dimanche 24 juin 2012

miettes

d'un élève soupçonné d'avoir piqué cent dihrams à un camarade :
- mais pour qui me prenez-vous ? vous croyez vraiment que j'ai besoin de voler cent dihrams ?
ceci pour nous rappeler le grand adage des hauts responsables du cercle (c majuscule) que "seuls les pauvres volent" (des sommes dérisoires rajoutent certains esprits cyniques du même cercle, mais en fin de soirée, pour séduire les courtisanes qui leur sucent les orteils)
à quoi il eût fallu rétorquer :
- si ton père m'avait dit cela à ton âge j'aurais pu le croire, tant le cercle d'il y a trente ans avait encore l'aristocratie et une espèce de vertu (eh oui, on en vient à trouver vertueux les patrons du cercle d'il y a un demi-siècle) à laisser les miettes à ceux qui voulaient bien se battre pur les ramasser ; mais à présent que le cercle se bat avec toute la véhémence nécessaire pour récupérer ce qui lui manque, ce à quoi il croit avoir droit aussi, à savoir les miettes, ce qui traditionnellement était digéré par les oiseaux et que tu me dis que tu n'en as pas besoin, tu es plus que jamais suspect - presque un coupable...

signes extérieurs de richesse

arrive toujours le moment où les gens qui ont beaucoup d'argent se sentent obligés d'insister sur le fait qu'ils le méritent, de par leur travail, leur effort, voire leur génie ; cette insistance même provoque la suspicion ;

dimanche 17 juin 2012

samedi 16 juin 2012

delirium tremens

mon ami geoffrey f, ex consul à oaxaca, parlait à son ami docteur arturo diaz vigil de son état permanent de delirium tremens qui lui posait certains soucis :
"il y a un an encore, je pouvais chasser les blattes ou autres cafards directement à la main, je les enfermais dans une petites boîtes en cartin et je les relâchais dans le voisinnage. à présent bien diminué, je suis obligé de lâcher de la bombe insecticide en grosse quantité car je n'ai plus la vélocité nécessaire pour les capturer - quelle nuit d'angoisse il s'en suit..., il m'est déjà arrivé au réveil de n'apercevoir aucun cadavres de ces insectes lucifuges."
"salud y pesetas, dit vigil - y tiempo para gastarias, répondit geoffrey en vidant son verre d'anis -

jeudi 14 juin 2012

deuxième chance

les gens que je côtoyons de par mon sot métier sont parfois hilarants - même quand ils froncent les sourcils au téléphone, signe indubitable de sérieux et de professionnalisme - lorsqu'ils nous parlent profession, boulot, taf, turbin, projet ou autre activité (pour nous rappeler aussi à l'indigence de la nôtre, d'activité) - car pour beaucoup le fric sort en bonne quantité par n'importe quel orifice (mais l'argent n'ayant pas d'odeur), sans trop que nous puissions savoir de quoi il retourne, à quel haut ouvrage ils s'adonnent -
ainsi ils en viennent parfois aux confidences sur leurs débuts, souvent malheureux (entendez malchanceux) en général parce que leurs projets étaient visionnaires, trop en avance sur leur temps, sur les mentalités du pays, sur marrakech quand les gens sont d'origine casaouie ; les imbéciles sont toujours ligués contre les visionnaires, c'est bien connu -
fort heureusement, après l'échec initial, tous ont pu rebondir sur une autre activité, a priori rentable, parce qu'ils sont comme ça, des battants, qu'ils ne laissent pas démonter par l'adversité ; comme me le disait un ami, si à notre niveau on foire une première affaire, on passe notre vie à la rembourser, personne pour nous donner une deuxième chance ; comme ils omettent de dire que derrière, des parents généreux parce qu'ils ont les moyens de l'être la leur offre ;
et de me souvenir des dernies mots de cent ans de solitude "car aux lignées condamnées à cent ans de solitude, ils n'est pas donné sur terre de seconde chance"

vendredi 8 juin 2012

démagogie

dans la pratique d'une pédagogie obscène, les artistes sont d'authentiques champions de la démagogie ; je revois le théâtreux parlant aux adolescents, se présentant comme le seul à même de les comprendre, de les révéler - deux heures de théâtre hebdomadaires et il les connaissait bien mieux que "ces pauvres serviteurs de l'institution, avec leurs oeillères et leurs principes obsolètes" - je revois la danseuse dire à la dizaine d'adolescentes remplies d'acnée autant que de caprices, d'exigences sévères envers les autres et d'indulgence envers elles-mêmes " vous êtes dans le plus bel âge", comme si un âge d'or existait - ou la chanteuse qui disait à ses petiotes "c'est qui les plus belles ? c'est nous ! c'est qui les princesses ? c'est nous !!!"
voilà l'art - le sport est plus modeste, il se contente d'un c'est qui le plus fort et c'est qui qui a la plus grosse - le show, le spectacle qui tente de ravaler la réllxion ou l'intelligence au rang de tare - avec un taux de réussite assez satisfaisant.
l'art et ses valeurs : se montrer, consommer du spectacle, belonging to the show - et surtout recadrer la critique, en commençant le plus tôt possible, en ressassant avec conviction liberté, jubilation, modernité, en appelant la folie à la rescousse comme si rimbaud ou artaud avaient voulu faire parti du show... - oh jeunesse dorée aussi exhibtionniste que pudibonde qui te crois libre et indépendante (dans tes vêtements oui, mais dans ton petit cervelet malingre ?) et fomentrice de la révolte de jasmin qui amènera la liberté générale, tu ne seras jamais qu'au service de la petite révolte institutionnelle et sous contrôle... 

mercredi 6 juin 2012

misogynie à part

il nous arrive parfois de croiser des femmes que l'on trouve belles, désirables (quand on n'est pas arrivé comme moi à l'absence de désir, à l'absence de crainte - abayamudrah - et à l'orgasme sec cher aux tantriques)
puis le hasard nous force à les recroiser accompagnées de leur mère et il nous faut nous reprendre, arrêter l'obscène travail du cerbère cérébral qui nous glisse à l'oreille la voici dans vingt-cinq ans, la voilà dans trente - veux-tu quand dans ses bras flasques se désagrègent tes vieux os ?
et nous nous fendons d'un doucereux "madame comment allez-vous ?" au lieu de prendre la fuite sans autre forme d'explication...

dimanche 3 juin 2012

fête des mères

contrairement à mon ami abdelselam qui pour fêter son épouse qui est aussi mère lui souffla à six heures du matin son haleine de la nuit et un rauque "viens je vais te faire ta fête", j'ai fait preuve d'une admirable délicatesse pour rendre hommage à oriane, épouse exemplaire certes, mais surtout mère parfaite -
ainsi, dès huit heures du matin, j'ai quitté le domicile conjugal afin qu'elle pût profiter sans interférence de ma part de nos deux délicats bambins, sources d'inépuisables plaisirs, sources de tous nos bonheurs, surtout le dimanche matin, comme elle put le constater toute la journée où elle fut célébrée en tant que mère par ses fils, qui peut mieux comprendre une mère et la fêter comme il se doit qu'un fils ?
permettre à son épouse de s'épanouir dans l'éducation et la complicité de ses enfants n'était-il pas le plus beau présent qu'on put faire ?

samedi 2 juin 2012

dévirilisation

alors que nous parlions avec passion (si... si...) du livre de jean-claude mourlevat l'enfant-océan, je relève le peu de vraisemblance qu'il y a, dans une famille, d'enfanter trois paires de jumeaux et un enfant seul, singulier dans tous les sens (ou presque car je suis trop paresseux pour vérifier) du terme.
une de mes élèves me sort le truc improbable - pour sacrifier au langage de l'époque - dans sa famille, il y a une fille aînée, puis deux paires de jumelles, ce qui fait cinq filles en cinq ans environ - mais lâchement, la maman refuse d'en faire une de plus ce qui anihilerait mes théories oiseuses sur le probable, l'improbable, le vraisemblable, le muable et l'incertain, séminaire en douze conférences que j'organise tout seul en bon mégalomane au sein de ma classe, passionnée, envoûtée, captive (si si) -
littérature mise à part, je trouve symptômatique d'une dévirilisation de la société marocaine que cette femme, qui donna cinq femelles et aucun mâle à son époux, qui trois faillit et cinq fois fauta (à moins que ce ne soit le contraire) - qui fut incapable d'assurer une dynastie en somme, continue à mener ses affaires tambour battant alors qu'il devrait, pour le mari, exister quelque moyen coercitif de l'empêcher d'agir - répudiation, lapidation, dislocation de l'utérus, ablation des ovaires offerts en sacrifice aux mânes de la fertilité, traversée du sahel à dos de dromadaire en bikini - 
eh bien non, l'époux dévirilisé par les moeurs androgynes modernes continue d'aimer sa femme, de lui accorder sa confiance dans la gestion d'affaires lucratives et a même accepté de ne pas avoir d'héritier mâle -
faforo (le bangala du père) - comme le répétait à satiété mon ami laurent de l., lecteur d'amadou kourouma -