jeudi 29 décembre 2016

organe

l'intestin est l'organe à la mode et c'est une belle revanche pour lui - quoiqu'il me semble que rabelais évoquait déjà l'importance de les vider correctement pour se bien sentir - on nous invite à nous nettoyer le foie, la rate, l'estomac et l'oesophage - d'après l'axiome que le bonheur tu trouveras dans une saine digestion - à bander dur (nos muscles) pour demeurer fidèle aux injonctions de l'esthétisme des magazines (ceux qui incitent le citoyen k*** à passer un week-end pas cher en normandie à mille balles) - à consommer notre néant issu de l'agriculture biologique - 
au final, il semble que l'organe à ne pas trop stimuler (certes nos intelligences sont multiples et lorsque j'observe mon poisson rouge je me sens presque un génie - quoiqu'il nage mieux que moi) soit notre matière grise qui, à défaut de ce bonheur recherché à toute force et qui pourrit au quotidien la vie de tant de monde (alors qu'un simple tweet sur mes intestins qui marchent devrait suffire à mon bonheur), pourrait nous amener à un semblant de lucidité factice, à même de prévenir certains malheurs... 
à croire que les livres se digèrent trop lentement pour espérer survivre à nos intelligences multiples et qu'ils empêchent notre grêle de tempêter comme il se doit - 

deux balles de vieillissement

si la jeunesse est une principauté de la beauté, le vieillissement constitue la somme des principes ôtés à nos beautés...

vendredi 16 décembre 2016

idiot utile

il est de bon ton de dire qu'un tel ou un tel est "l'idiot utile du f.n." - je pense plutôt que le f.n. a été depuis les années quatre-vingt l'idiot utile des gens au pouvoir - mais que nous risquons malheureusement de nous y brûler tantôt.

jeudi 15 décembre 2016

ipso

dans notre souci de bienveillance, voici ce que je me vis contraint d'écrire pour l'élève x*** :
"x*** assume avec une constance non erratique, une maestria experte, acquise et assumée, sa scrupuleuse et indéfectible ipséité."

ô génie serein de l'enfance  

jeudi 8 décembre 2016

finger in my nose

un reportage de sarah finger sur la visite de nvb dans un établissement difficile de béziers (durant laquelle il y a eu le passage de la bête immonde, le maire) me fait songer aux propos de muray citant karl kraus qui disait qu'on pourrait se contenter de mettre tant d'articles simplement entre guillemets, que ce serait suffisant tant cela se passe de commentaires - 
nous sommes ravis de savoir que nous avons là une ministre à l'écoute, proche des adolescents, proches du citoyen lambda, souriante, simple, naturelle, joyeuse d'être là faire une leçon de mixité sociale, d'éducation à la citoyenneté - 
"très gentille et très simple" : l'éternelle description de ces classes inaccessibles dont on rêverait ne serait-ce que de cirer les pompes, mais à longueur d'année -
pour ce long et insipide bavardage, je trinque à ta santé, un coupe de champagne et un petit four ; ce n'est cependant pas le petit doigt que j'ai envie de lever - 

dimanche 4 décembre 2016

zéros sociaux

(je plagie mon camarade dom garcie de gr***, vice-neveu de gunther et tambourine man comme le récent prix nobel)
un ami me racontait comment, en vacances en thaïlande avec son épouse et la soeur d'icelle, cette dernière qui faisait la gueule à perpétuité passa une semaine à se prendre en photo devant des monuments ou les plats qu'on lui servait - tout sourire il va de soi - publiant ensuite lesdites photos sur un réseau social avec commentaire laudatif sur l'exceptionnalité de ses vacances -

c'est un des paradoxes des réseaux sociaux (et de nos frêles existences envahies) - ils imposent non solum le devoir moral de nous éclater (comme le soulignait philippe muray il y a bien des années), sed etiam de montrer à la face du monde de nos amis que nous nous éclatons et que notre vie est superlative - 
ils réduisent en outre notre liberté à notre réussite et à notre bonheur individuel - les seuls malheurs dont on parle sont les malheurs universaux et impersonnels (guerre, famine...) et on n'imagine mal de venir parler de son cancer ou de sa dépression sur un réseau social - ce ne serait pas convenable... 

comme par magie, d'un simple clic, nous sommes tous heureux et satisfaits - pour la vie
d'où cette supériorité conférée par notre temps à ces grands humanistes que sont gates, jobs sur les dinosaures de la pensée conservatrice qui tentèrent en vain de nous pousser à déchirer nos liens...    

de l'erreur

il y a une vidéo qui circule en boucle - où un gonze portant un joli costume traîne l'éducation nationale devant un tribunal, pas moi, je ne me sens pas visé, mais la sacro-sainte éducation nationale - je n'ai pu supporter très longtemps l'imbécile diatribe, mais le début mérite une petite analyse, car même si au fond je ne suis pas en total désaccord avec le fond, la forme me paraît suspecte, et l'argumentation bancale :

on commence par une citation d'albert einstein - toute personne est un génie - et comme c'est einstein qui l'a dit même si c'est après avoir raté le tournant de la mécanique quantique on se dit que c'est vrai - argument autoritaire comme ce qui est reproché ensuite - il y a ensuite la métaphore du poisson à qui on veut apprendre à marcher - et si je peux comprendre la souffrance d'enfants qui apprennent de force des choses qui ne les intéresse pas et auxquelles ils ne donnent pas sens (je considère cependant que si on tentait de donner sens à un millionième de nos actes, nous sombrerions dans la dépression ou précipiterions notre suicide) - je ne comprends pas le rapport entre la nage du poisson et le génie précité - le poisson développe une compétence (que je lui envie, comme de ne pas se rappeler ce qu'il vient de faire, ce qui lui évite l'ennui - peut-être est-ce là son génie, au poisson rouge), cela échappe à mon génie... 
cependant le génie autoritaire s'échappe de nous par tous les pores, alors il faut continuer : l'école brime, l'école peut rendre malheureux - l'école ne devrait plus relever d'une obligation puisque chacun est à même de s'éduquer et de s'émanciper... je suis pour l'abolition de l'éducation nationale en tant que système oppressif et asservissant et qu'advienne que pourra, les enfants pourront constituer une main d'oeuvre génialement peu onéreuses pour fabriquer les baskets que porteront l'élite développée aux quatre coins de la planète - on constatera, en outre, qu'un fort pourcentage de génies se contentera à ingérer des chips en regardant des programmes télévisuels créatifs, innovants, émancipateurs...

ensuite, l'individu vindicatif dit que l'école tue notre créativité - ça c'est le mot galvaudé à toutes les sauces depuis tant de temps que je me dis souvent qu'elle - la créativité - est devenue un mot grossier - et notre individualité ! l'individualité triomphante qui conduit le génie à tous les narcissismes et façonne tant d'identités malheureuses, le quart d'heure de gloire pour rien qui nous pousse à nous enfoncer dans toujours plus médiocre, n'est-ce pas ça le génie de l'individualité ? alors si l'école joue son rôle de sanctuaire, austère, poussiéreux - pourquoi pas ?
nous nous parlerons pas d'une créativité qui se réduit à faire parler d'elle-même - alors si l'école peut préserver quelques individus de ne pas admirer cyril hannouna - elle fait oeuvre de salubrité publique...
l'hilarité me gagne ensuite dans l'argumentaire : le téléphone a changé, la voiture a changé, l'école est restée la même ! c'est vrai que le smartphone a révolutionné la vie, cancérisé les neurones, ouvert les champs émancipateurs de la relation humaine (et si les gens ne savent plus trop qui était gandhi, elle sait qui est steve jobs ou mark zukkergerg qui non solum ont oeuvré pour le bien commun (mais c'est pas à l'école qu'on apprendrait ce genre de vérité émancipatrice) sed etiam ont fait du blé contrairerement à ce con de gandhi dont le désintéressement est le signe indubitable de l'échec du génie - la voiture ou l'avion nous ont permis un saccage méthodique et programmé des ressources de notre planète - tous ces progrès de l'obsolescence programmée et des dégâts de la croissance, l'école pourrait se glorifier d'en avoir été préservée - malheureusement elle participe à la propagande du progrès - 

donc pour toi - gros crétin - l'essentiel de la créativité et du génie humain tient à sa capacité à inventer de beaux téléphones et de belles voitures - et à les bien vendre - je conchie avec tous les germes de ma dysenterie ton monde dont je n'en veux pas - 
je n'ai pas pu aller plus loin -

(et tant pis s'il dit qu'il faudrait mieux les payer, ces profs qui font le métier le plus difficile du monde (quand on veut les flatter) mais qui sont quand même avant des feignasses qui ne créent pas de richesses)

pour finir, je conclurai, analysant mon propre génie - et le comparant avec immodestie à celui de rimbaud vendant des armes à ménélik II ou de nicolas de staël égorgeant ses toiles pour les abolir - que le génie, le vrai (j'allais dire le mien), n'a rien à voir avoir le bonheur ou l'épanouissement - 
le génie épuise, le génie vampirise et il ne vous pardonne rien - 


du péché

la nouvelle théologie du génie naturel de l'enfant - de l'humain - est fondée sur une croyance du même ordre que le péché originel - elle présente selon moi un désavantage majeur dont on mesurera les effets dans les décennies à venir, celui d'avoir conduit, une fois le caprice de leur génie et de leur individualité digéré dans un triste ulcère, une génération de croyants - géniaux puis geignards - au désespoir...

vendredi 2 décembre 2016

génie de l'époque

quelle joie - non pas joie, mais privilège - de vivre parmi une génération spontanée de génies affligés.

jeudi 24 novembre 2016

légimité

tout individu qui se croit légitime devient un danger pour autrui

de grands enfants

dans un américain bien tranquille de graham greene, dans une discussion en fin d'ouvrage entre l'anglais et l'américain, le premier déclare au second qu'il va bientôt affirmer que les vietnamiens sont de grands enfants - et l'autre de rétorquer que, à certains égards, il y a du vrai... 
vieux relent de vieux discours sur l'africain et finalement le colonisé - dont on justifie la prise d'otage sous prétexte de manque de pragmatisme adulte -
mais l'anglais trouve une parade : connaissez-vous un être plus compliqué et difficile à cerner qu'un enfant ?
mais le conseiller économique ne se démonta pas - l'enfant n'a pas besoin d'une attention bienveillante, il doit rentrer dans les cases de l'expertise technique en charge de rendre heureux, libre et juste -

vacance

attrapé dans les enfants tanner, de robert walser :
"mais qu'est-ce que c'est que ça les vacances ! laissez-moi rire. je n'en ai rien çà faire de vos vacances. je les hais, vos vacances, tout simplement. n'allez surtout pas me donner un poste avec des vacances. cela ne présente pas le  moindre inétrêt pour moi , j'en mourrais c'est simple, si j'avais de vacances. [...] je ne veux pas plus de la liberté que du confort, je hais la liberté, si je dois la ramasser comme un os qu'on jette à un chien."

supprimer les vacances nous permettrait de mesurer notre degré d'asservissement à l'inutile et au fallacieux -

mardi 15 novembre 2016

permission

le "tout est permis" d'ivan karamazov est déploration et amertume / celui de smerdiakov est réjouissance - car promesse, non de revanche, mais de vengeance sur la vie -

lundi 31 octobre 2016

tripalium

à présent, à l'école, on n'a plus le droit de dire qu'un enfant travaille, mais qu'il apprend.
Amusant à une époque s'est mise à genoux devant la sainte valeur du travail et qui a oublié, quoi qu'elle en dise, l'humain...

cela n'est pas sans me rappeler un vieux sketch du très vieillot fernand reynaud que j'écoutais quand j'étais petit, dans lequel un chef d'entreprise imposait à ses ouvriers qu'ils ne travaillassent plus, mais qu'ils s'amusassent (à défaut d'apprendre.) - 
étrange rejet de l'étude, d'une manière d'austérité - comme si inconciliables avec l'humour, le jeu, la légèreté, le plaisir - comme s'il y avait un camp à choisir, dichotomie entre le camp du bien et celui du mal -
mensonge éhonté et violent au regard des turpitudes imposées par le monde stupide du travail... 

moment autobiographique

rien ne m'attriste plus que de songer à qui je suis...

dimanche 30 octobre 2016

toiture

étrange expression que la très journalistique couvrir un événement : l'ensevelir en suffisance sous des couches de mots et d'images jusqu'à ce qu'il nous échappe ?

mardi 11 octobre 2016

idéologie du jaillissement des intelligences

je n'ai pas lu le livre de céline alvarez - le titre semble se suffire : les lois naturelles de l'enfant - 
aurait-on enfin trouvé une vérité générale sur l'enfant ou sur l'humain, sur son fonctionnement naturel ?
et personne pour lire avec inquiétude qu'une authentique génie ait pu éclairer ce mystère ? que l'humain fût soumis aux lois naturelles ? et qu'elle, la génie, a toutes les solutions ? 

personnellement, lorsque quelqu'un affirme - avec humilité et bienveillance et amour - avoir trouvé la méthode pour sauver l'humanité (ne serait-elle qu'humanité scolaire), l'envie me prend de fuir à toutes jambes malgré mes problèmes circulatoires au niveau de la droite. 

- et encore n'aurais-je pas la mesquinerie de citer les membres du think thank qui la soutient : grands développeurs et émancipateurs du genre humain - total, dassault, hbsc et j'en passe...

et comme toujours, en arrière plan de toutes les méthode de développement personnel, réussite individuelle, culte de la performance... 

envie d'abandonner ma séance de méditation et d'aller gerber mon thé vert et d'éjaculer mes intelligences dans le caniveau...

lundi 10 octobre 2016

dimanche 18 septembre 2016

innovation

surprenant article du monde, intitulé "dix pédagogies innovantes" : avec toujours la même arnaque à l'allumage ; si c'est innovant, cela est forcément positif,  c'est bien, c'est l'avenir...
sauf que parmi  ces dix pédagogies innovantes, nous trouvons la pédagogie inversée, qui connait de plus en plus de détracteurs, même parmi des convaincus de la première - il serait temps peut-être de laisser un peu de temps à ces innovations pour voir si elles font leur preuve, au lieu de nous faire admettre réflexion et sans recul que tout cela formidable, simplement parce que c'est innovant...

jouer le jeu

je surpris il y a peu la conversation de deux hommes qui paraissaient avoir "réussi" dans l'existence - bien ancrés dans la matérialité du réel, pragmatiques ; ils convenaient qu'ils avaient joué le jeu, qu'ils avaient osé jouer le jeu (et implicitement qu'ils avaient gagné) - il semblerait effectivement, que pour en arriver là où ils étaient, ils avaient dû consentir à jouer le jeu, à tremper les mains dans tout le camboui des compromissions - 
et les gens comme moi qui surent non sans brio éviter la réussite (de justesse c'est vrai) et qui s'en targuèrent comme pour tenter de justifier leurs échecs, nous serons remerciés de nos silences et de nos discrétions...

dimanche 11 septembre 2016

samedi 27 août 2016

miracle

attendre un miracle – et on peut attendre un miracle sans y croire – c’est faire vœu de passivité et songer que les éléments vont se montrer exceptionnellement favorables à notre endroit ; nos sociétés ne veulent plus y croire – ou alors sous la forme de jeux de hasard – car elles nous veulent agissant sur les éléments, actifs, conquérants – et comme nous sommes avides, notre action est mieux réductrice et souvent destructrice ;


nous n’allons à rien – celui qui croit au miracle – ou qui l’attend sans y croire - peut s’enorgueillir de faire moins de dégâts que l’homme d’action.

impossibilité

la vérité sur l’affaire harry quebert, lu cet été, me fait l’effet d’un scénario astucieux, un truc bien ficelé, facile à lire – assez platement écrit – mais surtout véhiculant des idées poisseuses sur la littérature : le premier adage étant que l’écrivain de génie tire – parce qu’il est génial - à des millions d’exemplaires ; et que le seul étalon de la « littérarité » d'une oeuvre se résume à ses chiffres de vente…

on notera d'ailleurs un aspect tout ridicule du livre : le chef-d’œuvre d’harry quebert, dont l’auteur a la maladresse de nous imposer des extraits, est d’une désolante platitude, d'un ridicule patenté - et c'est lui le plus grand écrivain américain du siècle ?
[à se demander ce qu'on trouve dans sa bibliothèque et si son étalon n'est pas marc lévy ou dan brown...]


mardi 26 juillet 2016

tragédie

lucius, du fond de sa cave, me suggérait hier : "il y a toujours quelque chose de pathétique, voir de tragique, à se dire qu'à présent seul un miracle pourrait nous sauver..."
las de l'entendre je refermai la trappe -

jeudi 7 juillet 2016

crise de la quarantaine

bon sang, me suis-je dit au réveil, car je n'utilise plus le passé simple, quarante ans dont vingt-cinq de travers et plus de quinze à l'étranger (n.b. il arrive qu'on avance de travers à l'étranger) - "quinze ans d'afrique", avec ma peau tannée du soleil de tous les étés et mon physique de baroudeur chic, de quoi allez frimer auprès des petites frangines qui s'en battent l'oeil de mes fausses histoires car elles compulsent compulsives leur téléphone intelligent - 
my goodness, me suis-je dit, toutes ces années d'existence à peine utiles et je suis toujours aussi démuni devant l'effroyable concrétude - qu'on pardonne l'audace de mon néologisme, mais en cette période d'euro je manque de vocabulaire et j'ai perdu mon dictionnaire - de l'existence... 

mercredi 6 juillet 2016

ramadan

notre discours n'est pas heureux en cette période de ramadan - on se prendrait même, nous étrangers à ce pays, à vouloir le modifier à notre sauce, à notre regard, à nos intérêts. on peut évidemment déplorer le manque d'aménité de certains employés qui travaillent sous climatiseur. les réseaux sociaux relayent les bastons avant la rupture du jeûne, les accrochages sont nombreux sur les routes - il est, en outre, évident qu'un ouvrier sur un chantier sera disponible moins longtemps quand il ne peut pas boire et qu'il fait 45°C à l'ombre ; il est clair que tout le pays s'adapte à ce nouveau rythme disons... plus spirituel qu'économique - car c'est le maître mot - l'économie est en berne, et les liens familiaux, sociaux et spirituels ne pèsent pas lourds en nos temps sonnants et trébuchants. l'ère économique ne peut aimer le mois sacré, comme elle n'aime pas l'épisode neigeux et les poussières d'un volcan islandais - l'ère économique ne saurait aimer ce qu'elle n'est pas en mesure de soumettre.

pourtant, tous les soirs entre 18h30 et 19h, je circule dans mon petit quartier (populaire forcément, je vis au sein de la vraie population marocaine, je suis un intégré, je ne suis pas un expat', je suis dans le vrai dans le bon et dans le juste - je suis formidable et je m'admire d'être tel que je suis, et le quartier m'admire d'être ainsi, juste tel que je suis, moi (tellement moi) en somme...), parmi les marchands assis et desséchés, qui achèvent avec langueur et monotonie les conversations du jour, qui exécutent les gestes quotidiens avec lenteur, avec économie, parmi les hommes et les femmes qui font leurs dernières courses, choisissent les dattes, le lait caillé, le jus d'orange et les gosses qui seuls ont suffisamment d'énergie pour faire encore du bruit et des courses - dans l'attente fébrile, fragile que ne passe pas trop lente la dernière heure avant le f'tour - 
cette heure - au moment où l'atmosphère fraîchit et où le vent balaye les poussières, où les palmes frétillent et où quelques courageux entreprennent un footing, où les ombres s'allongent sur le rose pâle des murs et où le ciel va bientôt flamboyer (et mon énumération est foutue en l'air) - recèle d'une douceur presque infinie et inhabituelle, d'une patience bienveillante, d'une onctueuse mollesse, d'une chaleureuse torpeur : le murmure a remplacé les bruits - une invitation à la lenteur et à la réconciliation - avant de retrouver sa famille pour manger la datte et boire le verre de lait -

samedi 25 juin 2016

critique de la raison humaniste

la raison humaniste - l'humanisme étant une fin en soi, nous n'avons pas à y réfléchir ou à le discuter, alors blaise pascal n'a qu'à se taire et sombrer dans l'oubli de l'infinie petitesse de notre absence de grâce, écoutons plutôt l'humanisme de nos saints technocrates ! - est si fragile qu'elle s'effondre devant toute raison diplomatique, elle-même soumise au moindre diktat entreprenarial ou gestionnaire - la raison humaniste n'est rien, une vaine idée ou un vain mot, un creux, un vide - au mieux finit-elle par se transformer, au terme des catastrophes, en raison humanitaire pour donner bonne conscience aux imbéciles -
pouvons-nous affirmer notre absence d'humanisme sans passer pour criminel ?

mardi 21 juin 2016

disqualification

il m'a semblé subitement que tout acte qui se sent l'impérieuse obligation de se mettre en lumière, toute action qui se met en scène - qui s'autoproclame dans les onanismes transcendantaux de nos modes opératoires - qui affiche un héroïsme tautologique, ou quelque performance à la valeur creuse - vous traversez les pyrénées avec vos deux enfants sur un âne couillard pendant cinq mois, ce peut être une belle aventure humaine, vous vendez le projet à une télévision (surtout à une télévision) pour recueillir l'alléluia général - parce que c'est plus fort que vous, le monde doit savoir, vous assassinez l'acte et vous en disqualifiez la beauté - ou la pâle grandeur - dans sa proclamation ;
le monde se passe de prose - la grandeur de publicité.  

jeudi 16 juin 2016

Hugo violé

une lettre et vous fichez en l'air la poésie, la beauté - mettre des majuscules où vous voulez...
c'est l'expérience vécue dans ma classe, au moment où un mien élève achevait de réciter demain dès l'aube de l'autre géant bisontin (le premier étant selon moi dom. de g***) :

et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
un bouquet de houx vert, et de gruyère en fleur

quand je pense que je ne fus pas même autorisé à battre l'impie...

samedi 11 juin 2016

résistance

attrapé dans blanchot - parlant de rilke
et vers quoi on pourrait tendre : "il obéit en passant outre."

melon

il est un trait certain, saillant, qui frappe l'esprit de l'observateur inattentif - et sans faire de mauvais jeu de mot - beaucoup de français qui vivent trop longtemps ici finissent par attraper le melon...

vendredi 3 juin 2016

pour quentin

il y a toujours quelque chose de miraculeux à passer la journée du 2 juin sans finir au fond d'une rivière avec des fers à repasser dans les poches...

mercredi 25 mai 2016

surréalisme

début d'un texte de mes élèves - en avance sur l'écriture du temps :
"un jour, la nuit, je..."
encore un à qui je vais devoir expliquer que seul le génie, la reconnaissance et la célébrité autorisent de telles licences poétiques, mais qu'à lui autant qu'à moi - comme les associations de breton parurent fascinantes et celles de mon père le conduisirent à l'asile - elles sont farouchement interdites pour l'équilibre du monde et la paix civile...

mardi 24 mai 2016

son destin en main

on me prête un livre de laurent gounelle - pourquoi ainsi m'agresser - je prends avec suspicion l'ouvrage et lis la quatrième de couverture (titre d'un mien ouvrage resté au rebut) où l'on annonce que : "plus qu'un roman, une réflexion sur soi-même qui nous invite notre destin en main." - phrase qui a elle seule fait monter en moi des envies d'autodafé -
vivant depuis quelques années dans des pays qu'on qualifierait volontiers de "fatalistes" - jacques défends-moi - admirateur des tragiques grecs - je crois au final être moins agacé par la résignation que par le mensonge de "la prise en main de son destin" - diktat fait au citoyen lambda (moi), asséné à coups de marteau par ceux qui mesurent leur réussite et veulent la comparer à celles des autres pour leur montrer qui a la plus grosse - comme à l'adolescence on se mesure autre chose - thème d'un prochain post dédié à benjamin p*** de grrrrrr - 
double destin de la réussite : providentiel au départ ("si tu es resté dans ta misère c'est que dieu l'a voulu, il n'y a rien à faire" - vision protestante des débuts du capitalisme, dont on oublie souvent la justification religieuse) - qui cède sa place à celui d'une espèce de surhomme autoproclamé, costard la semaine et survêt le week-end ("j'ai pris mon destin en main, je l'ai domestiqué, plié - je suis un modèle pour le monde") : vision somme toute risible après avoir lu oedipe roi ou philoctète -
le fatalisme est sûrement critiquable, il sent meilleur que l'arrogance triomphante dont seuls devraient se prévaloir les insectes nécrophages - quant à laisser le destin loin de son existence, il semble que même l'homo dominandus ait dû mal à s'y résigner...

lundi 23 mai 2016

une autre petite mort de pessoa

les citations ont bon dos - centre commercial d'almazar, marrakech - entre les boutiques de fringues et les snacks mauvais marché naissent d'improbables espaces artistico-culturels, une galerie et une salle de conférence -
sur la vitrine d'icelle, une citation de l'immense poète portugais : "je lis car la vie ne suffit pas."
je sens poindre une petite turgescence, il faut que je pénètre les lieux sans attendre, avec douceur et suavité, sans précipitation. je m'approche des rayons et je me rends compte le charme s'est amolli, rompu avant l'extase - les livres sont de marc lévy, katherine pancol, guillaume musso - ces réducteurs de livre et de nos têtes paresseuses... pessoa n'a pas fait le poids, il s'en allé, aussi penaud qu'ivre -
je me retire penaud et desséché - j'avais tant cru pouvoir aimer...

lundi 9 mai 2016

destin commun

assistant à une conversation avec edgar morin lors d'un congrès - il y aurait des choses à dire sur la leçon numéro 1 mais là n'est pas le propos - il conclut que notre futur, cette grande inconnue, est notre aventure commune, notre destin commun, l'aventure que nous sommes en train d'écrire - on se demande qui l'écrit d'ailleurs  -
et de me rappeler vaguement ce que j'écrivais hier dans un de mes inutiles carnets : quelle raison valable (= quel odieux hasard) y aurait-il (dans le grand plan avec un p majuscule) que nous durions plus longtemps que les trilobites, les ammonites ou les grands dinosaures ?

midi

difficile de dire quel midi il sera lorsque nous nous éveillerons...

de la diplomatie

la raison quotidienne s'écrase contre la raison diplomatique - et tout vole en éclats, se fracasse, avec la pudeur de la médiocrité, pour sauver les pleutres apparences et quelques intérêts aussi privés et mesquins que ceux de la raison quotidienne ...

mort lente

comment ne pas être ému jusqu'aux larmes, quittant mon père dans le cancer brouillé et flou de la maladie d'alzheimer qui rogne son esprit et son existence, le quittant dans la conscience de son inconscience qui avançait et sachant que, à notre prochaine rencontre, il n'aurait plus conscience de qui je suis, par ces lignes du zibaldone di pensieri de leopardi :
“voir mourir une personne aimée est toujours moins déchirant que d’être le témoin de son dépérissement, d’une maladie (ou toute autre chose) qui altère son corps ou son esprit. pourquoi ? parce que dans le premier cas, nos illusions demeurent, dans le second, elles s’évanouissent s’annulent tout à fait et nous sont arrachées avec force. après la mort, la personne aimée subsiste encore dans notre imagination telle qu’elle était, telle que nous l’aimions jadis. mais dans l’autre cas, la personne aimée se perd tout à fait, une autre se substitue à elle, et celle d’avant, que l’on aimait et que l’on chérissait, ne peut plus subsister, pas même par la force d'une illusion ; car la présence de la réalité et de cette même personne transformée par une maladie chronique, ou par la folie, par la corruption des moeurs, etc., nous détrompe violemment et cruellement : la perte de l'objet aimé n'est ainsi plus compensée par l'imagination. ni par le désespoir ou le repos qui accompagne une douleur excessive, comme après une mort. cette perte est telle que ni la pensée ni le sentiment ne peuvent s'abandonner. cette perte ne sera donc jamais qu'une douleur très cruelle."


mercredi 20 avril 2016

refondation de l'école

l'ère des charabias - 
avant d'assister à quatre heures de réunion sur les nouveaux programmes qui vont sauver la france grâce à l'expertise des technocrates - à quand d'ailleurs une réforme de l'expertise ? - un des grands tics censés sauver l'école est de rendre l'enfant "acteur" et "auteur" - et d'éluder la question simple : vaut-il mieux être spectateur d'un bon film ou acteur d'un mauvais, auteur d'un marc lévy ou lecteur de borgès - qui remerciait la vie non pour les livres qu'il avait écrit et qui ont à peine moins d'importance que ceux de marc lévy, mais pour tous ceux qu'ils avaient lus - ?
les nombrils associés ont fait le choix du médiocre - et ils ne seront pas les seuls à en payer les lugubres conséquences -

samedi 9 avril 2016

réduction

nous réduisons les voix - les voies - de l'écriture à celle d'une manière de "dire vrai", qui n'est qu'un mensonge de plus de la littérature, mais qui n'a plus les singularités des voix qui murmuraient jadis...

poésie

elle pourrait procéder d'un effondrement interne - réussir à s'effondrer en soi-même pour toucher au désastre...

tenue de soirée

au fond, en toute absence d'humilité, je préfère mon sérieux ironique - quoique parfois balourd - et désespéré, mon inlassable ennui, à la joie factice, forcée et creuse, de la femme blonde qui avait si mieux que moi se saisir de tous les enjeux de l'existence...

jeudi 7 avril 2016

rester passif ?

attrapé dans blanchot :
"immense passivité de la mort"
de quoi nous préserver du suicide ?

jeudi 31 mars 2016

pluridisciplinarité

écoutant des spécialistes en sciences humaines vantant la pluridisciplinarité, contre les radicalisations, sociologie, psychologie, anthropologie, politique, je souffle...  comment unifier toutes ces recherches ?
une réponse possible : littérature et philosophie (et mathématiques) ?

mardi 22 mars 2016

miracle

relu dans les frères karamazov, dans l'épisode du "grand inquisiteur" (s'adressant au christ) :
"car de nouveau tu n'as pas voulu asservir l'homme avec un miracle"

c'est un point que les athées et les hiérarques ne peuvent pas admettre...

lundi 21 mars 2016

silence

nos écrits sont une honteuse répugnance à nous taire - il faut être un singulier (à défaut d'être grand) artiste pour assumer ses silences...

samedi 19 mars 2016

bourgeois

on reconnaît le bourgeois à son épatabilité (le bourgeois est épatable) devant l'événement culturel ou artistique, et à son haut degré d'hostilité à la culture...

dimanche 13 mars 2016

victime

de lucius : "une vie entière à être victime de soi-même..."

paradoxe

il y a chez les humanistes que nous côtoyons un double paradoxe : ils sont (pour la plupart) pour la défense du petit contre le gros et vont s'insurger contre le cas général les injustices - sociales notamment, environnementales, écologiques - ils comprennent - et admettent - cependant les cas particuliers ou de proximité qui autorisent à virer une bonne, un employé ou tout autre untermensch - on avait fait tout ce qu'on pouvait mais on était arrivé à la limite...

de même, ils comprennent que le drogué ou l'alcoolique sont avant tout des malades, dignes, en théorie, de notre compassion - tout comme les fous ou les clochards ; mais vous ne les ferez jamais étreindre un poivrot ou un junkie contre leur petit coeur étriqué -

vendredi 11 mars 2016

résistance passive

"c'est non sans force courage qu'il prit la décision de se laisser choir..."


[le geste était noble, mais passa pour bouffonnerie aux yeux du monde indifférent.]

mardi 1 mars 2016

continuer d'apprendre

nous pouvons être différents - nous devons être différents ; on nous enjoint d'être différents, de penser pepsi contre coca par exemple, d'affirmer notre belle liberté de penser, d'agir, de croire - ô catéchisme post-moderne des intelligences multiples...
mais tout cela en pure horizontalité ; ne tentez surtout pas de "penser différent" d'une autorité ou d'une hiérarchie, vous mettriez en péril l'équilibre des structures et votre dérive conduirait à prendre des mesures "à déplorer", mais indispensables à la survie de l'espèce...  

lundi 29 février 2016

le livre des proverbes

le vieux est l'ennemi du bien 





























(peut-on lire dans les yeux de chaque quarantenaire qui croit que son jeunisme le sauvera des ténèbres et de la moquerie...)

dimanche 28 février 2016

autobiographie

écrire une autobiographie en utilisant uniquement des passages de livres qu'on a aimés - ou haïs...
parlait-on de moi ?
"cet homme était bien entendu un artiste, encore que l'inique malchance des villes de province voulût qu'il ne fût que photographe. néanmoins, en vrai génie, il n'attendit pas longtemps pour accumuler les dettes et boire plus que de raison. [...] il avait toute l'apparence du génie, une bouche puissante et des cheveux fous, et si tante jane avait eu le pouvoir de transférer sur lui l'intensité de son désespoir, le malheur de ses vices l'eût fait aussi grand que lord byron. mais le photographe se prêtait mal au transfert de sentiments ; il abandonna jane au bout d'un an avec leur bonne, une petite paysanne qu'il avait engrossée..."

lundi 22 février 2016

joies

une seule vraie tristesse m'intéresse plus que toutes les joies factices auxquelles nous sommes sommés de nous plier -

samedi 20 février 2016

continuer d'apprendre

cioran écrivait qu'il était plus difficile d'être lao-tseu que jupiter -
il est une chose qui doit rassurer le libéralisme, c'est que les orientalistes - bourgeois bouddhistes, yoguistes, taoïstes, taïchistes et savonnologistes - sont, d'instinct ou d'essence, plus proches de l'école de chicago que de lao-tseu ! 

vendredi 19 février 2016

continuer d'apprendre

j'ai aussi appris - dans une conception de l'humain digne au moins d'un emmanuel macron - que c'était aussi difficile - que dis-je, plus difficile - pour l'employeur qui renvoie que pour les employés renvoyés...
quelle rigolade, comme disait un personnage de büchner !

continuer d'apprendre

au terme d'une réunion bien pénible, j'ai appris que les gens, souvent de bonne foi - tout comme les intégristes se sentent avant tout intègres - pensent avoir une philosophie alors qu'ils (n')ont (qu')une idéologie - 

jeudi 18 février 2016

danse

nous tenterons, me disait lucius, à partir d'aujourd'hui, de cesser de danser avec nos plâtres...
oui
mais

lundi 15 février 2016

mieux

l'injonction continuelle au mieux-être me donne envie de me scarifier.

estime de soi

étrange insistance sur l'estime de soi, dans un temps qui a la tendance néfaste à se surestimer - au point de tenter d'en abolir tout autre...  

lundi 8 février 2016

lecture

dans un entretien, julien gracq rappelait que la lecture était question d'écoute, d'écoute de la voix qui circulait à travers la trame des mots - voix à écouter, pour tenter de l'entendre - 
quelle chance la lecture - qu'elle soit littéraire ou celle qu'on apprend à l'école - peut-elle avoir dans un monde en proie au bavardage continuel et terrifié par le moindre silence ?

samedi 30 janvier 2016

fiction

les gens du business, les rois de l'économie et du désastre - les innocents marchands de fléaux - sont bien trop pragmatiques pour se perdre dans la littérature, dans la fiction, et même dans la pensée, serait-elle du réel - ils n'ont cure de ces chimères et autres fantaisies de pseudo-intellectuels - ils croient être dans le réel, dans la réalité. ils ont oublié que l'argent dans lequel il patauge n'est qu'une pure fiction qui dure encore, et qu'ils refusent d'abolir -

mercredi 27 janvier 2016

sophistique

l'obsession de la communication montre que nous appartenons à une société de sophistes, la communication et son efficacité étant un but en soi - la publicité étant un principe de mensonge admis, presque encouragé ! -
on sait que les sophistes furent un déclencheur du déclin de la démocratie athénienne, l'efficacité ayant pris le pas sur l'éthique de la vérité...
la sophistique règne en maître dans nos démocraties, et on se plaint de la montée des extrêmes ?
nous nous sommes tant compromis dans la diplomatie, nous nous sommes tant corrompus dans la politique, au détriment de l'amour, de la vérité, de l'amour de la vérité, de la charité - nous avons tant trahi toutes les mystiques, toute l'ambition du bien commun au nom des ambitions individuelles, que nous avons perdu toute légitimité de juger les actions d'autrui ; 

délétère

signe de l'avortement de la pensée, l'époque adule simone veil - et méconnaît avec splendeur simone weil  - sans nier l'importance de la lutte de la première, on ne peut pas sans suicider sa pensée la mettre sur le même plan que l'auteur de la pesanteur et la grâce - ne serait-ce qu'en termes de lutte...

des psychologues sont sur place

la psychologie (le psychologisme) a remplacé l'intelligence - et on a substitué le coaching injonctif du mieux-être à la réflexion philosophique...
ça avance...

mercredi 20 janvier 2016

de l'injonction

quand la psychologie enjoint l'enseignant - le raté - que je suis à ne pas aggraver le trouble, puis-je - moi le non spécialiste, l'inspécialiste, lui rétorquer de ne pas conforter le trouble - souvent pour de saines raisons d'adaptation si humaine à la loi du marché - car ce qui conforte ne fait qu'aggraver ?

samedi 16 janvier 2016

humanisme

étrange (et paradoxal) humanisme de l'injonction...

peur

"vous avez peur de la vie ?" disait une grande intellectuelle des médias à alain finkielkraut - avec toute une rhétorique du genre comment philosopher quand on a peur ? vous n'êtes pas progressiste  ? - comme si c'était une valeur en soi !
"oui, aurais-je répondu, ça ne vous fait pas peur à vous ?"

une question de volume

ce que nous avons gagné dans l'espace - et peut-être dans le temps - nous l'avons perdu en profondeur - match nul - nous ne savons toujours rien...

jeudi 14 janvier 2016

psycho...

il est probable que dans deux cents ans, les gens riront de la psychologie  comme nous nous pouvons nous moquées des saignées dans le théâtre de molière...

samedi 2 janvier 2016

tous ceux qui m'aiment prendront le train

gare montparnasse, je promène mon ennui du 31 décembre dans le hall bondé - j'entre par hasard dans un relais pour haschichins désarmés - je m'émerveille du choix : robert musil sans qualité, tanizaki et son éloge de l'ombre, thackeray et sa foire aux vanités, bien d'autres encore, de quoi emplir le début de l'année à venir, en marge de soi-même - j'en ai les larmes aux yeux... que faisaient-ils là, encore, en 2015, ces apaches inutiles ?
pensant alors à la conversation que j'avais eu la veille avec benjamin p. de grrr*** et à qui une libraire d'une librairie que nous eûmes l'occasion de fréquenter, chacun de notre côté, avait avoué qu'elle devait de plus en plus souvent supporter des gens, de nos âges pourtant (ou pires), qui lui demandaient conseil pour l'achat d'un livre sans pouvoir s'bastenir de préciser quelque chose de pas chiant, je m'avance vers le vendeur (il n'est pas libraire) et lui lance un triomphant : "dites-moi, jeune homme, vous auriez à me conseiller un livre, mais, par saint-georges, quelque chose de pas trop chiant..."

pavage - vers libres

en ces jours de bonnes résolutions...
en ces temps doctrinaux où nous sommes sommés aux bonnes résolutions -
sous peine d'être considérés comme des nuisants, des nuisibles, des apostats à l'humanisme béat - comme des intégristes de la pseudo-pensée -
/ des intégristes apostats /
comme des cancrelats cafardeux -
en ces temps de disette -
je ne renonce pas à la vision théologique de notre enfer pavé -
de notre pavement ciré et poli et glissant...
je n'y renonce pas
sans pour autant y croire -
/ mais considérant que ce babil en vaut bien un autre /




quand le destin s'y met

la nuit de la saint-sylvestre, qui m'entraîna dans la furie furieuse de la nouvelle année, fut riche en symboles qu'un esprit proche de la psychiatrie comme le mien sait lire sans difficulté -
durant la nuit, j'ai perdu ma liseuse, voilée par la vivacité des enfants qui sautaient sur la literie - rip - et j'ai appris à jouer au noble jeu de comptoir, le bien-nommé "quatre/vingt-et-un" - une naissance à un monde nouveau -
2016 se fera sans littérature, sans livre, sans écrit - et remettra à l'honneur la foisonnante culture orale du bistrot et de ses comptoirs.