vendredi 31 décembre 2010

voeux

qui a dit :
"le temps presse, agissons vite / le temps passe, cessons l'agitation" ?
bonne année à tous les membres de ce blog, à tous ceux qui rêvent d'en devenir des V.I.P. - et aux quelques autres qui finissent de composer l'humanité // [pour finir 2010 sur une note de modernité absolue]

lundi 27 décembre 2010

choc de générations

mon beau-frère, le baron erwin von koenig, m'offrit il y a peu - merveilleusement conseillé par sa délicieuse épouse - une paire de ray-ban [ce qui à l'approche imminente de la quarantaine vaut bien une rolex, n'en déplaise à monsieur séguéla]
comme je déambulais parmi mes ouailles - coq fier parmi ces petits poussins grotesques - plusieurs insolents me signalèrent que je ressemblais à mickael jackson, avec mes lunettes //
avec le sens de la formule qui me caractérise, je leur lance avec bonne humeur et légèreté un figurez-vous qu'il y a quinze ans, moi aussi j'étais noir - ils me dévisagèrent tous d'un air stupide - nés au XXIème siècle, ils ne savaient pas...

vendredi 24 décembre 2010

méthode déductive

dieux que mes enfants ont de la chance de m'avoir comme père - ils sont en effet initiés tout jeunes aux méthodes de sherlock holmes - aux déductions implacables dignes aussi d'edgar poe // [marque d'absolue modernité]

l'été dernier, naom se faisait mordre une fesse par une coccinelle (particulièrement agressive - d'origine asiatique m'expliquèrent mes voisins) -

conclusion numéro un [de naom] : je ressemble à un puceron et la coccinelle a tenté de me croquer -

conclusion numéro deux [d'aliocha] : naom ressemble à une rose - un puceron est venu sucer sa sève, la coccinelle, vorace, en terrassant sa proie, mordit l'éminence charnue, tendre et rebondie du fessier couleur de rose -

ils ne nous restaient donc qu'à torturer la coccinelle pour qu'elle nous avoue ses vils mobiles -

jeudi 23 décembre 2010

une question de champ

il y a deux choses que les gens confondent souvent, le champ esthétique de nos goûts et le champ historique de notre intérêt - disons de chercheur potentiel que nous eussions pu être -
on réduit souvent nos goûts à notre champ historique, quand celui-ci au contraire permet d'élargir considérablement nos lectures (entre autres) et donc notre champ esthétique -
la réduction à un champ esthétique absorbe - dans bien des cas - comme un trou noir //
ne trouvez-vous pas le double slash d'une "modernité absolue" ?

vendredi 17 décembre 2010

caligula

il y a dans le caligula de suétone, un passage (XXXI) dans lequel l'empereur se plaint qu'aucune grande calamité ne soit attaché à son règne - qui finira par être oublié. Il va donc devoir provoquer la catastrophe, devenir pour ainsi la catastrophe qui abolira l'oubli -
peut-être sommes-nous - chacun à notre niveau - tentés de marquer d'une inoubliable calamité le sceau de notre existence.

mardi 14 décembre 2010

de michon à anelka

les marchands de journaux qui sont aussi les vendeurs de timbres fiscaux devaient être de mauvaise humeur aujourd'hui - ce qui me valut une bien étrange pensée pour le troisième à qui je demandais plein de politesse [ici, être poli revient un peu à se faire prendre pour une pédale, ce qui n'est pas fort bien vu] s'il avait un timbre fiscal de 100 dirhams et qui grogna sans aménité un agréable t'as qu'à voir ailleurs - étranges mots qui s'arrêtent à la lisière de mes lèvres va te faire enculer sale fils de pute -
d'abyssinie au maroc - on commence par parler comme pierre michon ou jean echenoz et on finit par grommeler comme anelka - pitoyable trajectoire -

dimanche 12 décembre 2010

anachronie

un grand merci à monsieur enthoven (quatre consonnes et trois voyelles) et à philosophie magazine d'avoir fourni l'alibi intellectuel nécessaire au cuistre que je reste pour replonger dans les aventures de tintin (j'en emprunte à mes jeunes élèves pour les encourager, n'en déplaise à leur parents, à lire aussi des bandes-dessinées sans se cacher - de moi en tout cas) - je retiens de cette lecture d'adulte (?), outre le plaisir de ressentir à nouveau des émotions qui dataient de mon enfance (c'est d'ailleurs à mon ami sébastien keller, co auteur de l'autobiographie de sébastien loeb, que je dois ma première plongée dans tintin, à qui je préférais astérix ou les tuniques bleues) et celui d'ouvrir les yeux - non sans jubilation (il faut être de son époque, que diable !) - sur certaines planches et de me demander pour quelle raison je me rappelais d'autres avec autant de précision, l'acuité de la vision d'hergé sur la politique de ses temps et sa capacité à nous troubler nos jeunes esprits - avec une ligne si claire - aux mystères de l'existence
j'en arrête avec les poncifs et je finis la série chez les picaros (cette bande pochards), bande d'ectoplasmes -

vendredi 10 décembre 2010

comme les cochons

on constate que le seul geste écologique des bobos - qui pourraient arrêter de respirer - consiste à consommer bio -
ce n'est pas une surprise, il ne s'agit pas d'un choix de vie révolutionnaire, mais au contraire du seul geste écologique qui ne soit pas un effort, puisqu'il suffit d'en avoir les moyens -
mais la nourriture bio ne les empêchera pas de vieillir comme des cochons -

mardi 7 décembre 2010

nécrologie

un des grands ratés de bertrand cantat, dans le mythique (toujours efficace de placer cet adjectif un peu n'importe où n'importe quand, dès qu'il s'agit de poésie, de peinture ou de musique, il donne une certaine ampleur à qui en use, à qui l'use - ou alors mystique, ça le fait aussi) comme elle vient :
"qui savent encore changer leurs nerfs ou un bouquet délicieux"
au lieu de
"qui savent encore changer leurs nerfs en un bouquet délicieux"
qui sait ? peut-être son guitariste sergio eût-il accepté de continuer encore un bout de chemin avec lui -
à quoi tient la mort d'un groupe...

dimanche 5 décembre 2010

le crépuscule de ludwig

j'apprends par l'intermédiaire de jacques gaillard - mon prof de littérature latine à la fac - et de son livre Amours tordues que beethoven était mort d'une cirrhose du foie due à une surconsommation d'eau de vie de prune, que le génie alsacien condense en un seul mot sublime - schnaps -
je pensais pourtant que la surdité au monde environnant était la meilleure des défenses contre l'alcoolisme -

vendredi 3 décembre 2010

adieu ma concubine

il me semble que depuis quelques mois, la littérature a cessé de me tenir la main - alors que faire ?

jeudi 2 décembre 2010

conservateur

je décide en ce jour de prendre la défense de moi (comme dirait mon fils) -
comme cela arrive souvent, la mention de proust ou de balzac dans une discussion ayant trait à la littérature vous range directement dans le clan des conservateurs, c'est-à-dire de celui qui lit des classiques et à qui on jetterait volontiers une ou deux caillasses pointues pour lui apprendre à mieurx lire et penser -
- je ne mange pas de ce pain-là, m'a dit un jour une inconditionnelle de pennac - sans méchanceté d'ailleurs.
si je me permets de m'offusquer, de rosir de courroux, c'est bien parce que le lecteur de classiques est capable de lire aussi (quoique ponctuellement) Terry Pratchett, Asimov, Léo Malet, Ken Follet et quelques autres, plus ou moins mainstream [moi conservateur?], quand ses interlocuteurs n'ayant jamais dépassé une vague réminiscence du lycée l'assoment à décréter proust assomant et balzac imbitable avec toutes ses descriptions qu'ils ont oublié de lire (é parce que que dont l'antécédent est ses descriptions est le cod de lire, et non de ont oubliéItalique - que je suis conservateur) -
et de me sentir fort immodestement swann, cygne supportant avec toute l'indifférence dont il est capable la bruyante (mais n'est-elle pas toujours bruyante ?) vulgarité du clan verdurin -

dimanche 28 novembre 2010

brosse à dents

quelle que soit la brosse à dents nouvelle posée avec délicasse dans le joli verre à dents par mon épouse Oriane, j'y tends avec un instinct redoutable, comme mu par un automatisme mesquin, ma pauvre main pataude -

et me demander pour quelle obscure raison s'agite en mon tréfonds l'inconsciente volonté qu'enquiquiner l'être adulé -

réécriture

génie, misanthropie, stimulation/stupéfaction dues aux stimulants et aux stupéfiants, propension à la dépression, goût des énigmes, cynisme, manies -

fidélité canine, tendance à la moralisation, fascination inquiète face à l'être supérieur, goût prononcé pour la normalisation des relations et des comportements -

superposition possible des couples Sherlock Holmes/Dr Watson et Dr House/Dr Wilson

samedi 27 novembre 2010

jean zuber

ces oeuvres marquent la fin d'un temps - elles sont le miroir d'une époque presque révolue - celle de la téléphonie fixe - de la téléphonie fixe avec fil -

http://www.galeriesatellite.com/zuber.html

mercredi 24 novembre 2010

private joke pour mes concitoyens alsaciens

chaque fois que je vais au hanout pour chercher une bouteille de gaz je ne peux m'en empêcher, c'est plus fort que moi :
- Hoch kein gos ?
- oui, sidi, j'ai du gaz...
la quête d'autrui passe aussi par la politesse désespérée de l'humour -

mardi 23 novembre 2010

politesse

d'un ami philosophe avec qui, non sans une certaine hauteur de vue et d'idées, nous devisions sur les positions de monsieur michel onfray :
- onfray, un philosophe à la mode... il me jette un coup d'oeil complice - de Caen évidemment !
désespérante politesse de l'humour -

samedi 20 novembre 2010

la tortue (champs magnétiques)

il y a deux jours, je regardai el mariachi, premier opus du sergio leone sauce piquante roberto rodrigues -
hier sur la route, j'évite de justesse une tortue qui traversait, avec une inconsciente nonchalance (ou inconscience nonchalante je ne sais plus devant le submergement quotidien de mon existence), la petite route de campagne que j'empruntai (tentative d'une exaltante rencontre avec le mystérieux autrui) - elle eût pu finir dans ma soupe, elle finira au pied de mon hibiscus -

quant à voir des signes dans ce genre de coincidences troublantes, voire fatales, on peut aisément je suppose y laisser une partie de sa santé mentale...

dimanche 14 novembre 2010

sueurs froides

je me réveille au beau milieu de mon insondable nuit, en sueur - pétrifié par la gorgone de mon angoisse - j'entends les mauvaises langues de pute siffler sur ma tête le manque très certainement -
rien de cela pourtant - une angoisse bien plus abyssale, abyssinale oserais-je dire car je ne manque pas de témérité - je repense au pop corn préparé pour l'anniversaire de mes bambins et me demande ignorant à quel moment de l'Histoire fut introduit le pop corn dans la cérémonie éthiopienne du café - pourquoi le pop corn a-t-il remplacé le qolo ?
je remercie d'ors et déjà monsieur Morand de faire le nécessaire auprès d'Eloi Fiquet, directeur du Centre Français des Etudes Ethiopiennes, pour apaiser mon tourment -

vendredi 12 novembre 2010

grenades

à chaque fois que j'éventre ce fruit signe indubitable de l'aberration divine et qu'on nomme la grenade très certainement car elle éventre en l'homme le désir d'éclatement, je songe à Nathanaël et rêve de lui faire ravaler sa ferveur de l'étouffer à coups de pépins - d'oser devenir le psychopathe meurtrier que je suis -

mercredi 10 novembre 2010

magie

ah ! comme je me suis cru jeune et beau lorsque l'étudiante (?), attablée avec le grison ventripotent (pour ne pas dire ventru) et rougeaud dans un silence pesant, me lança de ses yeux de biche ce regard si plein de supplication et de concupiscence -

et de mieux comprendre le goût des vieillards (que l'on croit à tort lubriques) pour ce genre de circés qui sont leur portrait de dorian gray -

dimanche 7 novembre 2010

samedi 6 novembre 2010

insolence

comme je faisais mes courses à acima (traduire auchan), ce qui me vaut une fatwa de la part de la communauté des gens (français) bien qui ne font leurs courses que dans les petits marchés de quartier car ils se sont intégrés à la population locale, car ils se sont tournés vers l'autre, car ils vivent le quotidien de l'altérité et en font une expérience rare, profonde, unique, exemplaire - donc, disais-je, comme je me condamnais moi-même à l'ostracisme de ma communauté en péchant capitalement dans un supermarché, le caissier se met à me parler -
ciel ! me dis-je, une expérience profonde du dialogue des cultures, la rencontre rare de l'altérité - j'en tremblais de tous mes membres -
au final, le caissier me dit que lui aussi à de la famille en alsace, à Nancy plus exactement - j'ai payé sans plus lui adresser ni un regard ni une parole ; il m'avait pris pour un lorrain ou quoi ?
[la rencontre avec l'alterité, le dialogue des cultures n'est pas chose facile, mais quelle sacrée expérience tout de même...]

mardi 2 novembre 2010

défunts

après ses saints, le génie du christianisme célèbre l'ensemble de ses défunts, mais sans que l'esprit combiste nous offre un jour de repos spirituel supplémentaire -
je ne peux m'empêcher de songer à mon ami le Comte de Lorenzo de L. : comme il n'avait pas la volonté suffisante pour se tuer, il choisit de se laisser mourir - une preuve supplémentaire de son altruisme grandiose : il réussit à irriter et se faire haïr de l'ensemble de ses proches, ce qui vaut mieux (pour les proches) que le sentiment de culpabilité que laisse le suicide -

dimanche 31 octobre 2010

légende

légende : de legenda , qui doit être lu /
une vie à se harasser pour être (à peine) lu et certainement (fort) mal compris ?

jeudi 28 octobre 2010

abolition

en ces matins doucereux où nous songeons à nous abolir - la cruelle impossibilité soulignée par Pessoa

il est facile de n'être plus, mais nous voudrions n'avoir jamais été -

mercredi 27 octobre 2010

désoeuvrement

le petit livre de Thomas Clerc sur Maurice Sachs m'apparaît comme une petite bible de ce qu'il convient de faire pour n'être pas écrivain - le miroir est accablant [quoique je sois à mille lieues de l'abjection et de l'amoralité de Sachs] :

penchant mailsain à vouloir devenir icône plutôt que verbe / obsession d'être écrivain à en oublier d'écrire / trop menteur et trop faussaire pour découvrir son propre style

"Sachs ne manque jamais de parler d'un texte, cela le dispense de l'écrire", p. 65 -

Thomas Clerc, Maurice Sachs le désoeuvré, Allia, 2005. A lire prochainement, lorsque mon épouse Oriane aura lâché l'ouvrage, L'homme qui tua Roland Barthes.

mercredi 20 octobre 2010

en toute franchise

le mensonge est loin d'être incompatible avec la franchise - au contraire, elle lui sert bien souvent de caution, de garantie -

mardi 19 octobre 2010

proverbe

mon phlébologue, ce matin :
- il y a un proverbe en arabe qui dit, quand une personne s'est fait mordre par un serpent, elle se méfie de toutes les cordes elle voit, ou quelque chose dans le genre - vous avez compris ce que je voulais dire -
quelque résurgence du téléphone arabe certainement -

samedi 16 octobre 2010

muséographie

as i lay dying, photographie de Roland Lésy, 2009.

vitamine

mon épouse a eu la riche idée d'offrir à la famille un complément vitaminique sous forme de comprimés sécables en quatre quarts - ce qui tombe bien, car nous sommes quatre -
à l'heure où je vous parle (qui est l'heure où je soliloque) je n'ai toujours pas trouvé l'énergie nécessaire à casser les maudits comprimés -

lundi 11 octobre 2010

camouflet

de mon fils aliocha (dont je me demande de plus en plus si le seigneur s'était savonné les mains quand il le mit au monde) alors que je gratouillais doucereusement ma guitare pour le plaisir (voire la jubilation) de ses adorables petites esgourdes de bambin ébahi :
- papa ! tu peux fermer ta guitare s'il te plait -

dimanche 10 octobre 2010

muséographie

Under the volcano, photographie de Roland Lésy, 2008

partie de campagne

terres d'amanar, hier après-midi - pendant que mon fils naom avalait du sable à pleines poignées débarquent une maman et sa fille - séance photos, commentaires exaltés de la mère à la fille, commentaires exaltés mais surtout tapageurs / le bourgeois du XXIème n'aime pas la discrétion insignifiante, lui préférant l'engouement lyrique (synonyme : bruyant) et insignifiant / au final un bel exemple de rentabilisation optimale d'un loisir, avec orgasme sec au bout de l'objectif -
la petite fille, voyant mon fils (je m'exalterais volontiers, mais ce n'est pas le lieu...), dit à sa mère :
- tu as vu maman ? un petit garçon qui joue tout seul !
et la réponse somptueuse de la maman :
- oui, eh bien, tu n'as qu'à pas aller le voir !
[je la remercie du fond du cul d'être restée loin de nous]

samedi 9 octobre 2010

comme les cochons

le bourgeois (petit grand ou bohème) est incapable de concevoir que le monde continuera de se mouvoir sans lui -

vendredi 8 octobre 2010

muséographie

Sisyphus I, photographie de Roland Lésy, 2009.

prise de risque

alors qu'on attribuait le prix nobel de littérature à Mario Vargas Llosa, j'étais plongé entre lecture et relecture de Gabriel Garcia Marquez - je vous entends murmurer "une pure folie !" ou "insensé" ou encore "va-t-il devoir partir en exil ?" /
certes, j'ai quelque difficulté à me départir de mon côté - mon hémiplégie ? - don quichotte - c'est ma nature, que voulez-vous /
la prise de risque est une seconde nature pour moi, je m'y ébats comme un poisson dans les eaux du golfe du mexique -

mardi 5 octobre 2010

pour qui sonne...

ça m'a fait un bien fou de retrouver le bon gros Ernest Hemingway, engoncé dans un costume blanc trop étriqué pour sa bedaine de poivrot sismique - il était, étincelant parmi les gens en noir, plein de la digne concentration des bien yvres, devant la roulette, prêt dans un grand rire dépressif à perdre toute sa fortune en un tour de piste -

exposition : Jesse A. Fernandez à la Galerie 127
[127, avenue Mohammed V / Gueliz / Marrakech - 00 212 (0)524 43 26 67 / 00 212 (0)661 33 99 53]

lundi 4 octobre 2010

l'écureuil : en guise de péroraison

je cède la parole à un mien frère :
"Je ne suis pas d'accord avec toi, les écureuils sont des sales bêtes particulièrement agressives. Faut tous les buter."
on peut lui rendre visite à l'Institut psychiatrique du Trésor - tous les jours entre 15h15 et 15h45 -

dimanche 3 octobre 2010

c'est dimanche

"mon père, ai-je dit au père jaruzelsko, voilà ce qu'un père entend à son réveil, le jour du Père :

- héromix il est plus fort que dieu ?"

ce chien de père j. me sourit, sûrement très heureux de son voeu de chasteté -

mercredi 29 septembre 2010

immortel ennui

à table, mon fiston (que le seigneur s'était lavé les mains quand il le mit au monde) m'interroge, non sans une certaine appréhension (due à la question ou à ma réaction ?) :
- quelqu'un d'immortel ne finit-il pas par s'ennuyer ?
certainement mon fils, très certainement - paradis enfer ou purgatoire il faut espérer que l'éternité n'existe pas !

mardi 28 septembre 2010

le vélo de salvador


habitant marrakech, je me sens le droit de faire découvrir à mon public ébahi mon ami Roland Lésy, installateur électrique - mais aussi photographe d'extérieur, à défaut d'être architecte d'intérieur - je l'ai invité cet été en résidence en alsace (il en a profité pour refaire l'électricité dans la maison familiale) - je vous proposerai, quand je n'aurai plus grand chose à dire, quelques clichés d'icelui - ou d'autres, c'est sans importance -


dimanche 26 septembre 2010

l'écureuil

le rat qui pourrissait notre existence depuis quelques semaines vient d'achever de pourrir dans nos toilettes, achevé par les anges exterminateurs et la mort aux rats -
analepse : en rentrant cet été, nous remarquons la présence d'un sympathique écureuil dans notre cour / il y gambade joyeusement dès que nous avons le dos tourné
nous notons cependant que la nuit, lorsque nous laissons la porte ouverte, il fait quelques incursions dans notre cuisine pour picorer / en hygiénistes convaincus, nous ne savons tolérer cela (malgré toute la sympathie que nous avons pour l'animal et la perspective d'inviter un couple d'Anglais dont nous savons qu'ils sont (comme tous les Anglais) amateur de leur chair) -
les incursions continuent / nous réalisons que l'écureuil ne fout plus les pattes chez nous, intimidé sûrement par la taille brutale de ce rat sans panache qui lui a volé sa place dans notre cour puis dans notre cuisine -
nous regardons Inglorious bastards [nous ne souhaitons pas commenter ce film présentement] et nous sommes frappés par l'étonnant discours, en début de film, du colonel nazi sur les écureuils et les rats - nous notons qu'effectivement nous n'avons pas offert de soucoupe de lait à Ratatouille - nous notons aussi qu'à force de trouver des coincidences aussi stupéfiantes dans notre vie quotidienne, nous semons sur le chemin les feuilles mortes de notre santé mentale -

mardi 21 septembre 2010

comme les cochons

un des traits caractéristiques de l'esprit bourgeois, c'est la satisfaction de ce qu'on est, de ce qu'on vit, de ce qu'on a - satisfaction de ce qu'on est au baromètre de ce qu'on a ; le qualitatif mesuré par le quantitatif
la réussite matérielle comme assurance qu'on a pris la bonne route -
c'est la satisfaction du mérite / ce qu'on a, on le mérite / quant à ceux qui n'ont pas, une seule conclusion s'impose
ont-ils oublié Perec ? "Il est plus important d'avoir de la chance que du mérite." - je gage que non, il ne figure pas dans leur grille d'évaluation

dimanche 19 septembre 2010

comme les cochons

chez les bobos - cela se dit-il encore ? suis-je définitivement un has been ? - le bourgeois, rapidement et sans possible contestation, a triomphé du bohème -

mardi 14 septembre 2010

cocktail

essaouira le jour de l'aïd - nous nous posons sur une terrasse, un jus d'orange, une eau pétillante, un soda - nos enfants (le Seigneur, quand il les a mis au monde, s'était lavé les mains) étaient partis faire des courses en courant, dérangeant par leur spontanéité physique et sportive la marche tranquille des touristes ébahis et des djellabas repues -

Aliocha (le Seigneur, etc.) s'approche de la table assoiffé, saisit le verre de jus d'orange, s'apprête à le boire, se ressaisit, le repose et me demande :

- il y a de l'alcool dedans ?

- non, répondit le Consul, soudainement accablé par son vice -

dimanche 12 septembre 2010

maman

d'une de mes élèves, à propos de la profession de sa mère :
"ma mère est une maman"
elle a tout à fait raison : tant de mères qui n'ont jamais su devenir maman -

jeudi 9 septembre 2010

laisse pas traîner ton fils

à guéliz, je me fais accoster par un type à la mine patibulaire - veste crasseuse, peau grise du poivrot régulier en phase de dislocation - il me demande de lui accorder cinq minutes - que je lui refuse, car je sais que la discussion se finira forcément sur du bon matos qu'il a à fumer, top quality - je prétexte que je dois rejoindre mes fils qui m'attendent -

"ah si tu dois aller voir tes enfants... occupe-toi bien de tes enfants, c'est important les enfants - un jour ils pourraient te rendre service"

sot que j'étais, j'avais oublié pourquoi j'étais devenu père /

mercredi 8 septembre 2010

architecture interne

à marrakech, les gens (français en particulier) aiment à s'inventer une deuxième profession ; untel sera boucher et sculpteur, un autre tel glacier et poète - après tout pourquoi pas - notons qu'on dit rarement qu'on est ingénieur et beachfootballeur -

la palme revient tout de même aux décorateurs d'intérieur - difficile de choisir tant il s'en ramasse à la pelle, la plupart d'ailleurs ayant élevé au rang d'art la lecture régulière de Elle déco - on en arrive à redouter de devenir créateur ; il semble qu'il faille trouver sa voie artistique dans la destruction, l'anéantissement pour éviter l'abrutissement -

mon ami John Ross el Alaoui m'éclaire : à présent qu'il y a stagnation de l'immobilier, il faut bien trouver à décorer toutes ces cages de béton - d'où cette nouvelle gamme d'artistes, chez qui on doit bien trouver un livre de marc lévy entre deux Elle déco -

lundi 6 septembre 2010

dans le volcan

alcool : condition de l'écriture qui devient son principal obstacle /
[comme le disait Deleuze dans son Abécédaire (b comme boire) : ils buvaient (ils parlent de plusieurs auteurs américains) parce qu'ils voyaient quelque chose de trop grand pour eux - qu'ils n'auraient pu supporter sans l'aide de l'alcool]

vendredi 3 septembre 2010

jeudi 2 septembre 2010

fessée

à chaque fois que je bats mes enfants, je m'efforce - noblesse oblige - de leur procurer un maximum de satisfaction (de jouissance ?) malgré/dans la douleur -
ils comprendront, bien des années plus tard, lors de la rédaction de leurs Confessions, quel plaisir il y avait dans la cuisson de leur tendre chair sous la caresse méthodique du fouet ou la rugosité du bâton - ils comprendront aussi quelle fut ma mansuétude de ne point les abandonner (ces fiascos en fleur) -

mercredi 1 septembre 2010

listes

si nous avions en germe dans nos pauvres esprits une polygraphie du cavalier, un bi-carré latin orthogonal d'ordre 10 (ou vingt-et-un), une pseudo-quenine d'ordre 10, nos listes quotidiennes - listes qui nous brisent, programmes démesurés tant ils sont risibles et qui nous donnent l'illusion de maîtriser l'existence - pourraient prendre un envol insoupçonné.
(Cahier des charges de La vie mode d'emploi de Georges Pérec, CNRS éditions, 1993)

mardi 31 août 2010

salopard

on peut lire, dans la flamboyante épopée de feu roberto bolano Les détectives sauvages (disponible en folio) :
"Le problème avec la littérature, comme avec la vie, c'est qu'à la fin on finit toujours par devenir un salaud."
j'ai personnellemment pris l'admirable précaution de commencer le plus tard possible - que ce soit la vie et surtout la littérature -

lundi 30 août 2010

désastre

il m'a toujours paru étrange que, lorsque des gens dans mon genre se mettent en tête de se comporter avec virilité, on navigue fatalement en plein désastre -

dimanche 29 août 2010

une mort à crédit

bien des années plus tard, devant le peloton des infirmières lasses de tenter de lui faire ingurgiter son médicament tant sa maladie dégénérative le faisait soubresauter, lui le choréique, Laurent I. se rappela la franche et farouche indulgence de son ami Sébastien K. qui, le voyant s'endormir ivre mort sur la table d'un bar glauque en lisère de la ville de S., un filet de bave dégoutant avec une régularité méticuleuse sur le col de sa chemise, se contenta de lui tapoter la joue [était-il ivre mort lui aussi ?] en lui sussurant no trouble jongkind - no trouble

vendredi 27 août 2010

iconographie

de dominique g., qui me dit que je ressemble au portrait de proust boursoufflé de monsieur blanche -
de laurent l., qui me dit que je ressemble à l'arthur rimbaud d'une photographie récemment retrouvée -
de mon fils qui voyant la tronche de faulkner photographié par cofield (lisez Corps du roi de michon, verdier, 2002) m'a dit un jour "c'est toi papa ?)
[je note qu'il porte tous trois moustache - je n'en ai jamais portée]
peut-être m'ont-ils convaincu au-delà des lignes jamais alignées que j'avais la tronche d'un écrivain -
si j'avais ressemblé à ben johnson me serais-je investi davantage ?

lundi 16 août 2010

note de lecteur

n'en déplaise à tous les lecteurs de marc lévy...
"nous avons besoin de livres qui agissent sur nous comme la mort de quelqu'un que nous aimerions plus que nous-mêmes [...] - un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous." (Franz Kafka)
[par ailleurs je ne saurais que trop recommander Une histoire de la lecture d'Alberto Manguel où j'ai trouvé cet extrait]

lundi 2 août 2010

calice

lorsqu'on me demandera dans quelques jours comment as-tu passé tes vacances ?
je répondrai sans ciller jusqu'à la lie -

dimanche 1 août 2010

un crabe

aurai-je le courage, saluant le vieil océan ("aux vagues de cristal") à la fin de mes vacances en France, de lui lancer au visage, plein d'une insolence hors de sens, tel Crab : "Passe-moi le sel, Vieil Océan !" ?
[La nébuleuse du crabe, Eric Chevillard, Minuit, p. 90]

samedi 31 juillet 2010

instabilité

dans le journal local, mes amis de passage purent lire, tous les matins du monde ou du moins de cette semaine (qui sont eux aussi sans retour), avant de s'immoler au tourisme de bon aloi, que le temps serait "instable" -
au bout de la semaine, nous comprîmes qu'en Alsace, instable signifie alternance de petites ondées, de grosses averses et d'orages en fin de journée -
(mais quel spectable que ces quelques rayons de soleil qui filtrent à travers l'épaisseur des nuages - il n'y a qu'ici que la nature offre de tels spectacles !)

lundi 26 juillet 2010

A.A.A.(A.A.)

lors de la dernière conférence des AAA (Anciens Alcooliques Anonymes) AA (d'Addis-Abeba), mes amis me firent la grâce, plutôt que de s'attacher à s'abolir eux-mêmes (comme le font les honnêtes gens), de m'abolir moi, avec méthode, franchise, discipline et humour dénué de hargne (à défaut de lourdeur) - faisant preuve d'un altruisme trop rare de nos jours -
il faut savoir apprécier la chance d'avoir des amis véritables.

samedi 24 juillet 2010

pour Houda

houda, charmante étudiante en stylisme, a été fauchée par un chauffard ivre mort dans la nuit marrakchie -
une preuve de plus qu'Allah n'est pas obligé (d'être juste dans tout ce qui se passe ici bas)
(faforo)

vendredi 16 juillet 2010

demie heure

mon ami strasbourgeois Martin de W. m'apprend que le footballeur brésilien adriano a investi dans un frigo à 3000 euros - capable de "refroidir les bières en moins de trente minutes."
je ne peux m'empêcher, après l'insipide mondial sud-africain, d'admirer ces hommes qui vont au bout de leurs rêves -

samedi 10 juillet 2010

quart d'heure

au bout des interminables litanies des églises orthodoxes d'addis-abeba -
au bout des sursauts véhéments des muezzins marrakchis -
la régulière scansion des églises soultzoises, qui tous les quarts d'heure assoment un peu plus notre langoureux ennui -

mercredi 7 juillet 2010

espoir

"tant qu'il y a de la mort, il y a de l'espoir", dit Fabrice de Salina dans Le Guépard de Lampedusa [on a du mal à se défaire cependant des favoris de Burt Lancaster]
ou alors -
tant qu'il y a de la vie il y a du désespoir - parfois on ne sait plus très bien

samedi 3 juillet 2010

véronique

entendu dans un documentaire sur Yves Klein que Véronique venait de vera icona - vraie image ou image vraie -

Véronique était dans la bar où je traînai mes guêtres hier au soir - une image vraie d'elle dans le miroir du bar -

hallucinants champs magnétiques qui peu à peu nous font sombrer dans la maladie mentale...

lundi 28 juin 2010

atomes

on s'entend : tout se transforme - on se persuade que rien ne se perd - on oublie trop que rien ne se gagne.

jeudi 24 juin 2010

seul

en exergue d'un livre de Marthe Robert sur Kafka :
- Etes-vous à ce point seul ? lui demandai-je.
Kafka fit "oui" de la tête.
- Comme Kaspar Hauser ?
Kafka eut un rire et répondit :
- Bien pire que cela. Je suis seul... comme Franz Kafka.
(Janouch, Conversations avec Kafka)

lundi 21 juin 2010

gide

relu par hasard dans le Journal de Gide (28 nov 1905, Pléiade, p. 185) :
"la lecture de Rimbaud, du VIème Chant de Maldoror, me fait prendre en honte mes oeuvres."
si peu de plumitifs éprouver cette matière d'évidence, pour voir les éléphants qu'il va falloir cornaquer -

dimanche 20 juin 2010

bloomsday

mon ami irlandais J. Fearley me disait hier soir :
"il est digne de Joyce, votre Nicolas A., la même verdeur de style, le même humour, la même profondeur..."
et d'ajouter :
"l'Irlande entière bénit la main d'Henry ; jamais une équipe du trèfle n'eût été capable de nous faire rire comme ça ! en ces temps de détresse où l'on songe à censurer Ulysse sur l'Ipad..."

jeudi 17 juin 2010

bloomsday

hier 16 juin, c'était le Bloomsday.
"en même temps, le Bloomsday, c'est tous les ans, tandis que la Coupe du Monde de football, hein...", me disait Aziz.
"grâce à la main de Thierry Henry, tous les Irlandais pourront participer au Bloomsday, aucune interférence - pas d'Irlandais pour se peler le jonc et faire mine de supporter l'éreitant vuvuzela sud-africain", me disait Palamède.

vanités

découvert dans Nouvelles Mythologies (Seuil, 2007) que l'écrivain Jacques Perret avait déclaré en son temps que le cendrier Ricard posé sur une bureau remplaçait le crâne pour signifier la brièveté de l'existence - plus poétique que le "fumer tue" des paquets de clopes...
on peut relever une autre vanité dans le visage sérieux de l'écrivain ou du philosophe devant les rayons croulants de sa bibliothèque - pour le coup, ça ressemble souvent à un crâne nous regardant avec toute l'intensité dont le creux est possible - double vanité si nous considérons la brièveté de la vie du livre

mardi 15 juin 2010

cannibalisme

(à l'écoute de Robinson Crusoé), une remarque après et avant un ronflement (aucun lien entre le ronflement et le livre) :

la meilleure preuve de la sauvagerie et de la nullité civilisationnelle des cannibales, c'est qu'ils préféraient dévorer leurs adversaires plutôt que de les asservir - contrairement aux peuples civilisés qui ont vite compris les bénéfices qu'on pouvait tirer de la soumission et de l'esclavage -

samedi 12 juin 2010

si l'intelligence a ses limites (la bêtise elle n'en a pas)

en famille au Centre Equestre Royal - cela en jette n'est-ce pas ? - petit coin d'Ethiopie dans le faste si bourgeois de Marrakech - il me faudra en reparler, de ce coin décati -
donc mes fils (le Seigneur quand il les a mis au monde s'était lavé les mains) vont nourrir les chevaux dans les box / arrive alors le propriétaire d'un cheval, sa femme et ses deux filles. Il serre la main à l'un des responsables selam allekoum / allekoum selam / lebès / lebès - et puis la phrase de ce brave propriétaire de cheval : "Oh la vie est dure, mais si elle était facile, on s'ennuierait..."
il vaut peut-être mieux être sourd en fin de compte -

dimanche 6 juin 2010

virgile travesti

j'avais un a priori négatif sur le livre, j'avoue -

voilà ce qu'on peut lire, dès les premières pages de Métronome, de Lorànt Deutsch (Michel Lafon, 2009) [je ne parle même pas du fait que Jules César mène l'empire romain dans la conquête de la Gaule, qui attend encore le retour de son Jedi !] :

"[L'Enéïde] n'est que le calque de l'oeuvre de son illustre prédécesseur [Homère, ndlr]..."(p. 19) - j'apprécie le "n'est que" ! Effectivement, pas de quoi en faire une vérole, du bon vieux Virgile, qui n'est finalement qu'on pâle copiste prétentieux, un vulgaire plagiaire, dans le genre de Jean Racine ou de tant d'autres pouilleux du XVIIème siècle - la langue n'existe pas, dans un poème épique... les mots sont sans importance, c'est la même histoire...
cela se confirme d'ailleurs à la lecture, chez monsieur Deutsch, la langue a peu d'importance -

mardi 1 juin 2010

du tiroir

écrivain du tiroir - et ce pour l'éternité ! - me rassuré-je en me permettant de plagier Cioran qui eût pu dire à notre propos (méconnu) ?
"Ils eussent été les sages d'un autre temps ; ils rachèteront le nôtre pour n'y avoir pas laissé de trace." (Syllogismes de l'amertume, Folio, p. 47)
(siffler Lillabulero)

autofiction

voilà ce que j'ai eu l'illusion de lire dans La Mouette de Tchékhov (acte premier) :

"Pour ce qui est de ses écrits, c'est... comment te dire ? Aimable, plein de talent, mais... après Tolstoï et Zola on n'a pas envie de lire Laurent Isel."

peut-être est-ce ma destinée d'écrivain du tiroir...

jeudi 27 mai 2010

la grande bouffe

j'ai dit dans un précédent billet que les Français de l'étranger ne pensaient qu'à manger - ils en deviennent tellement stupides qu'ils trouvent à se vanter de "ne jamais faire leurs courses à Marjane [sorte de Carrefour au Maroc]"
cela devient déprimant : en général les gens se vantent de s'intégrer aux us et coutumes locaux, d'être des intégrés - ils se vantent de vivre "local", ils se targuent de fréquenter des "locaux", des autochtones, des indigènes ; leurs meilleurs potes sont des indigènes et ils ne fréquentent quasiment pas la communauté française (sauf pour la soirée Beaujolais nouveau ?) - ils se complaisent dans un indigénisme de bon aloi, ils supportent l'excision et les petits sultanats despotiques - à Marrakech rien de cela, les gens sont fiers de ne jamais faire leurs courses à Marjane point barre , ils se goinfrent beldi et ça leur suffit -
et moi de ne plus oser ouvrir la bouche -

jeudi 20 mai 2010

jean racine II

"j'ai vengé l'univers autant que je l'ai pu" (Mithridate, V, scène dernière)
il n'y a pas de quoi se vanter, nous avons tous fait ça - ou au moins essayé de le faire

mardi 18 mai 2010

jean racine II

on peut lire ceci dans Bajazet (V, 4) (j'ai choisi l'acte V pour montrer que j'avais tout lu...) :
"Les moments sont trop chers pour les perdre en paroles"
dans le drame quotidien des brasseries, parisiennes ou provinciales, on lirait plutôt ceci :
"Les moments sont si creux qu'on les meuble en paroles"

tragédie

Rousseau a définitivement tué la possibilité de vision tragique de l'existence en niant la responsabilité de l'homme - quel intérêt le destin aveugle aurait-il encore à frapper au hasard si l'homme s'autorise à affirmer qu'il est injuste ?

samedi 15 mai 2010

Kiki de Montparnasse

pourquoi cela me hérisse-t-il tant ?
quatrième de couverture de Kiki de Montparnasse, par Catel et Bocquet, (casterman 2008) : "Kiki s'impose par un liberté de ton, de parole, et de pensée qui ne relève d'aucune école autre que celle de la vie." - hagiographier une grue pourquoi pas - qui peut savoir si on n'écrira pas en 2108 un roman graphique sur Loana ? mais ce lieu commun de l'école de la vie pour quelqu'un dont les attentes s'arrêtaient quelque part entre le nombril et le périnée - je ne comprends pas qu'on glorifie l'école de la vie en une vision aussi courte et, malgré la fréquentation de grands artistes qui justifieraient l'hagiographie, au fond fort consumériste...

mercredi 12 mai 2010

borges

zéro auditeur hier soir, pour ma lecture de trois nouvelles de Borges - peu importe ; merci à tous ou à personne de m'avoir obligé à passer mon après-midi de mardi à relire plusieurs pépites, à replonger dans l'étrange labyrinthe ; à me rappeler qu'on pouvait remercier l'existence de nous avoir permis de lire quelques bons livres - je ne déplore pas l'absence d'auditeurs, ce serait blasphémer l'univers...
mais ceci confirme une autre pensée : d'aucuns se plaignent du manque de culture à Marrakech ; on dit et on répète que "culturellement, il ne se passe rien" ; le problème, c'est que pour la plupart, c'est l'attente d'une culture "bling" / il faut des noms, on attend des noms (nom d'un bordel)
pour une lecture, c'est Luchini ou personne (moi en l'occurence) ; la curiosité est absente, on veut avoir vu un nom et serré une cuillère pourquoi pas -
le problème culturel à Marrakech ? on se déplacera pour Frédéric Beigbeder mais pas pour Eric Chevillard -

samedi 8 mai 2010

le facteur

et si un jour le facteur frappait à votre porte et vous remettait un modeste pli vous annonçant "cher monsieur Isel, vous êtes mort le 2 juin" -
apprendre en toute quiétude que l'on est mort, c'est presque le bonheur ça...

jeudi 6 mai 2010

champs magnétiques

sans y prendre garde, le mardi 27 avril, j'empruntai deux livres à la bibliothèque de l'Institut (je suis membre de l'Institut); Corrections de Thomas Bernhard et Epreuves de George Steiner -
quant à voir des signes dans ce genre de coincidences troublantes, on peut aisément je suppose y laisser une partie de sa santé mentale...

nature

pique-nique familial dans la vallée de l'Ourika, sur les rives de l'oued -

toujours le même sentiment avec la nature - de loin je contemple d'admirables perspectives, je sens frissonner les feuilles des arbres - et puis une fois que j'ai le nez dessus, je ne puis me départir d'un empoisonnant sentiment de déception et je dois à nouveau regarder au loin -

bernhard

mois d'avril passé avec l'écrivain autrichien adepte du monolithe paragraphique -

corriger le premier jet , corriger ensuite - inlassablement - la correction de la correction de la correction de notre première correction ; retarder le moment d'apporter la correction ultime, celle qui nous concerne ; nous corriger de façon irréversible

étonnant qu'un tel homme pût mourir de maladie

mardi 4 mai 2010

toujours je chérirai la mer

de retour de quelques jours de vacances à Oualidia, à bouffer des produits de la mer, puisque en bon français des vacances réussies sont des vacances où l'on a bien mangé -

première journée passée devant la lagune, un vide se creuse en moi -

le deuxième jour je me décide à aller de l'autre côté, sur la plage de l'océan - je note enfin ce qui manque à la lagune : elle ne fait pas le bruit de l'océan

jeudi 29 avril 2010

l'orphelinat

voici le lieu sadien par excellence :
un monde clos sur lui-même, où nul ne pénètre ou alors avec la plus grande difficulté, et la préservation savante des secrets d'alcôve, un culte de l'opacité - un monde régenté par quelque mystérieux prince des ténèbres, qui n'a de comptes à rendre à personne - des lieutenants zélés au service du prince des ténèbres, sûrement prêts à tout pour gagner leur petite portion d'immoral plaisir - des individus sans famille, sans défense, démunis - de pauvres bougres, des bougres pauvres - qui prête foi aux témoignages d'un pauvre ? - dont la détresse morale est la meilleure preuve de faiblesse et de soumission
confions donc l'institution à quelqu'un d'imaginatif - plutôt qu'à un paon paradant dans sa grosse automobile - il y aurait là matière à quelque récit à ne pas écrire (puisque le divin marquis déjà s'en est chargé)

Proust en B.D.

achevé A l'ombre des jeunes filles en fleurs - adaptation en bandes-dessinées par Stanislas Brézet et Stéphane Heuet, Delcourt, 1999.

n'y a-t-il pas impossibilité technique de rendre la narration métastasique de La Recherche dans la succession des vignettes ?

vos avis m'intéressent (quoique...) - cependant pas trop tard, car depuis fort longtemps je me couche de bonne heure

mercredi 28 avril 2010

Monster

"Ils se haïssaient mutuellement comme ils haïssaient tout le reste sans répit jusqu'à l'épuisement." T. Bernhardt, La cave, (Gallimard, p. 140)
et à chaque instant se haïr soi-même un peu plus que la veille pour conjurer en vain et sans répit l'impuissance, la peur, l'échec

mardi 27 avril 2010

châteaux en bavière

lu Ludwig de Klaus Mann - totale impossibilité de me départir du bleu transparent et profond du regard d'Helmut Berger et de ses chicots...

dimanche 18 avril 2010

nature et culture

nous nous réjouissions hier d'aller entendre une mise en voix de la nouvelle de Melville Bartleby le scribe, ce fameux livre qui permet aux épiciers de dire qu'ils adoooorent Melville sans avoir à se coltiner les centaines de pages de Moby Dick - bref
arrivés à l'Institut (je ne vous ai pas dit que j'étais membre de l'Institut ?) on nous annonce qu'un stupide volcan islandais a empêché le comédien (enfin son avion) de décoller de Paris -
Melville plus vulnérable qu'une poignée de cendres volcaniques -

vendredi 16 avril 2010

booz endormi

la paternité est terrifante en ce sens qu'elle nous ôte le droit fondamental de mourir quand bon nous semble - peut-on imaginer plus grande atteinte à notre liberté ?

aliocha (le seigneur, quand il t'a mis au monde, s'était lavé les mains)

si la vie est un océan, chaque minute est une vague

mercredi 14 avril 2010

notule

Lu L'homme qui marche de monsieur de Jiro Taniguchi (chez Casterman) - étrange sentiment d'avoir lu un livre silencieux.

vendredi 9 avril 2010

lectures

tiens, en passant, mardi 13 avril, lecture de Corps du roi de Pierre Michon à la boutique Et cetera - j'ai beau être le seul lecteur de mon propre blog, je tiens par ce message si dense à prouver que je vis avec mon temps...

champs magnétiques

le hasard a voulu que ma première lecture publique (devant neuf jeunes spectateurs littéralement médusés !) était consacrée à monsieur Tomi Ungerer, illustrateur polyglotte, au moment même où ce grand bonhomme se trouvait quelque part entre Tanger et Meknès pour participer à un salon du livre de jeunesse -

quant à voir des signes dans ce genre de coincidences, on peut aisément je suppose y laisser une partie de sa santé mentale...

jeudi 25 mars 2010

promenade

dernièrement, lors d'une déambulation en ville, je me répétais sans mon souffle reprendre, "ce qui nous tue est infatigable"
ce qui nous tue est infatigable, ce qui nous tue est infatigable -
on peut faire des kilomètres et des kilomètres en reprenant sans cesse ces six mots - ce qui nous tue est infatigable -

mercredi 24 mars 2010

de la part de Brook

à l'approche des législatives éthiopiennes, je me rappelle les termes de mon camarade Brook, qu'il soit entre tous béni - "bien sûr que je vote pour l'opposition ; car moi je suis révolutionniste, mais dès que l'opposition passe au pouvoir, même si je suis d'accord avec sa politique, j'entre en dissidence et je deviens contre - c'est ça le révolutionnisme"
béni sois-tu, mister Brook, d'oser encore en rire

lilliburlero

grâce à monsieur Sterne, j'ai adopté une parade (imparable) en cas de conflit, de tension - je sifflote, à l'instar de Tobie Shandy, un intempestif Lillabullero, le temps qu'il faut pour qu'on m'oublie dans le débat -

cela pose certes quelques problèmes lors de mes réunions de travail, ou rencontres avec des partenaires, quels qu'ils fussent - mais le résultat reste probant - je goûte à la paix

jeudi 18 mars 2010

les mots bleus

mon ami Joseph K me souffla récemment les délicieuses paroles d'une professionnelle marocaine : "moi je fais pas le zig-zag, moi je fais tout droit le sexe."

dimanche 14 mars 2010

psycho

en discutant (quel baîllement) avec les gens qui goûtent la psychologie, on distingue deux grandes constantes : une volonté à peine voilée de culpabiliser (no word is innocent : mais le commun des mortels ne s'en rend pas compte, fort heureusement, les psychologues sont là !) ; une absence d'humour - ou plutôt une suspicion viscérale à l'égard de l'humour, dont ils n'ont pas fini de mesurer les conséquences désastreuses...

samedi 6 mars 2010

la dame de l'impériale

une dame à l'impériale du bus rouge - nous ne sommes pas à Londres mais à Marrakech - bus qui propose un tour historique de la ville pour une somme modique.

une dame à l'impériale donc - qui tente de lire un panneau publicitaire qui se trouve sur le trottoir.

en un clin d'oeil j'ai repéré son insolent petit manège et, d'un air parfaitement dégagé, je me place avec toute l'innocence dont je suis capable entre la dame de l'impériale et ledit panneau.

au fond de son coeur (mais s'en est-elle rendu compte, l'ingrate) elle dut me remercier de lui avoir rappelé que chaque chose se méritait sur notre belle planète Terre et que rien n'était dû - quant à moi j'ai beaucoup joui de mon omnipotence sur le commun des mortel(le)s

jeudi 25 février 2010

le journalisme selon Rodari

donner aux lecteurs la liste partielle des tragédies potentielles auxquelles ils ont eu la chance miraculeuse d'échapper pour "donner aux gens d'apprécier la vie" et "élargir le champ d'investigation [journalistique] au domaine du possible" - telle est l'ambition du rédacteur de Scoop!, adaptée d'une nouvelle (titre original Il benefattore incompreso ) de Gianni Rodari ;
inutile de vous dire que même dans la fiction, ce genre de journaliste ne fait pas long feu...

ducasse

remercions le comte de Lautréamont d'avoir vengé, d'un trait de plume saccageur, l'injure faite à l'enfance et à l'adolescence - cette injure qu'on nomme indifféremment école, instruction publique, internat, éducation nationale ou encore collège -

substitution

à la naissance de son fils handicapé mental, Kenzaburo Oé doit accepter, pour le reste de sa vie, "l'austère substitution de la résignation à l'espoir"
c'est aussi l'éclatant désastre de notre entrée dans l'âge adulte

vendredi 19 février 2010

le cauchemar de Cassandre

Cassandre était une experte en annonce de mauvaises nouvelles - lorsqu'un malheur accablait une famille, une fratrie, elle semblait susurrer aux oreilles (pourtant bien accablées déjà) le petit air victorieux de je vous l'avais bien dit - petit air que supporte bien mal notre accablement.
Clytemnestre (sûrement accablée par l'attitude franchement hostile de ses enfants) eut l'idée sotte de l'assassiner. Sotte car on imagine la prophétesse, à l'instant fatal, susurrer à la reine adultère le petit air accablant du ça aussi je le savais...

en demie teinte

considérons un homme ou une femme maladroit(e) [particulièrement maladroit(e)] - il/elle se casse le bras.
devient-il/elle deux fois plus ou deux fois moins maladroit(e) qu'avant ?

P.S. suis friand de certains signes de ponctuation - signes d'une certaine maladresse...

P.S. [2014] plutôt d'une modernité absolue qui s'ignorait encore...

mercredi 17 février 2010

le bon goût de google

samedi 13 février, sur la page d'accueil de Google - à l'heure olympique comme il se doit - on pouvait apercevoir une silhouette de lugeur.
je suis persuadé que les internautes géorgiens et la famille Kumaritashvili auront apprécié la délicatesse

lundi 15 février 2010

crocodile dundee (rumeur)

viens d'apprendre qu'un Australien avait réussi à commettre l'arnaque de l'année sur le continent marrakchi.
il achète plusieurs hectares de terrain et promet de construire le plus grand parc à crocodiles de la région.
pour attirer l'inverstisseur, il ne lésine pas sur les moyens - les gens aiment tellement à en prendre plein les yeux (avant d'en prendre plein le cul) - adonc, le vaurien débarque avec un saurien, (en hélico nous dit la rumeur), compose sa parade nuptiale aux investisseurs, obtient de l'argent, très vite, pour monter son projet pharaonique (le rumeur ne dit pas s'il s'agissait d'un crocodile du Nil).
aux dernières nouvelles, il s'est barré avec la bagatelle de soixante millions d'euros ; ils sont joueurs ces banquiers...
peut-on vraiment en vouloir à un type qui escroque des banques ?