dimanche 15 décembre 2013

tintin au maroc

on croit parfois ne pas converser tout à fait en vain
j'aime à parler de tintin et d'hergé, vous aurez toujours quelqu'un pour vous rappeler son racisme, son colonialisme - il appartient à son époque, mais qu'on regarde dans le détail il dénonce aussi le capitalisme américain qui exproprie l'indien, ou les étrangers arrogants qui maltraitent le chinois...
cela on veut l'oublier : tintin est un raciste.
et puis on tend l'oreille, on se tait et on écoute les gens parler, les "non-racistes", les anti-cathos anti-colos - la horde des tenants de la bôônne pensée... florilège...
"dès que tu deviens sympa avec eux [les marocains], ils abusent - ils savent pas travailler, ils fuient toute responsabilité... - au travail c'est comme les enfants, il faut toujours être derrière, tu peux pas les lâcher - untel parle mal aux et des marocains : on le comprend, il en a une centaine sous ses ordres.... - ce n'est pas raciste, c'est un constat, il faut juste le savoir"
et je passe toutes les remarques sur les odeurs de transpiration (preuve que l'ouvrier doit travailler un peu ? non qu'il manque d'hygiène...) et sur le bruit : en france, ils s'étaient levés d'une seule voix pour conspuer chirac à l'époque...
nos ancêtres, quand ils colonisèrent les contrées africaines pour civiliser un peu et s'enrichir beaucoup étaient d'infâmes salauds, ils voulaient parfois sauver des âmes, les sots, et comme ils parlaient mal de nos frères de couleur, comme ils se sentaient supérieurs à eux, que de condescendance, de paternalisme...
nous, nous avons tout compris, nous savons ce que c'est que le dialogue des cultures, l'ouverture à l'autre, nous, nous aimons nos frères de couleur, grise ou noire ou rouge, nous respectons leurs coutumes, mais comme nous sommes là pour nous enrichir, mais aussi pour nous enrichir, il faut donc, c'est une nécessité du marché en quelque sorte, et le marché est bon, il est résilient comme dirait alain minc, il nous veut du bien, il faut donc leur apprendre un certain nombre de règles qui régissent nos sociétés libérales (qui sont les meilleures), la valeur du travail, du respect du contremaître, l'amour de l'entreprise - nous devons, c'est une nécessité et c'est pour leur bien, leur apprendre à bosser et à sentir bon, pour le bien général et commun, par seulement pour notre enrichissement - les autochtones de tous les pays sont souvent pleins d'ingratitude pour nous, qui leur apportons le bien, le bon, le progrès, le développement, le câble, le gel douche et tant d'autres améliorations quotidiennes, pas comme nos salauds d'ancêtres... 

manque d'humour

d'une de mes étudiantes (le mot souligne mon absence de modestie), après la mort de madiba mandela bangala : "je n'ai pas compris, à la télé, on a vu des gens qui dansaient, alors qu'il était mort !", et moi, plat consensuel d'embrayer sur les différences culturelles et cultuelles, sur différentes manières d'appréhender la mort selon les régions du monde, de montrer très simplement qu'en france on met du noir pour le deuil quant au maroc c'est le blanc, blablabla et blablabla..."
si j'avais eu un tant soit peu d'humour, juste pour lui permettre de titiller la bêtise, j'aurais dû aller dans l'énormité : "tu sais, chez ces gens-là [l'expression n'a rien à voir avec monsieur brel, mais plutôt avec monsieur batank***, ami burundais, qui mettait dans le sac extensible de "ces gens-là" tous les comploteurs, les blancs, les éthiopiens, les supérieurs hiérarchiques...], tout est prétexte à la danse, c'est plus fort qu'eux, ils ne sont heureux que quand ils dansent, ils ont ça dans la peau..."
mais on n'ose plus ce genre de choses - la mollesse a remplacé l'humour, et la bêtise du consensus fait bien du mal, à la lutte contre le racisme aussi...

mercredi 4 décembre 2013

in girum imus ...

nous passons une bonne partie de notre existence à tenter de nous convaincre que nous ne sous sommes pas fourvoyés...

lundi 25 novembre 2013

imposture

à propos des sagas islandaises 
le style est plein d'âpreté et de laconisme et il bouleverse mes sens tendus comme des arcs - un des leurs génies consiste à la pratique d'un humour corrosif quand l'atmosphère devient irrespirable, quand le récit devient trop tendu - s'il est une chose à retenir des sagas, ces récits d'un peuple de raconteurs, d'un peuple qui ne peut pas s'empêcher de raconter, c'est peut-être celle-ci...
une émission de radio et un résumé, et on peut faire croire qu'on a un avis sur un texte dont on n'a jamais lu une ligne...

dimanche 24 novembre 2013

geek

de mon fils - le puîné [le seigneur quand il le mit au monde s'était lavé les mains] - alors que je lui demandais en le vousoyant de bien vouloir fermer la fenêtre : il regarde l'écran de l'ordinateur et m'interroge : "laquelle papounet ?"
combien de coups de férule vais-je encore devoir lui administrer, à lui et à son frère de façon préventive, et puis à oriane aussi, car elle le mérite et y prend parfois un certain plaisir (mais je m'éloigne de mon propos), de combien, disais-je, de coups de nerf de boeuf auront-ils besoin pour regarder à nouveau les papillons qui virevoltent sur le buddléia, les arbres qui frémissent au vent mauvais, les oiseaux qui pépient tous les matins jusqu'au premier coup de révolver, et les étoiles dans le firmament qui nous appellent au sommeil ?

dimanche 17 novembre 2013

irremplaçable

"c'est ainsi qu'on apprit au ministère le décès d'akaki akakiévitch. on le remplaça dès le lendemain : le nouvel expéditionnaire avait la taille beaucoup plus élevée et l'écriture beaucoup plus penchée." lit-on dans le manteau de nicolas gogol -
ne nous leurrons pas : il en sera ainsi de nous, lorsque nous quitterons notre travail, ou notre existence bienheureuse : on pleurera trois minutes et on nous remplacera par quelqu'un à l'écriture plus droite ou plus penchée que la nôtre...

mercredi 13 novembre 2013

du baron de charlus

c'est à nous qu'il s'adresse, ce me semble, dans le côté de guermantes
"vous connaissez l'histoire de cet homme qui croyait tenir dans une bouteille la princesse de chine. c'était une folie. on l'en guérit. mais dès qu'il ne fut plus fou, il devint bête.
et de conclure
"il est des maux dont il ne faut pas chercher à guérir parce qu'ils nous protègent seuls contre de plus graves."


[quarto gallimard, p. 968.]

vendredi 8 novembre 2013

on peut faire mal aux morts

hier, 7 novembre, centenaire de la naissance de camus, google, cette grande entreprise de la liberté et de la révolte et de l'émancipation humaine, refond son logo en une splendide allusion au mythe de sisyphe - et dans l'édition librio du dictionnaire des idées reçues de flaubert, la présentation finit par le mot qui figurerait dans le nouveau dictionnaire flaubertien, avec modernité ("toujours absolue"), à savoir "jubilatoire" ! de quoi hérisser les dernières atomes de pourriture des deux grands écrivains...

dimanche 3 novembre 2013

la faute d'einstein

il a montré que le temps s'écoule plus lentement pour l'homme en mouvement - est-il responsable cependant de l'agitation perpétuelle ?
les anciens chinois disaient : tu as gagné une heure : qu'en as-tu fait ?
j'attrape la question au vol et j'y réponds dans une heure...

vendredi 1 novembre 2013

bizarrerie

comme je me promenai au coucher du soleil, je fis un petit saut au garage - une librairie où le hasard peut nous faire trouver des livres piratés, du thomas pynchon ou schopenhauer entre les livre de cuisine et les exégèses du coran - il est donc étrange, tout en écoutant la litanie des sourates, d'y trouver plusieurs exemplaires de la série de s.a.s., de gérard de villiers, qui visiblement en est mort ce matin...

jeudi 31 octobre 2013

époque

je crois avoir compris ce qui m'agaçait autant dans mon époque [et mes contemporains] : son ignorance des choses passées et son nombrilisme la persuadent qu'elle a tout inventé.

mercredi 30 octobre 2013

signe intéreur de vieillesse

celui-ci est dû à frank margerin, dans le souvenir d'une de ses bd - était bananes métalliques ? - alors que les quatre compères sautent par-dessus le portique du métro, l'un d'eux - gillou ? - se gaufre et s'étale sous le regard du personnage moustachu bourgeois qui s'enthousiasme en criant "bien fait !!!" - 
nous sommes devenus vieux le jour où nous avons pensé, en voyant un misérable ou un voyou ou un déclassé ou un gitan ne pas réussir son minable forfait - forfait minable car sans conséquence souvent mais dénoncé "pour le principe" - et se dire en ricanant "bien fait" - je puis vous assurer qu'à ce tarif bon nombre sont déjà vieux avant l'adolescence...

lundi 28 octobre 2013

inutilité

comme je disais à un ami pour le réconforter :
"tu sais, tu n'es pas plus inutile qu'un autre..."

mercredi 23 octobre 2013

modernité

la paresse était considérée comme un péché - dans la mesure où le moine prenait sur le temps qu'il devait consacrer à dieu - nous sommes dans l'absolu, qu'on y croit ou non, il y a somme toute une certaine logique dans la conception médiévale - 
à partir de l'époque moderne, qui se fout de dieu, la paresse, ramenée à des fins utilitaristes, devient un vice, un péché, non contre dieu, mais contre les hommes, les dirigeants : elle empiète à présent sur le temps humain, sur le temps de la production - là, cela devient sérieux, cela ne fait plus rire : on se fiche du péché, mais on pardonne difficilement le vice et l'amoralité -
voilà un subtil coup d'état de la société civile, qui s'accapare le droit de gérer notre temps personnel et de jeter l'opprobre à ceux qui flânent ?

dimanche 20 octobre 2013

sérieux

s'il existe un endroit où il faut faire preuve de sérieux et d'où le rire est banni, ce n'est plus l'école, ce n'est plus l'église, c'est le musée, c'est la galerie d'art - attention, c'est du sérieux, c'est de l'art, on fronce le sourcil d'un air connaisseur, on apprécie et éventuellement on s'enthousiasme, on écoute d'une oreille méprisante les commentaires des autres, toujours si plats - on apprécie encore en hochant la tête, on concentre son attention non pour mieux y voir mais pour mieux montrer que nous, on regarde - hochement de tête entendu, froncement de sourcils, hauteur - on ne badine moins avec l'art qu'avec dieu...

jeudi 17 octobre 2013

signe extérieur de vieillesse

et encore on n'a pas autopsié mon foie et mes poumons...
je lisais récemment l'article (élogieux) de monsieur assouline [qui a plus de huit lecteurs, lui, le salaud !] à propos de france culture et j'y notai avec un certain désagrément : 
"cela dit, l'âge moyen de l'auditeur est de 54 ans"
comme un coup de poignard dans mes ridules et mes cheveux grisons - j'avais bien conscience de n'appartenir point au monde des jeunes, des vingtenaires, mais me propulser sans m'avertir dans celui des cinquantenaires bien murs....


http://larepubliquedeslivres.com/le-premier-demi-siecle-de-france-culture/ 


mercredi 16 octobre 2013

the belly of an architect (badinerie)

un ami architecte me parlait hier des lubies de certains richissimes personnages qui illuminent marrakech de leur indispensable présence ; ainsi monsieur r***, qui a fait construire pour ses 64 ans un jeu d'échecs grandeur nature - on ne nous dit pas s'il paye quotidiennement soixante-quatre figurants pour les pièces - puis pour ses soixante-sept ans une piscine de soixante-sept mètres de long (il eût pu, pour faire chic et pour aller jusqu'au bout du nombre, prendre des maçons bas-rhinois) - on redoute déjà dans toute la palmeraie l'idée qui en lui germera pour son soixante neuvième anniversaire...

juste retour des choses

nous nous gaussons fort lorsque nous entendons des discours du passé : comment, nous disons-nous, les gens de l'époque purent-ils croire à ces grossières propagandes, à ces claires manipulations ? nous n'eussions pas été dupes, nous, tout comme nous eussions tous été résistants - quel malheur pour le monde que notre tardive naissance -
malgré les investigations si pénétrantes du petit journal qui plaît tant aux demi-habiles de blaise, nous avalons quotidiennement des bassines de foutre sans dresser l'oreille mais au contraire en détendant notre rectum - il est donc probable que les générations futures auront elles aussi de quoi se moquer de nous et de tomber des nues comme nous le faisons -
il est encore plus probable - en raison de l'horizontalité vertigineuse - qu'elles se soucieront de nous autant que nous des hommes de cro-magnon et qu'elle préfèreront se caresser le nombril plutôt que d'éviter de commettre nos erreurs...

dimanche 13 octobre 2013

sur la lecture

notre exigence de lecteur accouplée à notre expérience d'écrivain raté font que nous ne supportons que la lecture de livres que nous eussions aimé écrire et, contrairement à ce que croient les gens du monde et la grande masse des demi-habiles, nous ne sommes pas jaloux des succès des écrivains à la mode ou des auteurs commerciaux - eux existent à peine pour nous et nous râlons de voir la place qu'ils prennent pour rien presque - 
si nous envions quelque chose, c'est le talent ou le génie des  auteurs, morts ou vivants, qui continuent de bouleverser notre vie et de nous donner les coups de hache dont parle kafka - et d'ailleurs cette jalousie n'existe qu'à peine, subjugué que nous sommes par le bonheur tremblant de notre lecture...

pourquoi utilisé-je le nous pour dire je ?...

vendredi 11 octobre 2013

le fumeur et le bichon

dans notre société d'abondance où il va mieux être un chien de race qu'un homme sans destin - ou pire, qu'un fumeur avec un semblant de petit destin - à tous les fumeurs qui sont de bien grands pécheurs - à tous les défenseurs de bêtes à poils qui nous rendent un peu plus misanthropes - une petite anecdote, que dis-je, une parabole, que ne reniera pas mon ami philosophe jamon baptista del guadalquivir :
un fumeur raconte - la scène se passe dans un train
"la vitre est baissée. tout à coup, juste avant le signal de départ, deux dames arrivés au dernier moment entrent avec un petit chien et s'installent devant moi [...]. toutes deux pas mal de leur personne et d'un abord hautain; elles s'entretiennent en anglais. bien entendu, je continue à fumer; c'est-à-dire, j'y avais bien songé un instant, mais je continue à fumer, tourné vers la fenêtre dont la vitre restait baissée. le bichon est sur les genoux de la dame en bleu ciel, un tout petit bichon, pas plus gros que mon poing, noir avec des pattes blanches, une rareté. je reste coi. je remarque seulement que les femmes semblent fâchées, à cause du cigare évidemment. l'une d'elle me dévisage avec son face-à-main en écaille. je ne réagis toujours pas puisqu'elles ne me disent rien ! si au moins elles m'avaient parlé, m'avaient demandé de ne pas fumer; il existe tout de même un langage humain; mais non, elles se taisent. tout à coup, [...] la dame en bleu ciel m'arrache le cigare et le jette par la fenêtre.le train continue à filer, tandis que je la regarde, ahuri. une femme sauvage, positivement sauvage, à l'état absolument sauvage, bien que par ailleurs une belle femme, bien en chair, ample, grande, blonde [...]; elle me foudroie du regard. sans un mot, avec une politesse parfaite, avec une politesse pour ainsi dire raffinée, je tends deux doigts vers le petit chien, je le prends délicatement par la peau du cou et... hop-là, je l'envoie par la fenêtre rejoindre mon cigare. à peine a-t-il eu le temps de pousser un jappement..."
comme cela me fit du bien de lire cela dans l'idiot de dostoievski...

mardi 8 octobre 2013

centenaire

allez on va bien écouter encore une fois "milord" de la môme édith, dont la mémoire est d'ors et déjà entachée par la môme marion - un punk de mon temps de lycée (siècle dernier) me disait qu'elle aurait chanté du hard rock, ce n'est pas idiot, comme il n'est pas idiot de songer que les violons saturés de brahms annoncent le métal - je digresse - ta gueule - cinquante ans qu'elle est crevée la môme, pourquoi célébrer la mort ? 
alors que...
ma neuvaine de lecteurs de lecteurs (mais qu'importe la quantité, tant je sais que ce sont les justes) n'oublia point que nous fêtons le centenaire d'alcools de guillaume a. [ainsi devons-nous consommer cent bouteilles cette année] et de du côté de chez swann de marcel p. [ainsi devons-nous nous faire gruger par une petite centaine de cocottes, ou cent fois par la même ce qui est plus jouissif] et de les inviter à lire ou relire les deux merveilles de 1913... - 
c'est fait, comme disait huysmans à la fin de la préface d'à rebours; vous pouvez vérifier...  

samedi 5 octobre 2013

un libéral

une émission que j'écoutais il n'y a pas si longtemps - un entrepreneur fort libéral assène l'argument imparable : "sans les entrepreneurs, on vivrait encore dans des cavernes." - quand l'entrepreneur étaye son argumentation sur une connaissance fine de l'histoire, on ne peut que se taire ; l'entreprise nous fit sortir de nos cavernes obscures pour nous installer heureux dans des taudis -

vendredi 4 octobre 2013

insomnie

en solidarité avec tous les insomniaques, tous ceux qui souffrent d'excès de mémoire, petit extrait d'un livre dont j'ai oublié le titre mais que je crois avoir lu...
"qu'est-ce que notre insomnie, sinon l'obstination maniaque de notre intelligence à manufacturer des pensées des suites de raisonnements, des syllogismes et des définitions bien à elle, son refus d'abdiquer en faveur de la divine stupidité des yeux clos ou de la sage folie des songes ?"
mémoires d'hadrien, marguerite yourcenar

samedi 28 septembre 2013

livre

bon mot du comte martin de w., à qui j'offrais cet été un ouvrage de boulgakov :
- un livre... c'est sympa... mais tu sais, j'en ai déjà un...

jeudi 26 septembre 2013

stromae

si la couperose est un signe d'éthylo-tabagisme, si le boitillement est le signe d'une insuffisance veineuse, trouver, en revanche, non pas un certain talent, mais de la profondeur, à stromae, relève du symptôme...

samedi 14 septembre 2013

mort en marche

mon ami lucius, qui dépérit avec le sourire de sa cirrhose - comme son compositeur favori, l'acariâtre ludwig von beethoven - me disait hier : "le monde dépérit d'un cancer du nombril..."

sales profs

tout le monde déplore la baisse de niveau en orthographe et relève que les jeunes ne savent plus écrire - alors que de notre temps, nous écrivions tous comme racine ou rousseau, ou comme proust lorsqu'on oubliait de mettre des points à la fin des frazes, la jeunesse peut se gausser à juste titre - évidemment, le responsable de la baisse de niveau est le système scolaire qui refuse le b-a ba et promeut le blabla - peut-être faudrait-il un instant songer que la lecture des magazines et des journaux et d'harlan coben pollue autant notre pensée que notre plume...

mercredi 11 septembre 2013

bile

quelques beaux éclairs dans le journal atrabilaire de jean clair, par ailleurs loin de tenir toutes les promesses de son titre - il propose par exemple qu'au lieu de faire une vaine nuit des musées destinées aux personnes "de pratique culturelle autre", on éteigne toutes les lumières de paris pour que les habitants puissent revoir un ciel digne de ce nom - et se rappeler qu'il existe...
et sur le chemin de la vie à la mort...
"à l'entrée dans la vie, l'escalier est d'honneur, mais la sortie est dérobée. on attendait tout de vous, on n'en attend plus rien." (p. 218, folio)
on peut être accompagné plus ou moins longtemps, on finit toujours seul...

mardi 10 septembre 2013

si par un après-midi d'été un lecteur...

"c'est un contresens d'écrire aujourd'hui de longs romans : le temps a volé en éclats, nous ne pouvons vivre ou penser que des fragments de temps qui s'éloignent chacun selon sa trajectoire propre et disparaissent aussitôt. [...]"
c'est le constat d'italo calvino aux premières pages de si par une nuit d'hiver un voyageur
il faut alors remercier les quichotte qui ne peuvent pas ne pas faire du long parce que la voix la pensée ou la plume enfle à mesure qu'elle barbouille de noir, dans le frémissement, les pynchon ou les bolano qui renoncent à être lu en quantité pour aller au bout d'une manière de principe de nécessité intérieure, comme eût dit kandinsky, selon lequel l'amplification n'a pas de limite en soi et qui refuse la couarde adaptation au court et à l'accéléré - 
 

mercredi 28 août 2013

jeunesse

pour que les jeunes gens se tiennent tranquilles, les hommes de quarante ans leur raconte que la jeunesse est le temps des surprises, des découvertes et des grandes rencontres, et toutes leurs histoires sur ce qu'ils feraient s'ils avaient de nouveau vingt ans, leurs jeunes espoirs, leurs jeunes dents, leurs jeunes cheveux, avec leur fameuse expérience des pères, de citoyens et de vaincus. la jeunesse sait mieux qu'elle n'est que le temps de l'ennui, du désordre : pas un soir à vingt ans où l'on ne s'endorme avec cette colère ambiguë qui naît du vertige des occasions manquées. comme la conscience qu'on a de son existence est encore douteuse et qu'on fait fond sur des aventures capables de vous prouver qu'on vit, les fins de soirée ne sont pas gaies ; on n'est même pas assez fatigué pour connaître le bonheur de s'abîmer dans le sommeil : ce genre de bonheur vient plus tard.
personne ne pense avec plus de constance à la mort que les jeunes gens, bien qu'ils aient la pudeur de n'en parler que rarement : chaque jour vide leur paraît perdu, la vie ratée. [...] ils vont répondent que c'est gai, cette existence de larves en nourrice en attendant d'être de brillants insectes de cinquante ans. [...] à trente c'est déjà fini, on s'arrange ; comme on a commencé à s'habituer à la mort et qu'on fait plus rarement le compte des années de reste, avec tout ce travail qu'on a, les rendez-vous, les politesses, les femmes, les familles, l'argent qu'on gagne, il arrive qu'on croit tout à fait à soi-même.
selon paul nizan (la conspiration), il semble que je sois resté un gars de vingt ans...

lundi 26 août 2013

pour défendre dagmar staub khayyam

le pauvre hère violenta - sans la violer - une domestique dans un hôtel de moyen standing de baltimore, alors qu'il faisait un pèlerinage sur les traces d'edgar allan poe -
mais ce fin lettré pouvait-il ignorer "un fils" de l'ami maupassant, où un académicien culbute une servante bretonne à même le sol et déclare : "huit jours après, j'avais oublié cette aventure commune et fréquente quand on voyage, les servantes d'auberge étant généralement destinées à distraire ainsi les voyageurs." ?
nous avançons, me dit-il avant son incarcération, vers des époques bien frileuses... 

dimanche 25 août 2013

pour une réconciliation franco-britannique // champs magnétiques

toujours ces coïncidences fascinantes pour le scripteur, mais seulement tolérées au génie, à l'artiste - non point au gueux, derechef, plutôt deux fois qu'une, traité de dément.
alors que je lisais le livret france-grande-bretagne de l'adpf (1994) - ô que j'aimerais avoir le titre de monsieur yves mabin, "sous-directeur du livre et de l'écrit") - marie-pierre de f***, comtesse de pompulilu, m'envoie un pneumatique pour que nous nous rencontrions dans un casino quelconque du bord de mer (où les filles sont chouettes), elle me précise qu'elle sera accompagnée d'un lord anglais de ses amis - nous allions sceller la réconciliation avec la perfide autour d'une coupe de champagne rosé, tout en dilapidant le cadavre de nos fortunes à la roulette...
que me prit-il, alors, lorsque ce pauvre bougre de touriste rougeaud de soleil et de guinness, me demanda avec l'accent de manchester de lui indiquer le chemin de notre-dame, je le priai d'aller se faire baiser en enfer par cromwell et de laisser ma petite jeanne tranquille ?

mardi 20 août 2013

nemo

quel bonheur (malgré les longueurs) de retrouver le capitaine nemo dans son nautilus, en bord de méditerranée : cela m'a rappelé mes plus beaux voyages, en classe de cinquième, avec les aventureux savants de jules verne, quand mes amis plus matures rêvaient d'aller draguer des allemandes au papagayo...
cela ne m'a pas empêché de rester un vieillard - "ce ne sont pas de nouveaux continents qu'il faut à la terre, mais de nouveaux hommes." dit le misanthrope capitaine.

vendredi 9 août 2013

vivant

Lucius me disait hier : "il est des moments où je me dis que je fais parti des gens qui n'en finissent pas de mourir. même ça je ne suis pas foutu de le faire jusqu'au bout."
puis il reprit la lecture d'à rebours sans plus s'intéresser à ma petite personne -

vendredi 2 août 2013

géographies

quand bouvard et pécuchet s'occupent de pédagogie, et plus précisément de l'enseignement de la géographie, ils hésitent, ils divergent :
"bouvard pensait qu'il est plus logique de commencer par la commune. pécuchet par l'ensemble du monde."
un siècle plus tard, les ordonnateurs de programmes scolaires en sont toujours là, un coup l'espace proche, un coup la planète bleue -
de là à affirmer que bouvard et pécuchet est d'une modernité absolue, il n'y a qu'un pas que j'hésite à franchir, essayant de ne pas me leurrer sur ma propre ignorance, ma propre bêtise, ma propre et vaine soif de savoir qui m'a mené à bien des scepticismes //
 
[je double-slashe tout de même, pour me sentir jeune et moderne, dans la canicule qui devrait tôt ou tard assécher mon corps vieillard.]

vendredi 26 juillet 2013

aphorisme

dans le monde, il existe à peu près autant de gens désintéressés que de gens intéressants -

mercredi 24 juillet 2013

rusticité

on peut lire, dans l'introduction de l'ouvrage, gritze dunderwadel noch a mohl, de monsieur bastian, que l'alsacien (le dialecte) est "rustique mais pas grossier" : 
prenons la lettre a et les mots dérivés de arsch [cul] :
- arschfiger : enculeur
- arschglüwer : qui fouille dans le cul
- arschleger : lécheur de cul
...
la poésie est présente partout - poésie rustique certes, digne des églogues de l'ami virgile, mais point grossière, qui ouvre une nouvelle compréhension du monde
car cet adolescent qui me traita naguère de fils de pute en me disant d'aller me faire enculer sans quoi il irait niquer ma mère et que je rossai copieusement ; quelle attitude plus ouverte j'eusse eu si j'avais (si j'aurais en alsacien) compris que ce n'était ni grossier ni insultant, mais vert et rustique, direct, taquin, imagé ! 

pourquoi ne pas assumer la grossièreté et l'ordure quand elle est présente, pourquoi n'a-t-on pas droit d'en rire d'ailleurs, pourquoi n'a-t-on plus le droit de nous verser des seaux de vraie merde les uns sur les autres, plutôt que d'avaler les étrons quotidiens du tube cathodique, de la littérature écrite par marc lévy et des réseaux asociaux ? - pourquoi benoîtement s'en offusquer comme une jeune vierge effarouchée ?

cette introduction est digne d'un kasfutz...

mardi 23 juillet 2013

cueillette

comme je cueillais des framboises dans le jardin familial, je ne pus que constater, à l'état de mes doigts esthètes, l'extrême agressivité de ce fruit - mûre [la belliqueuse brambasia] portant une fraise guerrière - 
mais téméraire et aristocrate, j'attends avec impatience d'en découdre avec sa cousine la mûre [mora, neutre pluriel devenu féminin, qui peut être un écho à la mort], toujours de bon matin dans le jardin familial, et de mettre un terme temporaire à leur arrogante hégémonie -
non notre époque ne manque pas de gens courageux -

lundi 22 juillet 2013

en réaction

entendant à la radio un extrait des caractères de monsieur de la bruyère, je crus qu'on parlait des réseaux sociaux - allez soyons fous, laissez-vous édifier une nouvelle fois par l'étonnante concordance de temps :
"l'on dit à la cour du bien de quelqu'un pour deux raisons : la première afin qu'il apprenne que nous disons du bien de lui,la seconde afin qu'il en dise de nous."
le principe d'auto-congratulation fonctionne à plein, à tout bout de toile... 

jeudi 18 juillet 2013

souvenirs d'afrique

maintenant, jamais il n'écrirait les choses qu'il avait gardées pour les écrire jusqu'à ce qu'il eût assez appris pour les écrire bien. En tout cas cela lui éviterait d'échouer dans sa tentative. peut-être n'arriverait-on jamais à les écrire, et peut-être était-ce pour cela qu'on les remettait à plus tard et qu'on ne pouvait pas commencer à les écrire.
était-ce moi ou hemingway qui réfléchissait à haute voix dans la nuit unanime - et strasbourgeoise - no one could say...

mardi 16 juillet 2013

soliloque

"j'implore tous ceux qui m'aiment d'aimer ma solitude." rilke
en manière de péroraison...


dimanche 14 juillet 2013

solitudes

il m'arrive, en voyant quelqu'un s'abîmer dans le puits sans fond d'une lecture - le dernier que je remarquais lisait mrs dalloway  dans le wagon du t.e.r. qui me conduisait à la clinique -, de sentir mon coeur gonflé d'une manière de gratitude, comme si soudain j'avais un compagnon de solitude, et d'oser dans toute ma naïve candeur me dire que je ne suis pas tout à fait seul...

vendredi 5 juillet 2013

faustus

attrapé dans le docteur faustus, de thomas mann :
"pourtant, me suis-je dit, combien il vaut mieux inspirer confiance aux gens que d'exciter leurs passions, combien il vaut mieux passer pour "brave homme" que pour "beau" !"
mon cher thomas, heureusement que notre époque a cessé de (vous) lire, car elle serait incapable d'adhérer à de telles inepties ; nabila, à qui je lisais ces lignes hier tandis qu'elle se faisait une "fish pédicure", ne me dit pas le contraire : "mon brave, me dit-elle, vous pouvez y aller." et rocco la potra d'entrer dans le petit salon...

mercredi 3 juillet 2013

tourisme durable

un promoteur prometteur s'exprimait ce matin sur son concept de tourisme durable aux seychelles, tourisme basé sur les économies d'énergie, le recyclage et la participation des clients au geste écoresponsable ;
"le plus difficile, le plus indispensable aussi, est d'impliquer les populations locales [les gnaqoués et les bamboulas ne sont guère écoresponsables] : mais grâce à la sensibilisation au recyclage, ils font  les poubelles de mon hôtel, et en se battant s'il vous plaît, tant le recyclage leur tient à coeur], aux économies d'énergie [on a dû leur couper l'électricité et l'eau pour allumer notre "fontaine tour eiffel" de si bon goût toute la nuit, et cela leur évite de perdre un temps précieux devant des matchs de football], les habituer à planter des arbres [et ils en plantent, des arbres, et pour pas cher en plus, autour du golf écologique et de la promenade des senteurs] - quant aux clients, ils ont pour habitude de choisir localement leurs prostituées, un premier geste d'écoresponsabilité qui parfois leur coûte, mais qui permet en outre un enrichissant dialogue des cultures." 

liberté

quel autre choix a-t-on que de surmonter l'existence ?

mardi 2 juillet 2013

tintin et corto

il y a toujours quelque chose d'assez jouissif - je suis un être de jubilation - à asséner à bobo et bobotte qu'on préfère la ligne claire d'hergé et sa vision politique - n'en déplaise à péguy - à la tartine mystique, aqueuse et floue du trait et au salmigondis ésotérico-kabbalistique d'hugo pratt -
[comme si on ne pouvait apprécier les deux pour des raisons différentes tentai-je hier de dire à crécelle de spumo qui manqua de s'étouffer en finissant son douzième verre de rosé, avant d'aller faire l'éloge des spéculateurs de wall street et de la cuisine bio]

mardi 18 juin 2013

la jambe de rimbaud

"mais que veux-tu ?" clôt la correspondance de vincent van gogh d'avec son petit frangin théo - phrase énigmatique sujette à interprétations et à thèses diverses et passionnantes.  c'est plein de l'envie d'aller couper les oreilles des sots qu'on sort de cette lecture -
je ne pus [car je vis dans le passé simple] m'empêcher de me rappeler la dernière lettre de rimbaud, datée du 9 novembre 1891, au directeur des messageries maritimes, qui finissait par ces mots de l'unijambiste qui n'était plus poète "dites-moi à quelle heure je dois être transporté à bord..."
ah mystère insondable des phrases qui de peu précèdent la mort !
à mon tour de proposer une interprétation de rimbaud : la dernière lettre comme une dernière mystification - le voyant avait vu qu'il allait mourir - dans laquelle s'engouffra la foule conquise des exégètes de toute obédience. 
[et tant pis si après cela aucune université ne veut de moi...]

lundi 17 juin 2013

coïncidences

temps étranges de douteuses convergences : je lisais go down moses [toujours faire croire qu'on lit dans le texte original] de faulkner et deux noirs s'assoient à mon côté ; puis je me mets à la correspondance de vincent van gogh et j'entends parler le hollandais sans peine par deux touristes rougeaudes ; le soir, je lis apéritivement "funes ou la mémoire" et je suis pris d'insomnie durant la nuit - 
mon bon ami julien-barnabé, originaire d'andalousie et aristocrate déchu, frémit d'un coup comme je lui narrais cette journée si riche d'inintéressantes coïncidences : "demain je me poste au même endroit avec les récits érotiques de pierre louÿs et les cent vingt journées de sodome !"

lundi 3 juin 2013

guérison

de lucius, cher ami, "si la maladie peut n'être point trop douloureuse, la guérison apporte toujours son chapelet de souffrances."

samedi 18 mai 2013

hasard et coup de dés

comment ne pas éprouver une violente culpabilité quand on vous apprend que votre père a fait un infarctus au moment même où vous écoutiez une émission sur oedipe, de sophocle à deleuze -
mais ce genre de coïncidences ne sont acceptables que si l'on a un nom - andré breton par exemple, ou nabila, ou n'importe quel histrion du petit écran ; quand on s'appelle roland lésy ou yolande zéro, les gens vous suspectent et vous camisolent, souvent de force...  

mercredi 15 mai 2013

back to the roots

brigitte s. à qui je disais que cela faisait treize que j'avais quitté la france nous parla de gens qui s'étaient éloignés de leur pays depuis trop longtemps et qui étaient cassés, déglingués, nulle part chez eux - parlait-elle de moi ? je ne crois pas - pouvais-je lui dire que je m'étais toujours senti étranger partout où je suis passé, et dans mon propre pays encore plus, puisque cela me paraissait incongru, voire injuste -
et encore je n'osai pas le ridicule (mais pourtant vrai) ma seule patrie fut la compagnie des livres - cependant si j'y réfléchis bien...
et même cette patrie si tendrement chérie finit par se lasser de vous...

dimanche 12 mai 2013

brigitte smadja

que j'ai eu le plaisir de rencontrer vendredi dernier, pour une intervention dans ma petite salle de classe - durant icelle, elle nous montre un carnet où elle prend des notes sur les villes qu'elle visite, car c'est une grande marcheuse -
cela m'a rappelé la remarque de mon ami marchand de tapis, : "tu restes seul avec un livre ou un stylo, tu n'as pas un besoin compulsif de voir du monde, tu marches toute la journée ! T'es écrivain ou quoi ?"
on essaye, on fait ce qu'on peut, sans trop se dire qu'on a tort - 

l'esprit de la révolte

la révolte ne se fait pas contre une autre génération, contre le monde ancien dont nous sommes las - la vraie révolte nous oppose à nos congénères, nos contemporains, nos semblables - à ceux de notre âge -

vendredi 10 mai 2013

fiction

mon ami lucius à qui on demandait quel était son type de séducteur idéal répondit à la journaliste : "le docteur goebbels"
inutile de vous dire qu'il fut voué aux gémonies et ostracisé en austro-hongrie - on ne peut pas rire de tout, on ne peut même plus rire de rien...

mardi 30 avril 2013

proverbe polonais

mon ami zbygniew me disait l'autre soir :
"à force de rouler bourré on finit par rêver d'alcootest."

mardi 23 avril 2013

voyant

rimbaud est un vrai voyant - dans le pur sens contemporain de astro gratuite au 08..., le travail l'amour l'argent -
sinon, comment fit-il pour parler ainsi de moi, qui devais naître 102 années et quelques mois plus tard, le jour même de l'anniversaire de sa mort ?
"il veut vivre somnambule." (une saison en enfer)
autant de preuves irréfutables [correspondance de dates, vision de moi errant parmi le monde...] qui pourtant me mèneront au mieux, dans notre monde sans hasard et sans grâce, à la camisole avec option chambre capitonnée...

lundi 22 avril 2013

le plus vieux métier

hier nuit, alors que je rentrais avec un litre de lait pour sevrer ma progéniture sans projet autre que de vivre et de se bien nourrir de terrestres nourritures, mon voisin m'avise : "il y a eu une agression dans le quartier, un gars qui a volé les portables de deux filles, juste là, au bout de la ruelle. faut être prudent." intervient alors la taupe du quartier, l'homme qui rôde, les antennes, la balance. échange de mots en arabe. l'étonnement d'abord : "il y a des prostituées dans le quartier ?" le soulagement ensuite : "finalement ce n'est pas si grave, c'était des prostituées." qu'on choure le portable de deux putes, ce n'est pas si grave -
faut-il donc être jésus ou moi pour aimer les putes, pour les chérir corps et âme ? [je veux dire les considérer comme des êtres humains comme les autres quoique un peu plus chers ?]

vendredi 19 avril 2013

le vieux est l'ennemi du bien

il y a toujours quelque chose de rageant à se faire dépasser dans une file d'attente, ici ou ailleurs, par une vieille dame (âgée) qui vous passe devant le nez en faisant mine de ne pas trop savoir quoi faire et qui vous gratte votre place - on ne peut élever la voix, on ne peut remettre l'âge à la place qu'il mérite (qui n'est pas forcément l'hospice, mauvaises langues) -
hier, je me contentai donc, bien involontairement, d'écraser de mon talon ferré le petit pied fragile de la dame en essayant de saisir un sac plastique à la caisse - mes plates excuses bien remboursées par le rictus douloureux de la vieillesse roublarde
nous étions quittes -

samedi 13 avril 2013

para doxa

s'il n'y a jamais rien qui dure (cf. pierre et jean de monsieur maupassant), il n'y a jamais rien qui change non plus
il faut finir d'attendre -

mercredi 10 avril 2013

nuit rhénane

je suis toujours impressionné par la capacité de la gente féminine à éprouver de la compassion -
dimanche je marchai dans un brisure de verre à vin - verre brisé dans un éclat de rire s'entend - et comme je commençai à uriner mon hémoglobine, oriane, occupée à vider un verre de champagne rosé quand je m'occupai à me vider sur la terrasse de marbre, me jeta un regard furieux en me disant d'aller en foutre ailleurs, dans le gazon par exemple, plutôt que de gâcher l'après-midi...
je tordis mes cheveux verts à ses pieds et allai ramper dans le maudit gazon...

mercredi 3 avril 2013

talkin' 'bout my generation

il y a vingt ans, ma génération était anti sociale et perdait son sang froid - à présent elle perd son sang froid devant les acquis sociaux...
c'est le passage de l'anarchisme libertaire à l'anarchie  libérale...

samedi 30 mars 2013

sain(t)e évolution

nu à plat ventre devant le crucifix, tandis que je le fouguetais de vergues pour accélérer (cf hartmut rosa) sa résurrection, lucius me disait :
"pour les luthériens, le plus important, c'est le vendredi saint. pour les calvinistes aussi, ils sortent leur culottes cloutées. pour les ultramontains, c'est le dimanche où il [yeshoua] sort du tombeau. à l'heure actuelle, le jour crucial de la sainte semaine, c'est le lundi férié. réduire pâques à son lundi, un véritable progrès : enfin nous cessons de regarder en arrière pour fixer l'avenir à pleins yeux..."

jeudi 28 mars 2013

obsolescence

"une des solutions à l'obsolescence est la dépossession" me disait lucius au volant de sa nouvelle automobile

dimanche 17 mars 2013

plagiat (histoire)

commets-je un plagiat ? de perec ? mais il me semble, contemplant la situation historique tant diachronique que  synchronique, que nabuchodonosor, césar, attila, jean le bon de paris, jean le bon d'aoste, gengis khan, napoléon, hitler, pol pot, robert kagan et tant d'autres, c'est l'histoire avec une grande hache...

samedi 16 mars 2013

daniel et sa fosse aux lions

mon ami daniel k., frère abyssin de joseph, me racontait un de ses rêves :
"vois-tu, je discutais avec f***, cette femme splendide. je dévorais l'ambroisie de ses paroles. les chandelles brillaient sur la table du restaurant quatre étoiles. Le vin que nous buvions était un nectar fabuleux, ses mots un opéra [zeugme]. je l'écoutais et je voyageais avec elle. Elle parlait d'immortalité de l'âme et je me mis à croire à celle de la sienne. puis un silence se suspendit entre nous. elle était perfection. je pris la parole, doucereux : "f***, écoute, j'aimerais bien te baiser." et à ce moment que je me suis réveillé.
voilà donc un homme qui même dans ses rêves demeure aussi malade que dans la réalité // 

vendredi 15 mars 2013

dictionnaire


je me souviens avoir entendu quelqu'un dire un jour que l'important, dans le dictionnaire des idées reçues du bon gustave, ce n'était pas les idées reçues, mais le choix de la forme "dictionnaire" : mais qui le dit [passé simple] et pourquoi cette formule haute et profonde (oxymore) est-elle précisément haute et profonde, de cela je suis incapable de me souvenir -
ce qui ne m'empêcha pas de sortir, quand d'autres snobs que moi devisaient sur les nouveaux poncifs de notre époque, que "l'important n'était pas dans les idées reçues ou les lieux communs, mais dans le dictionnaire ou l'exégèse" puis vite prendre la fuite en sifflant lilliburlero avant d'avoir à m'expliquer davantage auprès des catins de la pensée, dans le sifflement des langues déjà perfides qui allaient tenter de faire oublier l'humiliation subie en crachant sur le dos fragile de mon absence...



dimanche 10 mars 2013

on marche

et parfois on boîte
je me suis interrogé lors d'une chorégraphie d'éric lamoureux et thierry thieu-niang, car la danse m'interroge, moi. dès le début, la toux d'une dame agaça un spectateur certainement plus raffiné que moi - il n'y avait point de musique, il y avait celle du silence (joli ça) certes, mais il y avait la poésie des corps qui pouvait, il me semble, se passer de silence - il est curieux de voir la différence de statut d'une chorégraphie selon qu'elle est présentée dans une salle de spectacle (l'institution exigeant, dans la caboche des spectateurs, un comportement particulier) ou dans un espace non consacré (un lieu public, bab doukkala) où le spectateur va, viens, parle, commente, s'implique, voire sniffe de l'essence, peut tousser sans subir les foudres du spectateur raffiné -

mercredi 6 mars 2013

hommage

voici la dernière lettre écrite par mon ami écrivain nico de lo, que j'intitulerai son testament à l'indienne - c'est avec beaucoup d'émotion, mais aussi avec une infinie pudeur que je la livre au public nombreux qui me suit dans les intestins de mes lignes et de mes phrases :
"nŒª“’ 4u ¥Ï /ŸE ²J AÅ ª'½`ýS'5 ’eå ¹ óÓM”ò)8bTÀZ°âA^ª–w{µLëjM­A%à gÊ!ˆ¹£”B Y1  •îà ¾œ 8ºº´0›t.ë @ª Š‡La/u‰;sŒÊ ª‡¡&åô>aOšúz+¥xÎé,­dÔx!¨-k¼aä:ñˇâ8! E–“ d¡ÁÏ$Æ*k »² ´,ck¡uWÃÒjz'¥m Ikœz gΪÀE?€* +Í%ÓÄ(tF•«ˆÊ’ ‚ °zU0çÓØl?R­:—¾ËmèïÛVz— »®Çº:²à¹cÁ „œØš$`’V%¡Aï†a‰âD^«/F¨Ì ôl¶è©

Šç (²$‰/šžÌ >šårò 'ÚÀôÒ·µ!º°ˆåÌï<¹jhËÕ™åCñ ! 59š‡ ƒHÝÆF°]&•a¨€D‚ƒ ^_å Q[E³c7v.JŽFJ f &Y‰¿êðlà bêœ §³“ñóŽæ÷&ü ñ×=h ðpØ:«êLÆÁwkÛÃWMb÷£wažNëºÍ9±‘ Âò9[x- ìM dóà ˆ\*… u†±´åôX7’}c íJsþÀ ¨XG4ÐöRä~ž‡IÔ]å :* Õ xé†Ï%9#¯dóQ Ý, ˆà! E’–ÈC°P`çÆÛ´˜¢Ñš™)ÂZ¥ë ]¢ ¡Ð Sq‡o>"Ç ãã6åp¼k S ŸÔ©$1rf˜×;ˆü}ã? ò–x{Ùm•,Ñäß ×b,{»Ü©¶²¦ýVÛ ž±“FDÌ?%²¿!òö…x¡@€ ú€Q ³ß¦#ø *þ†íáóâW[¯†ãæ *§%Ð ÇžÁhG ¼9' éo€’iKðœe³ùÞ§–6 y@üG! Eš’ÍC Ÿžƒ 7!—À yêxÇnW7£ûfhäÈ-W!ãV “Ãk8(Ê™IΕ dÌ›Á¾‹$ö(7êÙtáMPõXB +çtË‹ÓÉ^Y ’†»³,Ö\hMtY)èÇšE2†™l
vous noterez le crescendo de l'intensité dramatique
{‘¼›fÉ ,W¶ªåXJ^ûÒ+W5Å ðKoß ^ ÀNçS?ž^²è—M ÷ªn¡#‡\ç0 Æš,ìx š0 ý˜¢o"røŽ! =ž ÍCƒ@Ú¤BÀ¸X@Œ#Nžãƒ$3c­Iý 9grl~  [K¬ ̹*/ ® – ¢ÏHú¦6 E=ûK“ÝÜß/#ÙõŒ4Åøø0 Oeí……'²ÜùZKÌ«¢ZäÛ5%ã×%“ :¥òxòºº,‹\Y Ö $<ãìþ½'0ÔÊ ò)}CNŠ¯<ù @ ¯> ˆšj~ƒa<¥ó¸$çÊpê Ýqâ Ý4U«^ 1
à peine supportable
%Cñ ! EŠšÊA± @ç¶Rc.ªI —’Y8«P\ö‘=ÿð.»î’‘øjµ‘â×1ÃÍpÁ‡òž {w“f“ㆇµO¼ –ù÷Šô òÐÇ£–’ÚìÎòF³+œ¯°mYLãdz1︅‘¬[ä8 u՝µ.‚ò ½Ó¬ öÜh ÇyÐ@Rú ëHëJMA H@Ð+ª J sCÈ4®
ñŽ2Õ=tî­ VÔÃvŽx¹Âtøf3’ J‡â8! 5’ e ÁÍ%^Ô,‹ÉJÔ]Xk_ÑG8ï”;{+´j[ îÙˆ}Wí•¥ J* ßNäùb¶ÄÖçftv¹Ô ã+2zÿU\C1¶PµyèÏ 1 ¥< Bù%w½ÖušŽÌgÄ鯭H¥“ ð ¹ æ {FÅ f ѹj¢HjïÉn”&€;Ð0°ì_
Lüu¸ÐA n á<´ °0SY:« Û/`Kzُoæïj^` ¯Íó SÒ…
Û t´ùʇâ8! ¢ d D ç ¬s.R 8 À§% }søÙ]9óSx ªä
je coupe, monsieur de lo est un intarissable bavard... mais il faut lire ses dernières lignes :
õµ‚ I½¨’}_U ³zÀÊF"™Ô¤ías½ þ², $G˜(Gése™j% ¼ ….m wŸ½Å‘x¥˜¦Q'
"E£ž„¢ `“N2L>ò‘œ²ÄgÁ É ‹R‰” žÌ&ÈÖJùÙ SX_ )ÂÓ‰i²€1& Û•öóùû“ï¾kåÕ•²•Uí¯¦Rr ¨8z¢Zfl ¬D¬¦vø}¾ yuR' ~#€! 5–› e ¯,UR- suqfˆ›€ n÷oõg™ö[•òFmoÒ o ¬'¯V,ɬo*«·Õ¼ _` y¼S:ãz„å‰ l\Î:LÕe ûúI2á×]f4 ?.#I€ À^ ¡ r÷£N“_³u\0—uO“èÏϲM‡~¤Ó Ã's=¶Ð®pzb ²z…
++À¤s*1†ŸÂ» ”ª@r&C9PÅÞÁÊÚ¢î–e®ƒ‰ùÞ ¸²†' ׂÕbjǏo9¢1NK ÃÞ‰«Ãq¸ã òøŽ! 5š› b ˜b kØÍvµ TZ&…,À C~ôÙë_ Å힇՞»s€ëóœâ׬úFpe¼…-º Ÿ RÊpÞÍéµ#YÍ’}%n­!"ó a—D åîèæ=³©„c f¢5°ÅM…R ”™(Ú “–¿n Þ£ —F@ O‡ 6 äÕé·’'œ´e\‰„Ðú5Ó5
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¿jȇ$ÝàÞ sex¯Ñ ªqó_N`)™‘¢äÂY±zÀˆˆÁþ~אø³Qä3~G Ûœ ˜µ…Y›ï› : question purement rhétorique certes, mais quel talent de l'avoir placée à cet endroit précis

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&0FbeÄóxý 1ÂØ$ÚI¶È“kÿã}*!Ó P/ 7—:ªõõ® àJ¤]ÀÅã¾ Wã¥Ö¹`®µ¬]uWó •‰MUEÅÉövÅÅâød?Ãàä—BA>ïš›œhÑ“xÍ‘–ÅaASÞ>ÆùôñÇíK=‚`L2$yö¹›»¼»—»oñ“ç› mÔ.'…âšÍémŒ‹† ‰Ý–¿p«Ž›eøD*2/"î+.Ù%,m6›§áIµ ž…Ò žNÅþè ].ý©å‚òR˜­üxO{êŸ ‰¶ìnvnüM÷ºn³’µU‡I­v UáA4Í Òê#«ú¨ï - ŠÅb 7/ÜQçõ¯Äêñ]ê €›àmÀ J! Þ„ \f `cdžü :¯ÂÞÆUj¢ê/ZªªøȺb骤ªª§ùlß Œà[ ÿÁ Ý«pÀ< Ý'ÒŠø`dÞ8ÍÖ› ¼¹VÃñ«iøÈXѹ WRs†õ Þîõųr˱’¢ÖkR±g, ۟χ>ž(XR Xë y8éñ?dú M¦ü0‚™0Üë'…ˆ6ë8¼inz5á" ;ï^Æn›½ÝÝï‰Ý7/²û‰Âô ,Jª®Žj­{âC¼ÀÓ‰ —ªáåëU øx ÅpýA³3óù9F ŸÎ«TÔŸÀ” Mâ½ß §˜ ýÖ¼p3ñ.«Uðz¯R‡EUUUk¡MUS®V UU½eø: †­W  ºã±Ü?Ö¹Fð‘DRZžx§YøQ –Íϳ/Õ -ž{»¨[ß¡[ÞïâC×ww;.þ_ëõ¢áþ BoyÿS-UV+ \Ç ë\Þ¬('ªÕ5â8
+^hP ,!ò¦(HȁÀk¨5k3UÔ¿ZàÈ 5sVª£Åð‹«‚ê¯{ÕJ(½W8Ð¥T]UUUjªªü@‘Ò
ëUU\ Àf🆕ê`Ï ø%â3ï`?/ß÷<µ^'.xš§Öª_7‰ ª÷—ãÎ5 ‚@øF!„ŸKåe†N ‹Ôïð\ { ÿ{ß‚u~?Î 7UÐúÐg Lý÷ãA ªª­k㪫›jª«ˆ‚íVûÖ pg%þü ¥_Ã&ïT?„ mߦíËŽC¨Œ çé½kŠ‹íªÕòœ+†dMhízœ’¢šY~ܬ – h ü"
on ne peut que se taire après de telles lignes, et s'incliner - merci pour tout monsieur de lo -

a fistful of dollars

à la lecture des voyages de gulliver, je me retrouve, moi qui balance entre deux âges, tel monsieur eastwood (mais en plus couard) dans pour une poignée de dollars  [per un pugno di dollari, toujours faire croire qu'on est polyglotte] qui contemplait la situation historique ("les baxter d'un côté, les rodos de l'autre... et moi au beau milieu !") - "l'impertinence de la jeunesse" d'un côté , "la suffisance des vieux"de l'autre , et moi au beau milieu -
reste à déterminer la nature de ma mission au milieu si joli de la cacophonie générale : serai-je un baume apaisant ou un peu d'huile jetée sur les braises ?

mardi 5 mars 2013

lundi 4 mars 2013

on marche

alors que j'assistais à une chorégraphie in situ à bab doukkala, mon regard se déplaça malgré moi des danseurs (toujours dire des danseurs contemporains qu'ils sont "habités", puis s'en aller en sifflant lilliburlero comme tobie shandy) vers les sniffeurs de colle et/ou d'essence qui , chiffon dans la narine béante, s'imprégnaient des touchers pondérés des trois artistes qui se croisaient dans un mètre carré à mesure que s'accentuaient les distorsions de la stratocaster fender qui accompagnait la danse - les snifeurs avaient eux aussi les yeux de plus en plus habités // [double slash, on parle de danse contemporaine tout de même]
magie de la danse capable de porter à l'éveil jusqu'aux adeptes du trychlo

vendredi 1 mars 2013

une maudite

elle voulait être danseuse mais elle n'avait point le talent nécessaire pour faire carrière -
elle se fit professeur de danse mais fut trop narcissique pour ne pas prendre toute la lumière des projecteurs à ses élèves, comme si le but d'un enseignement était de mettre en valeur le professeur -
elle était trop stupide pour ressentir l'échec fulgurant de son existence...

idée reçue

attrapé dans le dictionnaire du bon gustave f. :
"fusillade : seule manière de faire taire les parisiens."

dimanche 17 février 2013

honte

étrange confesse l'un de mes élèves : on se demandait quels pouvaient être les moments où nous ressentions la honte, il répondit lorsque je fais un truc pas bien et que je me fais punir //
et qu'est-ce qui provoque la honte, la mauvaise action ou la punition ? "Non, c'est pas la mauvaise action, ça je m'en bats les couilles (ah tendre verdeur du langage fleuri), c'est la honte de m'être fait prendre, encore que se faire prendre, je m'en bats la race si je ne suis pas puni après, c'est pour ça qu'on fait acte de contrition, qu'on prend cet air de clébard battu quand on se fait pourrir, qu'on se met à quatre pattes en couinant kaï kaï, qu'on vous montre à quel point on est désolé. non, la honte, c'est de se faire punir quand même, en dépit de tout cela, c'est une honte liée à un sentiment d'échec."

jeudi 14 février 2013

portrait de m. (misogynie à part)

mon ami lucius me présenta m. un jour en me prévenant qu'elle était une femme fascinante, un être d'exception ; c'est vrai, lui dis-je, qu'elle est unique, c'est la première fois qu'au bout de trente secondes je dis à une femme : "bon sang, ne pourriez-vous vous donc pas parler moins fort ?"

bardamu

à défaut de surpasser louis-ferdinand, j'ai consacré ma vie à tenter de surpasser bardamu, ou plutôt à le soupasser, ce qui me paraît déjà plus délicat -
"l'important, disait bardamu, c'est de dégoûter le monde qu'il s'occupe de vous, tout le reste, c'est du vice" [la ponctuation est peut-être inexact] - mais moi, presque sans vice aucun, j'ai réussi, non à dégoûter, mais à désintéresser le monde qu'il s'occupe de moi, sans même provoquer le dégoût ou le rejet...

mardi 12 février 2013

matin blême

aube grise 
ô ces matins frêles où nous ouvrons les yeux en souhaitant tout l'or de nos vies que ce fût le soir...

dimanche 3 février 2013

yolo

que ferait-on sans le magazine elle qui au début du mois de janvier (j'ai attendu avant de relayer tant la nouvelle m'avait bouleversé) m'apprenait que, en 2013) lol rip (requiescat in pace devenu rest in peace sous la pression de l'impérialisme linguistique d'albion la perfide fille des usa ou repose dans ta pisse en français car le français a toujours fait preuve de bon goût) et que à présent triomphait yolo (you only live once et c'est déjà de trop...)

j'allais en oublier le point d'interrogation, mais cet oubli du point d'interrogation pour cloturer l'interrogation n'est-il pas un signe d'ouverture d'une modernité absolue (taulologie, j'oublie encore volontairement le point d'interrogation)

bouc émissaire

est-ce l'influence de ma lecture récente des aventures de la tribu malaussène qui détermina mon geste ?
toujours est-il que je cimente l'unité
hier, un chauffeur de taxi s'empoignait verbalement et vertement avec un automobiliste qui lui avait fait une queue de poisson : klaxons, cris, poings levés et menaçants, menaçant de devenir pugilat (le chauffeur de taxi avait entrouvert sa portière -
alors je fis ce que je devais faire
je ne tentai pas une impossible médiation rationnelle censé les convaincre de l'ineptie d'une bataille au motif d'une incivilité automobilistique - je ne suis pas naïf
je donnai plusieurs coups de klaxon, j'agitai des mains interrogatrices, je les traitai d'enc... de leur mère, je tendis un majeur rageur
comme ils s'entendirent bien alors pour me sortir de ma voiture et me rouer de coups, et chaque os qui craquait les remerciait de fraterniser à nouveau... 

samedi 2 février 2013

lucius me disait hier il y a en moi tant d'absence et ce disant il me lâcha la main et je ne sus que me taire

mardi 29 janvier 2013

agonie

il faut être prévoyant
sur mon lit de mort, demanderai-je à ce qu'on me lise un livre jamais lu (lequel choisir ?) ou à ce qu'on me lise un livre aimé (choix impossible) ?
il est probable que je demande une dose supplémentaire de morphine - c'est d'un triste...

samedi 26 janvier 2013

zapping

désespérément de mon époque, le surf sur internet et le zapping ont fini par influencer ma façon de lire et de rendre quasi impossible la plongée dans l'oeuvre complète d'un écrivain : après un ou deux - maximum - livres d'un auteur, il me faut à présent entendre une autre voix...

indifférence

je me porte à moi-même une telle indifférence que j'ai la manie de considérer qui s'intéresse à moi [rassurez-vous cela n'arrive guère] comme suspect //

jeudi 24 janvier 2013

oxymore

grâce à moi l'oxymore se passe de mot
il devient double même //// [et le slash quadrupla]
je viens de poster le lien de la société du spectacle de monsieur debord (disponible sur youtube, oxymore n°1) sur facebook (oxymore n°2)
et de mot l'oxymoron se passa (gn,1)
vivre ainsi en permanence aux confins du génie m'épuise

vendredi 18 janvier 2013

vivre et penser comme des porcs

david lodge, avec qui je deviens ami ces derniers jours, me disait avant-hier, qu'un des personnages disait que feu son époux disait que charles stuart mills disait que, je le cite en ouvrant des guillemets palpitant de folle impatience :
"[guillemet palpitant] mieux vaut être un homme insatisfait qu'un cochon satisfait" [autre guillemet palpitant] / dave lui dis-je je regrette tant que tu t'enfermes dans une manière de penser si ridiculement humaine ; et si tu te décidais à entrer dans la psyché dominante de l'humanité, tu explorerais les possibilités illimités de penser comme un cochon...
il faut tout leur dire, à ces écrivains

mercredi 16 janvier 2013

fantasme chevalin

mon ami lucius me racontait : "ah mon ami, malgré ma haine des chevaux j'assistai ce dimanche à un concours hippique ; ah ! les vestales nubiles moulées dans leur pantalon moulant et chaussées de leurs bottes montantes, la fesse grave et secouée mais toujours ferme sur la selle, puis paradant fièrement la toque haute et la cravache à la main : dieu ! c'est tout un univers insoupçonné d'érotisme torride qui s'est ouvert à moi, juste après la messe..."
tu finiras en prison, me disais-je, je ne te donne pas trois concours hippiques avant de forcer une pauvre cavalière à te fouetter les fesses dans un tas de foin... 

dimanche 13 janvier 2013

mariage pour tous

courageusement, je suis pour ;
au fond je m'en bats l'oeil -
une question cependant à soulever, puisque il s'agit de la sacro-sainte liberté : y a-t-il une véritable liberté d'être contre sans passer pour réactionnaire, rétrograde, homophobe, sans entrer dans le grand catalogue de l'anti-modernité ?

mercredi 9 janvier 2013

sexion d'assaut (un peu de poésie)

il est dit, je cite avec des guillemets : "même si la mort n'arrête pas l'amour"
c'est beau
c'est très beau
se passe de commentaires et de ponctuation
ça surpasse de double slash de la modernité absolue
mais alors que dire des paroles de mon fils : "certes mais l'amour n'a jamais arrêté la mort non plus"
je ne ponctue pas
je ne ponctue plus
dans notre demeure
suinte, purule (si on veut bien me pardonner ce néologisme barbare ou ce nouveau barbarisme) l'internement de masse  

samedi 5 janvier 2013

kafka

contrairement à la plupart des exégèses du praguois (qui les fourvoie), je reste persuadé que ce n'est pas prague, mais nogent le rotrou, où il séjourna avec max brod entre sanatorium et bordels, qui lui inspira le château - je propose donc de fonder à nogent le rotrou une maison kafka //

vendredi 4 janvier 2013

idée reçue

les voyages forment la jeunesse qui n'en apprend rien
la sclérose fige la vieillesse qui ricane dans son coin
                                            jean racine II


mercredi 2 janvier 2013

cadeau de noël

belle-maman, pour la noël, n'oublia pas mes petits souliers ; elle y mit d'ailleurs une paire de souliers, sublime tautologie de fin d'année (mais vous vous fichez bien des tautologies de ma belle-mère et cela me blesse)
seulement, deuxième tautologie, la paire de souliers offrait la particularité d'avoir deux pieds gauches...
oriane, acerbe, éclate d'un rire tonitruant : "mère ! j'ignorais que vous vîtes un jour mon époux jouer au football !"