vendredi 29 août 2014

nuances de gris

oriane et son amie g*** de fleur discutaient du roman cinquante nuances de grey - mol roman porno-chic pour dames, car la dame accepte le porno quand il se déroule dans les sphères les plus aisées de la société, et elles assument les vices et les perversions d'un homme riche, le métallo n'a pas droit à ses nuances de grey, car il pue le cambouis et les femmes n'aiment pas le cambouis, enfin la plupart - pendant que je faisais la cuisine après avoir fait les courses et la vaisselle, et divertit ma progéniture...
gentiment, son amie g*** me demande non sans humour si je suis marié, car je lui parais l'homme idéal (c'est parce qu'elle ne m'a pas vu avec un marteau en main, marteau sans maître comme eût dit rené char) à quoi je rétorque, plein de lucidité et peut-être d'amertume, qu'une large majorité de femmes n'auront que mépris pour l'homme qui cuisine et torche les mômes, elles lui préfèreront l'homme qui est capable, non de cuisiner, mais de payer le restaurant et une nounou pour les chiards - 
au bout de quoi je mis la table et allai, après les avoir servies, mettre une culotte - enfin...

angst und zorn...

on peut lire, dans mars de fritz zorn (de la peur à la colère) :
"[je m'habituais] à adopter toujours les jugements des autres. je m'habituais à ne pas apprécier les choses par moi-même, mais à n'apprécier jamais que les choses bien. ce que les autres considéraient comme bien me plaisaient aussi et ce que les autres n'estimaient pas bien je ne l'approuvais pas non plus. je lisais de bons livres et ils me plaisaient parce que je savais qu'ils étaient bons, j'écoutais de la bonne musique et elle me plaisait pour la même raison."
nous sommes tous (comment osez-vous parler en notre nom ?) tombés à un moment dans ce panneau ; nous avons aimé un livre ou un film d'avance, parce que nous ne voulions pas décevoir telle ou telle personne, un parent, un enseignant, un ami, parce qu'on nous avait dit que c'était indispensable, ou qu'il fallait avoir écouter cela au moins "une fois dans sa vie" (d'où le succès des séries les mille et uns livres qu'il faut avoir lus, films, tableaux, vins, etc... comme si de les avoir lus, bus, vus dispensaient aux gens d'être des imbéciles pour cette raison même qu'ils se croient accomplis par ce qu'ils ont vu, lu, bu : "j'ai lu les mille et un livres qu'il fallait lire maintenant je peux m'arrêter" et moi de cracher sur le sentiment de complétude...) - mais combien d'imbéciles, qui ne sont pas de la grande bourgeoisie zurichoise, mais qui remplissent les salles de concert et les théâtres et se croient affranchis de leurs scléroses, qui n'ont jamais eu que l'opinion et l'avis donnés par les journaux et les magazines, ou par canal plus, ce qui est encore plus nuisible - qui (les médias) ont réussi à leur faire croire qu'ils avaient un goût, un avis et une opinion - personnels - alors qu'ils ne font que beugler une jubilation qui n'est pas la leur... 

mercredi 27 août 2014

beau comme l'antique

ce qu'on doit à la littérature antique, c'est peut-être d'avoir posé le fondement de toutes les littératures à suivre, à savoir le cri immense et dérisoire de l'homme qui se perd dans l'absurde silence du monde -
la littérature est un hurlement assez dégoûtant, peut-être serait-il temps, à mon âge, de lui préférer les silences...

jeudi 21 août 2014

expérience interdite

il est peu de gens qui eurent la chance de faire un voyage dans le temps - je dois relater une étonnante expérience qui nous arriva il y a peu et qui devrait intéresser bon nombre de scientifiques : nous roulions sur une autoroute suisse, à proximité de berne. nous passâmes sous une première horloge qui indiquait 15h34, puis roulâmes une dizaine de kilomètres et passâmes sous une autre horloge qui marquait 15h32 : nous étions remontés dans le temps tout en avançant - si cela à un sens - vers notre destination dans l'espace ; nous eussions pu croire à une erreur humaine ou technique car nous ne sommes pas naïfs et voulons voir les stigmates christiques dans chacune de nos expériences ; seulement nous étions en suisse, qui n'a plus rien à démontrer en terme d'horlogerie (mais devrait soigner la qualité de ses aires d'autoroute, bien inférieures à tout niveau à celles que nous trouvons au maroc) et donc il devenait évident que les deux horloges indiquaient chacune l'heure exacte et que nous avions effectué, sans avoir rien demandé, un voyage de quelques minutes dans un fragment de distorsion du temps -
on ne sort pas indemne de telles expériences...  
j'indique aux télévisions du monde entier que je serai à Soultz-Sous-Forêts pour témoigner (à des tarifs défiants toute concurrence) jusque dimanche dans la soirée...

lundi 18 août 2014

poésie du sud

comme me le disait joliment un ami poète du sud occidental de notre belle patrie, au sortir d'une pièce d'eschyle (les perses ce me semble) - ou était-ce après un match de rugby ? - pour me signifier toute l'émotion ressentie, la puissance du verbe eschylien, qui s'apparente pour lui à la voix des dieux antiques, pour résumer sa subjugation (si on me permet quelque néologisme barbare) totale à la vision tragique de l'homme - à l'hybris de xerxès qui noya la perse, pour faire court - me dit au sortir de la représentation, sans autre forme de chichi, mais avec un art sublime de l'économie de mots :
"'tain, ça encule !"

mercredi 13 août 2014

héroïsme

il faut une certaine maîtrise de soi pour réussir à traverser la fête du reblochon (le 10 août, à la cluzaz) sans s'y arrêter pour s'empiffrer ni actionner sa ceinture d'explosifs... une nouvelle preuve de l'existence chez l'homme d'excellence d'un héroïsme du quotidien...

prométhée

comme me le disait hier mon ami lucius : "plutôt que le supplice de tantale, j'eusse volontiers subi celui de prométhée - warum ? lui demandai-je, bilingue - je t'assure, répondit-il ricanant (de ce ricanement dénoncé par monsieur finkelkraut), qu'après avoir goûté mon foie la première (fois), il ne serait pas revenu de sitôt..." - après quoi il vida son verre de schnaps et s'endormit pour quelques heures...

un artiste...

lorsque je constate à quel point je prends du plaisir (pardonne-moi ô seigneur mais même quand je fouette ma femme et mes enfants je prends du plaisir car cela donne un sens à mon existence ! alors ne me condamne pas à la discipline et à la haire, car je sens que... je sens que...) à barbouiller de peinture acrylique de grandes feuilles ou de grands pans de bois (encore pour limiter la jouissance n'utilise-je que deux couleurs - qui n'en sont pas d'ailleurs...), combien je me sens musicien lorsque je chante santiano (de hugues aufray, pardonne-moi seigneur) à mes neveux et nièces en m'accompagnant à la guitare - que je me prends pour un brésilien lorsque je ne tombe pas en essayant un coup du sombrero et pour un allemand quand je réussis un tacle par derrière sur mon fils de sept ans (et demi - tout de même) - lorsque donc je prends conscience de l'espèce de mythomanie intime qui envahit l'espace de chacun de mes actes, alors je me demande si je suis vraiment fait pour l'écriture...

lundi 11 août 2014

jusqu'au plein noir

lu dans orages d'acier de monsieur jünger, à propos d'une digression :
"on aime de telles digressions, on devient facilement bavard, pour remplir la nuit obscure et le temps interminable."
meubler jusqu'au plein noir - comme disait beckett - en parlant, en se noyant sous les mots et les paroles, comme si pour beckett la guerre avait lieu, non pas dans une tranchée collante de boue, mais dès la naissance, dès l'entrée dans la tranchée collante de boue de l'existence... comme si c'était tout ce qu'il nous restait à faire pour combler les vides...

jeudi 7 août 2014

peintures rupestres et digression

il n'est jamais inintéressant de se rappeler, à la lecture des fleurs bleues de raymond queneau...
lecture assez déceptive (malgré le personnage haut en couleurs de joachim d'auge) alors que, à la première découverte de ce livre, il y a une dizaine d'années, je me disais que c'était peut-être le livre que j'eusse aimé écrire, que j'eusse été capable d'écrire, car il y a tant de livres que j'eusse aimé écrire, qui me bloquèrent (les salauds) et me réduisirent petit à petit aux bas et aux abats...
ce qui prouve en outre que contrairement à ce que me disent les vendeuses dans les magasins de vêtements je ne suis pas totalement dénué de goût, et que lorsque mes goûts évoluent, le phénomène est lié à une évolution personnelle et intérieure, alors que son goût à elle, à la radasse qui trouve que je suis fringué comme un sac, voire comme un cul, lui est imposé d'en-haut par quelques dictateurs de la mode à bon ou moyen marché, ou par hennes & mauritz (avec initiales majuscules), pauvre petite esclave des magazines féminins - oui d'accord je prends ce pantalon...
... que, contrairement à ce que je fais croire à mes élèves étudiant (ça fait plus sérieux) sur l'art préhistorique et les artistes en peaux de mammouth et que l'art préexistait à l'agriculture et autres foutaises - car ce qui importait aux femmes de la préhistoire c'était déjà d'avoir de belles fourrures -, que c'est en réalité le duc d'auge, ce grand taquin, qui peignit toutes les fresques de dordogne et d'altamira -
il fallait que la réalité de la situation historique fût rétablie, c'est fait - comme disait joris-karl...

mardi 5 août 2014

la maison du mal

à la piscine de la maison du mal où la prostipute a cédé sa place à l'adolescente déjà gracile et désireuse de séduire, je constatai deux choses bien tristes pour moi :
d'abord que les téléphones portables se portent dans le maillot, c'est-à-dire directement sur le fessier, ce qui est bien plus érotique que "le fauteuil dans un salon de coiffure pour dames" de gnawa diffusion, pompé honteusement par maître g., qui voudrait être la chaise sur laquelle s'assoit bella avant d'être comme jacques brel "l'ombre de son iench..." 
- donc moi je voudrais être un téléphone intelligent de type 5s dans le maillot de bain (le bas) d'une adolescente (majeure) bourgeoise de la maison du mal...
j'observai aussi des adolescents musculeux et bien abdominés qui faisaient les barbots devant les adolescentes citées en précédence... je notai, non sans amertume, que ce n'est pas mon statut de quadragénaire inquiet qui m'éloignait de cette santé triomphante du corps contre l'esprit, mais que, à quinze ou vingt ans, j'étais déjà éloigné de cette santé que je fus toujours bien incapable de faire triompher...   

sur les bords de seine

moi qui suis -
toujours moi je moi je moi je - c'est agaçant à la fin monsieur...
moi qui suis bretonnant, bretonnisant, bretonniste, bretonnien, non pas forcément amateur à toute force de l'oeuvre du pape surréaliste, mais amateur de liens ténus entre les choses, les événements, les paroles, les êtres et les rencontres, amateur de ces signes, liens, rapports, indices, résidus, qui sont tolérés ou glorifiés chez l'artiste ou le génie mais qui envoient l'homme du commun à la camisole et aux anxiolytiques, moi donc, qui depuis longtemps me terre dans un silence suspect...
tel un nyala éthiopien, je courus un soir, avec le baron erwin von k., mon beau-frère, sur les rives d'un méandre de la seine, méandre immortalisé par quelque impressionniste mais on s'en fout car c'est de moi je que je parle.
au bout de notre course frénétique de quadragénaires inquiets, alors que je m'étirais, voluptueux et suffisant comme un sportif au bout de l'effort et de l'imbécile dépassement de lui-même, mon regard croise le cadavre grignoté et sanguinolent d'un rat, victime des dures lois des chaînes alimentaires -
ce signe - cadavre en bout de course - conclut à ma place que toute autre tentative pourrait s'avérer néfaste, et je laissai le baron filer seul sous la frondaison larmoyante des saules centenaires... 

au quotidien

on finit par réussir à se passer de tout - et de soi-même -