vendredi 30 mars 2012

terminus

mon ami peintre vincent de gogue me disait sur son lit d'agonie :
- l'humain va à l'humus...
- ta gueule et peins, lui rétorquai-je.
ce fut notre dernier échange - je l'aimais bien pourtant... il faisait de la peinture...

mardi 27 mars 2012

liquidation

quand dieu créa l'homme et brigitte bardot, il peignait au même moment sur un petit morceau de carton blanc les mots suivants, non sans cet humour glaçant qui est une caractéristique majeure de sa création) :
liquidation totale, tout doit disparaître

lundi 26 mars 2012

optimisme

au fond, malgré mon pessimisme qu'on m'attribue souvent (dix lecteurs plus oriane, plus quatre ou cinq amis qui ne me lisent pas), je n'ai guère cessé de me croire vivant - 
c'est presque de l'optimisme ça, non ?

dimanche 25 mars 2012

immense silence

on sait le goût de certains écrivains pour la solitude - le voeu de rilke de "devenir solitude" - beckett a inventé une écriture qui mène au silence...

jeudi 22 mars 2012

hommage à minuit

lisant dans la rue le roman molloy de monsieur beckett, m'est revenu en mémoire le joli texte de jean échenoz consacré à jérôme lindon et intitulé fort à propos jérôme lindon, - notamment une scène où le directeur (je dirais mythique si j'étais journaliste) des éditions de minuit manqua de perdre le manuscrit de molloy dans le métro parisien, l'éparpillant de rire dans une rame bondée -
moi-même je me suis éparpillé en convulsions de rires nerveux, devant un chapelet de femmes voilées, à la lecture, entre autres, du passage suivant : 
"Or s'il y a une chose que j'abhorre, c'est qu'on entre dans ma chambre sans frapper. Je pourrais être précisément dans la posture de me masturber devant mon miroir Brot. Spectacle en effet peu édifiant pour un jeune homme que celui de son père, la braguette béante, les yeux exorbités, en train de s'arracher une sombre et revêche jouissance."
   

samedi 17 mars 2012

papa maman les gars désolé...

il avait fallu supporter les vers creux les gens veulent faire de moi une entité le flow poussif - il faut maintenant nous farcir le grotesque et larmoyant insensé insensible avec forte tentative de moralisation des masses et absence totale d'autodérision (mais c'est l'époque qui manque de dérision, contrairement à ce qu'on nous vend) - ô surdité, venez nous préserver de cela et de ceux-là !
à entendre, à supporter l'insupportable, papa maman désolé, mais on en viendrait presque à haïr sa propre mère, son propre père - tout comme, face à l'aveuglement, au déni, aux mensonges, à la mauvaise foi de certains parents, on finirait par se dire qu'aimer ses enfants est une espèce de tare...

mercredi 14 mars 2012

une question de principe

les gens - ceux notamment soupçonnés de pingrerie - pour justifier une prise de bec mesquine sur quelques deniers, nous resortent toujours que ce n'est pas pour l'argent qu'ils ainsi agirent, mais pour le principe - sans jamais préciser (et pour cause) de quel principe il s'agit...

mardi 13 mars 2012

tombeau de marcel proust

quand la technologie nous permettra de noter les pensées profondes, graves, caverneuses, concaves, turgescentes - monologues intérieurs, fusées, voix off - des humains porteurs du chromosome y contemplant avec toute l'admiration de leurs tissus caverneux les albertine, andrée et autres gilberte en fleurs qui déambulent acortes devant leurs yeux exorbités et leur âme béate, voire béante - il est probable qu'une grande partie d'entre eux, les plus normaux peut-être, se retrouveront à discuter de leurs souvenirs en marchant en rond, sous l'oeil vicieux des miradors, dans la petite cour d'une prison de haute sécurité -


lundi 12 mars 2012

divine vierge

ça y est, sade n'a plus l'exclusivité -
quoique je ne fréquentasse pas les rayons du virgin megastore marrakchi trois fois par semaine, j'avais noté - car j'ai l'esprit observateur, quoique oriane prétendît le contraire puisque je me trouve souvent dans l'impossibilité de lui dire comment elle fut vêtue la veille (mais je m'intéresse à ton âme, à ton esprit, oriane, et je t'aime sans vêtement) - j'avais noté, écrivais-je, que le seul volume de la pléiade disponible était le premier des oeuvres du divin marquis - sade ayant seul su pénétrer le grand magasin de la vierge pourrait-on dire.
cela a duré - mais hier j'ai pu noter qu'à présent l'accompagnaient shakespeare et cervantès - mort tous les deux le 23 avril 1616 - la vierge ayant décidé de s'ouvrir à d'autres grands hommes de lettres...

samedi 10 mars 2012

anachronisme

exposition du dessinateur humoristique gabs à l'institut français - le principe en est le suivant, détacher quelques vers d'une poésie du patrimoine littéraire français (ce qui permet de lire ou relire quelques poèmes qui figurent dans toute anthologie, mais qui nous donnent l'illusion de notre culture) et les illustrer dans la plus volontaire anachronie (mais notre lecture n'est-elle pas in facto anachronique ?), comme mots d'un contemporain lambda, de les recontextualiser dans notre présent - cela donne quelques conjonctions amusantes ou étonnantes - quoique inégales - non sans rappeler l'idée de borges dans pierre ménard, auteur du "quichotte" : "ménard a enrichi l'art figé et rudimentaire de la lecture par une technique nouvelle : la technique de l'anachronisme délibéré et des attributions erronées. cette technique, aux applications infinies, nous invite à parcourir l'odyssée comme si elle était postérieure à l'énéide [...]. cette technique peuple d'aventures les livres les plus paisibles." 

mercredi 7 mars 2012

innommable

à la lecture de la trilogie (édifiante) de beckett, on assiste à l'étrange phénomène du je s'éloignant du moi à mesure qu'il le raconte - et du projet beckettien de se raconter, on en arrive paradoxalement à une oxymorique impersonnalisation du moi -

vendredi 2 mars 2012

sérieux

le sérieux - non pas celui qui serre le coeur mais qui noue l'estomac et gonfle parfois les testicules (mais uniquement chez les hommes, semble-t-il) - se résume à froncer les sourcils (non de dépit face à la complexité de la machine comme je le ferais) devant l'écran de son téléphone intelligent, à envoyer quelque texto essentiel au progrès économique, à gueuler quelque ordre - mais au su du grand nombre d'admiration béat - dans son téléphone intelligent, tout en sirotant un café ; quelle importance, quel investissement, quelle implication - quel sérieux en un mot ; on ne lambine pas, on gagne de l'argent
et de considérer d'un oeil méfiant l'oisif - un fonctionnaire très certainement, ou pire encore, un lettré, enfin de ces gens qui ne créent aucune richesse - qui ne trouve rien de mieux pour s'occuper que de perdre son temps à la lecture de proust ou à rire des clowns de beckett - triste monde allant à vau-l'eau...

jeudi 1 mars 2012

genèse

à mon fils qui me demandait ce que c'était que la bible, je ne pus, sus, voulus que répondre c'est le livre que papa souhaitait écrire, le best-seller entre tous homme de peu de foi homme de peu de foi une compilation d'éminents stylistes job, ézéchiel, isaie, jean, paul et un contresens éditorial qui a pourtant tout raflé homme de peu de foi homme de peu de foi...