mercredi 26 août 2015

poussières

je venais de passer une soirée avec benjamin de grrr... où nous évoquâmes, entre autres, mallarmé en ardèche - où il souffrait de son statut de professeur d'anglais - la géographie résumait son existence, l'art et la dèche...
l'anecdote narrée, avec plus de saveur que je ne saurais le faire, par mon ami me gifla avec violence comme je traversais nanterre en bus, la joue collée aux bactéries de la vitre... si j'habitais ici je serais nanterrien...
nan t'es rien - une géographie fictive pour résumer mon existence... 

lecture

regardant mes deux enfants lire dans le métro, je me demandais pourquoi j'étais plus touché, ému, par le second que par l'aîné, alors que Dieu s'est lavé les mains quand il les mit au monde tous les deux -
un détail, les pieds du second ne touchaient pas le sol : et il y a quelque chose de d'infiniment fragile, de précieux, comme un danger, une incertitude, dans l'acte de lire sans appui...

vendredi 14 août 2015

le vaisseau des morts

le manifeste anarchisant de b. traven nous rappelle comment nous avons été asservi par une bureaucratie censée nous faciliter l'existence, mais qui a fini par la régenter - et s'est mise au service d'une petite "élite" de gouvernants cupides -
il nous rappelle de menues vérités dont nous nous sommes lassés, par confort et conformisme : 'avoir faim, c'est humain. avoir des papiers, ça ne l'est pas. ce n'est pas naturel'
tout comme l'amoureux de littérature peut se rappeler qu'elle n'est qu'une courte périphérie de la vie sur terre, l'humaniste pourrait se rappeler que l'absence de papier ne dénie pas à l'homme son existence, que le papier est une périphérie de "la vie sur terre" -
 
et cependant...

dimanche 9 août 2015

gel

attrapé lors d'une relecture du dessous de cartes d'une partie de whist, de barbey d'aurevilly :
"c'était de l'esprit servi dans de la glace, une femme froide à vous faire tousser."
 
je me suis rappelé une anecdote racontée par mon frère, qui relayait un frère de mon grand-père - nous enchâssons aussi nos récits dans la famille - qui passa plusieurs années dans un camp en russie, après la seconde guerre mondiale et qui nous disait :
"lorsque le froid était trop intense, nous ne pouvions plus discuter : le froid attrapait nos paroles, les gelait dans l'air et dans l'espace qui nous séparait, elles ne pouvaient pas atteindre physiquement l'ouïe des co-détenus. elles se figeaient dans l'espace, elles se figeaient dans le temps. quand l'air se radoucissait, les bulles de paroles éclataient alors et c'était comme un concert de mots décousus, un festival de paroles à présent sans utilité..."

jeudi 6 août 2015

sur la lecture

métro parisien : mes enfants plongés dans leur lecture respective, était-ce homère ou saint-simon, le roman de renart ou le petit nicolas, peut-être un géo ado ou un pif gadget, cela n'a que peu d'importance en réalité... je les regarde plein de cette admiration ridicule des humains pour leur progéniture, de cette fierté grotesque - ils se sont retirés du monde réel pour le monde à la fois plus et moins réel de la lecture, ils sont devenus des ascètes pendant quelques minutes -
le plus petit soudain m'émeut presque aux larmes quand je me rends compte que ses pieds ne touchent pas le sol et que ses jambes pendouillent - avec naïveté et nonchalance, loin de la tension des yeux et du front au même instant - comme si cela fragilisait sa lecture, la rendait plus vulnérable -
il est assez émouvant de voir quelqu'un lire, sans que ses pieds touchent terre //

lundi 3 août 2015

provisoire


ዘንዶ [ይግባብው]
art provisoire, acrylique sur monstre, bvd excelmans, pont de garigliano, déposé le 03/08/2015.

samedi 1 août 2015

les garçons bouchers

anecdote relatée par un mien frère, alors qu'il achetait de la viande dans la boucherie de son petit village -
un monsieur avec son fils, à qui le gentil commerçant - les commerçants sont gentils - avait offert une tranche de fleischwurst. le petit tardant* à remercier le gentil commerçant, le boucher brandit son hachoir acéré et lui dit en bavant (hyperbole rhétorique) :
- qu'est-ce qu'on dit ?
- merci, répond le tardant la bouche pleine.
et le père de conclure :
- yo, vous savez, ils n'apprennent plus rien à l'école.


[tout commentaire serait superfétatoire...]









* petit tardant, joli ça, deviendrait-il le terme approprié pour une frange nouvelle de la population scolaire, qui remplacerait apprenant ? tardant est employé comme adjectif verbal.