mercredi 31 août 2011

tourista

mon ami dom. de g., rare lecteur de ce blog, me classait dans les mécontemporains, me signalant une obsession à peine voilée contre le moderne, pendant qu'il s'animait en diatribes rageuses contre le 18-25 - je crois (mais se connaît-on soi même?) plutôt que je suis agacé par son culte, par cette rage de l'obsolescence presque instantanée, par le côté jetable de ce qu'on proclame d'une modernité absolue - et dont on se débarrassera comme d'une chiasse dans trop de cas -
une dernière (?) tare du moderne ? 
à partir de montaigne, qui avait encore le cul entre deux chaises, on a réussi à faire du travail et du négoce (negotium) une valeur positive ; la valeur à travers laquelle on cherche et trouve la reconnaisse de ses pairs et de la société, alors que les anciens vivaient dans l'otium - la douce oisiveté entre partouze et contemplation, réflexion et orgie - l'étymologie du mot (latin tripalium) en fait une torture, une souffrance, une peine - 
tu parles d'une avancée...
à la fin tu es las de ces mondes ancien comme moderne

lundi 22 août 2011

saine jeunesse

qu'il était beau le reportage de france 2, sur l'équipe de france de ski partant faire un stage commando près de lorient - qu'il était ému le commentateur de constater tout ce que l'armée, la discipline, la rigueur, les exercices cons à la limite du supportable pouvaient apporter en terme d'entraide, de solidarité, d'esprit d'équipe, de coopération !
comme il était étonné, le capitaine chef oui chef, de voir des gars qui fyziquement étaient de sacrés solides gaillards - mais ce sont des sportifs de haut niveau tu crois qu'ils apprennent en regardant la télé ?
comme ils étaient beaux à courir et à faire des pompes dans la vase de la basse marée, à écouter les remontrances du colonel parce qu'en ramant ils riaient de bon coeur et qu'ils n'étaient pas là pour rigoler, nom d'un bordel 
quel bel hymne chanté par le journaliste fasciné (il a dû être réformé, lui) et on aurait voulu que ce soit filmé en noir et blanc par leni riefenstahl, avec un fort accent bavarois dans le commentaire émerveillé comme par l'éveil de ses petites âmes de sportifs à la grandeur de l'esprit militaire, par l'entrée dans la grande famille des fusiliers marins 
et de me souvenir de ma tante qui regardait mon oreille percée en me parlant du défilé du 14 juillet et de la jeunesse saine au cheveux courts, et je sentis mon bras se tendre de bonheur (mais peut-être d'honneur aussi) car mon bras se tend en pensant à toi tata - 
et d'imaginer herman maier en train de déglutir sa wurst et de finir sa pils en se tordant de rire - parce que la recherche de valeurs ou la quête de sens dans un stage commando, même un autrichien ça le laisse perplexe -

énième dimension

rêve numéro 1 : je suis au volant, j'ai ma petite famille à mon côté et à mon derrière - j'avance - mais ma vue se brouille comme celle d'un myope et plus je me frotte les yeux et plus je dois deviner la présence ou l'absence d'autres véhicules dans mon hasardeuse aventure // joie du réveil dans ces moments-là -  et de la replongée dans le sommeil

rêve numéro 2 : j'étouffe, je suffoque, je remugle ; je touche et je crache et ce sont des guêpes qui sortent de mon gosier ; avec patience, chaque guêpe sort à moitié crevé de ma gorge qui se gonfle et se tuméfie, combien pouvait-il y en avoir ?

j'arrive à recouvrer le sommeil à l'issue de cette impasse - puis j'entends les cloches de l'église qui sonnent dans l'oubli de la logique des heures, j'ai beau compter - il n'est pas l'heure qu'il devrait être - tout cela n'a pas de sens donc je ne suis pas fou (car la folie, c'est l'excès de sens, c'est quand tout fait sens) - m'a-t-on alors plongé, après une nouvelle lecture estivale du maître et marguerite, dans cette cinquième dimension  où toutes les orgies sont possibles et où les horloges sonnent quand elles veulent ? 



dimanche 21 août 2011

culture et confiture

ô comme ils m'insupportent, ceux qui se piquent de s'intéresser à la culture, qui programment des vacances culturelles à leurs enfants, qui rentabilisent le temps en visite de musées (maux de tête au bout d'une heure, trop d'oeuvres concentrées dans un même espace - le dialogue est presque impossible, la cacophonie règne) d'expositions de l'avant-garde de la consommation qui sont d'un chic, de spectacles de rue où l'on admire les mêmes jongleurs et les mêmes cracheurs de feu, de concerts en plein air (marciac plutôt que la petite-pierre, c'est plus trendy) - ceux pour qui la culture s'apprend dans télérama et qui méprisent les sports trop populaires, les sports collectifs (sauf le rugby bien entendu, parce que le rugby, ce n'est pas beauf...), qui ont remplacé trop jeunes le tennis par le golf ; ô comme ils m'agacent, tous ces demi-habiles qui se fourvoient !
je les renvoie au livre de monsieur ballard, millenium people, qui nous offre quelques beaux morceaux quoique s'essoufflant au fur et à mesure du projet :
"[faire] croire aux classes moyennes que le développement d'une sensibilité "culturelle" les dotait d'une supériorité morale déniée aux fans de football et aux amateurs de nains de jardin" (p. 252)
quant aux voyageurs sans bagages qui s'imaginent ne pas être des touristes, il y a en de belles pour vous aussi - mais pour une fois dans ma vie, je me refuse d'abuser...

samedi 20 août 2011

homophobie

me promenant dans les rues infestées (mais si belles) de Strasb., je surprends une jeune femme disant (dieu que les gens parlent fort) à son amie "mon expérience me dit (sans ouvrir les guillemets car ce serait trop fastidieux) que pour un môme, il vaut mieux un couple d'homos qui s'aiment plutôt qu'un couple d'hétéros qui se disputent tout le temps." 
toujours prompt à réagir à la profondeur d'esprit, j'interviens, le doigt levé (devinez lequel), dogmatique à mon tour : "moi je pense qu'il vaut mieux un couple d'hétéros qui s'aiment qu'un couple d'homos qui se disputent tout le temps."
nous repartîmes chacun vers notre destinée, irrésolus, conscients d'avoir encore fait progresser l'humanité -

mercredi 17 août 2011

querelle

y aurait-il impossibilité ontologique, non pas à être moderne, mais à le rester - puisque le moderne devrait (me semble-t-il) s'imposer un continuel reniement de sa manière ?
ainsi l'artiste d'une modernité absolue (pour sacrifier au style creux et suffisant de la presse féminine et sans parler de la nécessaire jubilation que provoque son art)peut-il tout au plus avoir été moderne un jour ou une heure - sans retour...

lundi 15 août 2011

cyclimse

hier, course cycliste à soutz sous forêts, pays natal - 
un groupe d'échappés poursuivi par un peloton un peu passif - un coureur intercalé qui trois tours durant fit des efforts désespérés pour accrocher la tête, puis finit par abandonner ; analyse de mon fils (qui m'avait traîné à la course, le vaurien) il en avait assez d'être seul, il était triste, il a préféré arrêter pour pouvoir discuter avec ses amis - il finira journaliste celui-là...
autre fait étrange : les bidons des coureurs de l'équipe suisse h... furent systématiquement et méthodiquement (horlogerie helvète) vidés dans l'égout le plus proche - malheureusement le responsable ne put me renseigner puisqu'il venait de luzern et ne pipait un mot de français (du moins le prétendit-il, le fourbe...) -
l'esprit du sport toujours ancré dans les veines des cyclistes, cela ne peut que nous rassurer...
 

samedi 13 août 2011

fictions

jorge me disait hier au soir :
"nous inventons sans cesse des souvenirs. nous réinventons sans cesse notre mémoire - nous contrarions la réalité du passé. nous créons de toutes pièces notre mémoire - en la mythifiant très souvent. nous inventons notre légende qui ne sera pas lue - ainsi sommes-nous des êtres de pure fiction" 

jeudi 11 août 2011

réputation

relu (car à mon âge on ne lit plus, on relit...) le livre de michon sur rimbaud qui donne une interprétation de ce silence rimbaldien qui fit tant parlé, écrire, gloser, jacasser, y compris dans les aridités qui entourent la ville de harar :
(p.81) : "[...] pour rimbaud tout se joua en trois petits actes : l'immédiate réputation de très grand poète, la conscience aiguë de la vanité d'une telle réputation, et le saccage de celle-ci." 
en matière de littérature, peu d'hommes ou de femmes pour oser le  troisième acte ; en musique, la prise de barbituriques, l'héroïne, la destruction des chambres d'hôtel, les excès en tout genre construisent la légende au lieu de la saccager...

michon, rimbaud le fils, paris, gallimard (collection folio), 1991.

mercredi 10 août 2011

snobisme

hier, durant un déjeuner familial, aliocha avec ses ongles noirs se permit de dire je le cite :
dans une partition, je vois le visage de la musique -
les regards mauvais fusèrent et nous le fustigeâmes d'une voix unanime (mais didactique) en lui rappelant que des têtes avaient été coupées pour des opinions autrement moins sentencieuses //

vendredi 5 août 2011

nuit d'addis abeba

après une nuit strasbourgeoise mouvementée, je parcourus au matin la bibliothèque de mon ami martin de w., et tombai sur le mémorable les nuits d'addis-abeba de Sebhat Guebre Egzyaber (dont on se rappellera le nom de son père) -
je relus la préface de monsieur falceto et ne put m'empêcher de marmonner, lisant la phrase qui se voudrait universelle et qui est seulement toute creuse "des femmes. des hommes. universalité de la nuit.", de marmonner donc, "pour ce creux, pour cet universel et insondable abîme de quelques mots de trop, monsieur  falceto, ignatius reilly vous condamne à être pendu par vos testicules sous développés"

mercredi 3 août 2011

athéisme

à entendre le discours de certains athées, on remercie le ciel qu'ils ne soient pas croyants ; ils eussent très certainement, à un moment ou un autre, eu l'envie d'aller faire une petite partie de chasse sur une île scandinave...

lundi 1 août 2011

si rien ne bouge

on peut lire dans la brièveté de la vie, de sénèque :
"en est-il qui ne préfèrerait pas le désordre de l'état à celui de sa chevelure ? qui n'aime pas mieux être bien coiffé que plus vertueux ?" (arléa, p. 121) -
je me disais, en regardant secret story, que fort heureusement pour nous le monde avait évolué en profondeur depuis la décadence latine...