, de la faucille d'or dans le champ des étoiles, d'une certaine naïveté parfois, du pot de confiture de jeannette, du bouquet de houx vert, loin de l'esthétisme baudelairien, du noir flamboiement et du crénom final - le passage naturel d'une scène de la vie quotidienne à une vision universelle du monde.
je me fends d'un profond il écrivait quand même pas mal cet enfoiré... et de me souvenir du texte de michon sur rimbaud, qui fut finalement un des seuls poètes du xixème (avec lautréamont)qui fut capable de s'affranchir du père, de ce commandeur qui pesa sur tout son siècle, qui vivait comme deux et écrivait comme dix (ou cent ?) - les français croient pouvoir s'affranchir de lui, mais où qu'on aille, si on parle de livres, il est là, à rôder autour et à poser son regard de grand-père bienveillant sur notre modernité absolue.

samedi 10 décembre 2011

central

"au coeur de guéliz, le carré eden vous accueillera dans un paradis de boutiques, de couleurs, de senteurs... et les cartes de crédit seront acceptées" en gros un nouveau centre commercial dans la ville ocre, qui modernise sa culture et son divertissement, sa culture du divertissement - tout le long de la palissade métallique qui protège le bâtiment du regard des curieux, on voit fleurir des portraits en pied de gens d'importance, artiste, styliste, dj, galeriste und so weiter, qui agrémente tous leur sourire béat d'un lieu commun purulent sur guéliz, l'ancien marché central, le goût de marrakech, le parfum authentique et inoubliable, insupportable litanie qui en dit long sur le purin qui sert d'engrais à l'opulence de la cité - et puis on tombe sur la photo de mohamed, gardien de parking, et lui, il ne dit rien, il n'a pas voix au chapitre, vu que c'est un gardien de parking, on ne lui demande pas de parler mais de surveiller des voitures - et puis il doit savoir à peine lire... donc il ouvre les yeux et il ferme sa gueule - ou alors on peut songer qu'il a décidé, dans toute la lucidité de son libre-arbitre, de ne pas ajouter sa perle dans le collier d'idioties qui serpente sur l'avenue mohamed v...

mercredi 7 décembre 2011

noyade

les raisons - les mauvaises raisons - ne manquent pas de se noyer dans des verres ; mais celles qui nous incitent à nous sauver de la noyade sont encore pires...

mardi 6 décembre 2011

pensée chienne

petit plaisir dominical - mesquin j'en conviens - de voir deux taxis accidentés au milieu d'un carrefour désert le dimanche, pour s'être sentis, comme de coutume, seul sur la route - et les chauffeurs irresponsables de se secouer avec toute la verdeur de la culture orale pour déterminer les responsabilités ! ne manquait qu'une mobylette pour que la jubilation fût complète //

dimanche 4 décembre 2011

comme des porcs

il est des moments marrakchis - mais strasbourgeois aussi, parisiens aussi, la géographie et la culture locale n'ont pas grand chose à voir là dedans - où à observer les gens, leur arrogance vaine, leur suffisance grasse, leur absence de classe, de courtoisie, de politesse, leur vulgarité triomphante, le brillant superflu de leur passage sur terre, nous vient à la bouche (comme arrive un crachat) le titre de l'essai de gilles châtelet qu'aucun d'entre ces morts n'a lu, vivre et penser comme des porcs...

vendredi 2 décembre 2011

nécrologie

les amis du livre de marrakech (?) ont la douleur de vous faire part de la fermeture de la librairie alsace (la bien nommée) qui observait victor hugo (ici les gens croient que c'est juste le nom d'un lycée) de son oeil sournois et suspicieux - la fermeture d'une librairie, en afrique, c'est un peu un vieillard qui brûle -
il faut noter que cette librairie avait la particularité de ne vendre aucun livre - des dvd piratés, de la papeterie, tout ce dont un élève a besoin, des recharges pour le téléphone portable, mais pas un seul livre - une librairie unique ; un vieillard excentrique en feu ...