jeudi 30 août 2012

notre jeunesse

comme me le suggérait lucius de y. paraphrasant péguy, le mariage peut être considéré, chez l'individu, comme l'inéluctable glissement du mystique vers le politique -

mercredi 29 août 2012

nicotine

mon parrain correspond à un type d'homme que j'apprécie, toujours souriant, léger dans l'adevrsité, toujours à plaisanter de n'importe quelle situation personnelle, si douloureuse fût-elle - il m'a appris à ne pas m'en faire pour rien ; il me fait penser à monsieur k, dans l'album de wolf erlbruch remue-ménage chez madame k., aussi insouciant qu'amoureux, ou à l'oncle tobie de tristram shandy, se refusant d'écraser une mouche sous prétexte qu'il y a suffisamment de place pour coexister -
il arrêta de fumer voilà plus de dix ans et il me confiait récemment qu'il ne se passait pas un jour sans qu'il y pense : "souvent, me disait-il en rigolant, il m'arrive de rêver que je fume et lorsque je me réveille, il me faut à chaque fois trois à cinq secondes pour savoir si j'ai réellement fumé - cinq secondes d'angoisse car je peux tout perdre en une cigarette, mais quel bonheur, quel soulagement de me rendormir avec la certitude que la cigarette tant désirée, je ne l'avais pas allumée, et que ce frémissement douloureux de l'incertitude, suivi du repos et de l'apaisement pouvait se répéter encore bien des nuits, ad aeternam !"

dimanche 26 août 2012

dépassement de soi

on reproche souvent aux sportifs français - quoique les j.o. fussent plus qu'honorables - leur incapacité à mouiller le maillot (nous pensons évidemment à ces pauvres footballeurs analphabètes mais à qui on ne peut rien dire puisque ils ont réussi leur vie, eux)- en cette période de rentrée où l'optimisme n'est hélas pas de mise, retrouvons un peu d'allant car tout n'est pas perdu sur la scène internationale. j'en veux pour preuve l'incroyable performance de ce conducteur amateur, capable, avec courage, abnégation, sens du devoir et du sacrifice, sans compter un amour immodéré pour sa patrie, de rayer des tablettes les plus gros performeurs mondiaux (souvent originaires des pays de l'est, ce qui fait peser en outre une forte suspicion de dopage) pour monter sur la première marche du podium. il l'a fait, 9,75 grammes, à un quart de gramme de la barre mythique des 10 grammes ! 
la france peut applaudir, monsieur le conducteur anonyme, la france est fière de vous, nous chantons la marseillaise même si vous n'êtes plus en état de la chanter, monsieur le conducteur anonyme, et avec la main sur le coeur et sans mâcher de chewing-gum ! car vous nous avez rendu la fierté et l'espoir ; et bon nombre de nos concitoyens n'ont plus, grâce à vous, monsieur le conducteur anonyme, peur du plombier polonais -



mercredi 22 août 2012

dédié aux adeptes de la procrastination

attrapé dans la conscience de zeno d'italo svevo ; zeno, héritier particulièrement digne d'oblomov, réfléchit à son incapacité à arrêter de fumer. voilà ce que ça donne, avec l'ironie revigorante de monsieur svevo : 
"peut-être n'ai-je tant aimé les cigarettes que pour pouvoir rejeter sur elle la faute de mon incapacité. qui sait si, cessant de fumer, je serais devenu l'homme idéal et fort que j'espérais ? ce fut peut-être ce doute qui me cloua à mon vice : c'est une façon commode de vivre que de se croire grand d'une grandeur latente."

mardi 21 août 2012

ceci n'est qu'une parenthèse...

tautologie, commentaire à propos des commentaires :

je m'étais fixé comme cahier des charges de ne répondre à aucun commentaire ; j'avais sans doute cru, livrant mes premiers abats poisseux, à des milliers de lecteurs et autant de commentaires, j'eusse vite été noyé et que de blanches nuitées en perspective! - en fait non, je n'y ai jamais cru -

et d'ailleurs, n'eusse-je pas aimé être noyé ? car je suis bien vaniteux -

surtout me fallait-il accepter le texte [le post, car je suis d'une modernité absolue et que ça fait longtemps que je ne l'ai rappelé] tel qu'il était écrit : je me voyais bien le reprendre inlassablement, le texte imparfait, encore et encore, et de blog je n'aurais eu qu'un post toujours repris jusqu'à l'illisibilité [complexe dit de frenhofer] - 
sans compter un côté oiseux de ce genre de faux dialogue (selon moi)

je tiens cependant à remercier mes quelques lecteurs, fidèles ou non, plus encore les quelques commentateurs, fidèles ou non, avec une mention particulière pour ceux qui ne demeurent pas anonymes, même si certains n'ont toujours pas été formellement identifiés, quoique nonymes [joli ça] 

[ceci n'était qu'une parenthèse sans grand intérêt]

dimanche 19 août 2012

2666

une dernière avant de ranger le livre dans la pile de ceux à relire absolument ; ce conseil comme à moi adressé de nulle part : "est arrivé le jour où j'ai décidé de quitter la littérature. je l'ai quittée. ce n'est pas un traumatisme que l'on ressent en franchissant ce pas, mais plutôt une libération. entre nous, je vous avouerai que c'est comme cesser d'être vierge. un soulagement, quitter la littérature, c'est-à-dire cesser d'écrire et se limiter à lire !"


samedi 18 août 2012

2666

dans l'éblouissant ouvrage de roberto bolano, à côté de mille et une réflexions sur la littérature (qui constitue un appel fondamentalement dangereux), la vie, l'horreur, l'amour, on  trouve une remarque fort pertinente sur la relation ambiguë du lecteur contemporain avec l'oeuvre majeure, à laquelle il préfère souvent et substitue l'oeuvre mineure (bartleby plutôt que moby dick) :
p. 349 : "quel triste paradoxe, pensa amalfitano. même les pharmaciens cultivés ne se risquent plus aux grandes oeuvres, imparfaites, torrentielles, celles qui ouvrent des chemins dans l'inconnu. ils choisissent les exercices parfaits des grands maîtres. ou ce qui revient au même : ils veulent voir les grands maîtres dans des séances d'escrime d'entraînement, mais ne veulent rien savoir des vrais combats, où les grands maîtres luttent contre ça, ce ça qui nous terrifie tous, ce ça qui effraie et charge cornes baissées, et il y a du sang et des blessures mortelles et de la puanteur." 

lundi 13 août 2012

vies imaginaires

on peut lire, dans vies imaginaires de marcel schwob, à propos de l'auteur du satyricon :
"pétrone désapprit entièrement l'art d'écrire, sitôt qu'il vécut de la vie qu'il avait imaginée."
au fond peut-être le but ultime s'il en existât jamais un de la littérature : se fabriquer une vie vivable pour n'avoir plus jamais à écrire -

dimanche 12 août 2012

géographies

après les sinueux escarpements de l'ariège, nous subissons les monotonies planes et rectilignes de la forêt landaise - il ne me paraît guère possible que la géographie spirituelle ou mentale des habitants ne soit pas façonnée aussi par la géométrie physique des routes et des sentiers -