jeudi 29 décembre 2016

organe

l'intestin est l'organe à la mode et c'est une belle revanche pour lui - quoiqu'il me semble que rabelais évoquait déjà l'importance de les vider correctement pour se bien sentir - on nous invite à nous nettoyer le foie, la rate, l'estomac et l'oesophage - d'après l'axiome que le bonheur tu trouveras dans une saine digestion - à bander dur (nos muscles) pour demeurer fidèle aux injonctions de l'esthétisme des magazines (ceux qui incitent le citoyen k*** à passer un week-end pas cher en normandie à mille balles) - à consommer notre néant issu de l'agriculture biologique - 
au final, il semble que l'organe à ne pas trop stimuler (certes nos intelligences sont multiples et lorsque j'observe mon poisson rouge je me sens presque un génie - quoiqu'il nage mieux que moi) soit notre matière grise qui, à défaut de ce bonheur recherché à toute force et qui pourrit au quotidien la vie de tant de monde (alors qu'un simple tweet sur mes intestins qui marchent devrait suffire à mon bonheur), pourrait nous amener à un semblant de lucidité factice, à même de prévenir certains malheurs... 
à croire que les livres se digèrent trop lentement pour espérer survivre à nos intelligences multiples et qu'ils empêchent notre grêle de tempêter comme il se doit - 

deux balles de vieillissement

si la jeunesse est une principauté de la beauté, le vieillissement constitue la somme des principes ôtés à nos beautés...

vendredi 16 décembre 2016

idiot utile

il est de bon ton de dire qu'un tel ou un tel est "l'idiot utile du f.n." - je pense plutôt que le f.n. a été depuis les années quatre-vingt l'idiot utile des gens au pouvoir - mais que nous risquons malheureusement de nous y brûler tantôt.

jeudi 15 décembre 2016

ipso

dans notre souci de bienveillance, voici ce que je me vis contraint d'écrire pour l'élève x*** :
"x*** assume avec une constance non erratique, une maestria experte, acquise et assumée, sa scrupuleuse et indéfectible ipséité."

ô génie serein de l'enfance  

jeudi 8 décembre 2016

finger in my nose

un reportage de sarah finger sur la visite de nvb dans un établissement difficile de béziers (durant laquelle il y a eu le passage de la bête immonde, le maire) me fait songer aux propos de muray citant karl kraus qui disait qu'on pourrait se contenter de mettre tant d'articles simplement entre guillemets, que ce serait suffisant tant cela se passe de commentaires - 
nous sommes ravis de savoir que nous avons là une ministre à l'écoute, proche des adolescents, proches du citoyen lambda, souriante, simple, naturelle, joyeuse d'être là faire une leçon de mixité sociale, d'éducation à la citoyenneté - 
"très gentille et très simple" : l'éternelle description de ces classes inaccessibles dont on rêverait ne serait-ce que de cirer les pompes, mais à longueur d'année -
pour ce long et insipide bavardage, je trinque à ta santé, un coupe de champagne et un petit four ; ce n'est cependant pas le petit doigt que j'ai envie de lever - 

dimanche 4 décembre 2016

zéros sociaux

(je plagie mon camarade dom garcie de gr***, vice-neveu de gunther et tambourine man comme le récent prix nobel)
un ami me racontait comment, en vacances en thaïlande avec son épouse et la soeur d'icelle, cette dernière qui faisait la gueule à perpétuité passa une semaine à se prendre en photo devant des monuments ou les plats qu'on lui servait - tout sourire il va de soi - publiant ensuite lesdites photos sur un réseau social avec commentaire laudatif sur l'exceptionnalité de ses vacances -

c'est un des paradoxes des réseaux sociaux (et de nos frêles existences envahies) - ils imposent non solum le devoir moral de nous éclater (comme le soulignait philippe muray il y a bien des années), sed etiam de montrer à la face du monde de nos amis que nous nous éclatons et que notre vie est superlative - 
ils réduisent en outre notre liberté à notre réussite et à notre bonheur individuel - les seuls malheurs dont on parle sont les malheurs universaux et impersonnels (guerre, famine...) et on n'imagine mal de venir parler de son cancer ou de sa dépression sur un réseau social - ce ne serait pas convenable... 

comme par magie, d'un simple clic, nous sommes tous heureux et satisfaits - pour la vie
d'où cette supériorité conférée par notre temps à ces grands humanistes que sont gates, jobs sur les dinosaures de la pensée conservatrice qui tentèrent en vain de nous pousser à déchirer nos liens...    

de l'erreur

il y a une vidéo qui circule en boucle - où un gonze portant un joli costume traîne l'éducation nationale devant un tribunal, pas moi, je ne me sens pas visé, mais la sacro-sainte éducation nationale - je n'ai pu supporter très longtemps l'imbécile diatribe, mais le début mérite une petite analyse, car même si au fond je ne suis pas en total désaccord avec le fond, la forme me paraît suspecte, et l'argumentation bancale :

on commence par une citation d'albert einstein - toute personne est un génie - et comme c'est einstein qui l'a dit même si c'est après avoir raté le tournant de la mécanique quantique on se dit que c'est vrai - argument autoritaire comme ce qui est reproché ensuite - il y a ensuite la métaphore du poisson à qui on veut apprendre à marcher - et si je peux comprendre la souffrance d'enfants qui apprennent de force des choses qui ne les intéresse pas et auxquelles ils ne donnent pas sens (je considère cependant que si on tentait de donner sens à un millionième de nos actes, nous sombrerions dans la dépression ou précipiterions notre suicide) - je ne comprends pas le rapport entre la nage du poisson et le génie précité - le poisson développe une compétence (que je lui envie, comme de ne pas se rappeler ce qu'il vient de faire, ce qui lui évite l'ennui - peut-être est-ce là son génie, au poisson rouge), cela échappe à mon génie... 
cependant le génie autoritaire s'échappe de nous par tous les pores, alors il faut continuer : l'école brime, l'école peut rendre malheureux - l'école ne devrait plus relever d'une obligation puisque chacun est à même de s'éduquer et de s'émanciper... je suis pour l'abolition de l'éducation nationale en tant que système oppressif et asservissant et qu'advienne que pourra, les enfants pourront constituer une main d'oeuvre génialement peu onéreuses pour fabriquer les baskets que porteront l'élite développée aux quatre coins de la planète - on constatera, en outre, qu'un fort pourcentage de génies se contentera à ingérer des chips en regardant des programmes télévisuels créatifs, innovants, émancipateurs...

ensuite, l'individu vindicatif dit que l'école tue notre créativité - ça c'est le mot galvaudé à toutes les sauces depuis tant de temps que je me dis souvent qu'elle - la créativité - est devenue un mot grossier - et notre individualité ! l'individualité triomphante qui conduit le génie à tous les narcissismes et façonne tant d'identités malheureuses, le quart d'heure de gloire pour rien qui nous pousse à nous enfoncer dans toujours plus médiocre, n'est-ce pas ça le génie de l'individualité ? alors si l'école joue son rôle de sanctuaire, austère, poussiéreux - pourquoi pas ?
nous nous parlerons pas d'une créativité qui se réduit à faire parler d'elle-même - alors si l'école peut préserver quelques individus de ne pas admirer cyril hannouna - elle fait oeuvre de salubrité publique...
l'hilarité me gagne ensuite dans l'argumentaire : le téléphone a changé, la voiture a changé, l'école est restée la même ! c'est vrai que le smartphone a révolutionné la vie, cancérisé les neurones, ouvert les champs émancipateurs de la relation humaine (et si les gens ne savent plus trop qui était gandhi, elle sait qui est steve jobs ou mark zukkergerg qui non solum ont oeuvré pour le bien commun (mais c'est pas à l'école qu'on apprendrait ce genre de vérité émancipatrice) sed etiam ont fait du blé contrairerement à ce con de gandhi dont le désintéressement est le signe indubitable de l'échec du génie - la voiture ou l'avion nous ont permis un saccage méthodique et programmé des ressources de notre planète - tous ces progrès de l'obsolescence programmée et des dégâts de la croissance, l'école pourrait se glorifier d'en avoir été préservée - malheureusement elle participe à la propagande du progrès - 

donc pour toi - gros crétin - l'essentiel de la créativité et du génie humain tient à sa capacité à inventer de beaux téléphones et de belles voitures - et à les bien vendre - je conchie avec tous les germes de ma dysenterie ton monde dont je n'en veux pas - 
je n'ai pas pu aller plus loin -

(et tant pis s'il dit qu'il faudrait mieux les payer, ces profs qui font le métier le plus difficile du monde (quand on veut les flatter) mais qui sont quand même avant des feignasses qui ne créent pas de richesses)

pour finir, je conclurai, analysant mon propre génie - et le comparant avec immodestie à celui de rimbaud vendant des armes à ménélik II ou de nicolas de staël égorgeant ses toiles pour les abolir - que le génie, le vrai (j'allais dire le mien), n'a rien à voir avoir le bonheur ou l'épanouissement - 
le génie épuise, le génie vampirise et il ne vous pardonne rien - 


du péché

la nouvelle théologie du génie naturel de l'enfant - de l'humain - est fondée sur une croyance du même ordre que le péché originel - elle présente selon moi un désavantage majeur dont on mesurera les effets dans les décennies à venir, celui d'avoir conduit, une fois le caprice de leur génie et de leur individualité digéré dans un triste ulcère, une génération de croyants - géniaux puis geignards - au désespoir...

vendredi 2 décembre 2016

génie de l'époque

quelle joie - non pas joie, mais privilège - de vivre parmi une génération spontanée de génies affligés.