vendredi 30 septembre 2011

une amabilité

pourquoi lui ai-je dit, à celle qui si peu s'accordait au stéréotype de l'étudiante en khâgne mais dont les yeux pétillaient d'une tendre tendresse, d'une gentille gentillesse, d'un désirant désir / pourquoi a-t-il fallu que je me saborde, tel le scorpion sur le dos de la grenouille ?/ pourquoi, quand elle me dit lascive, faulkner, j'en ai bien sûr entendu parler, mais je n'ai jamais rien lu de lui, lui ai-je lâché, en guise de salve de rupture ça ne m'étonne pas chérie...

jeudi 29 septembre 2011

sous le soleil

méditons cette sublime ânerie de nasr eddin hodja à qui l'on demandait qui de la lune ou du soleil était le plus utile et qui répondit par ce trait imparable :
"la lune sans aucun doute. elle éclaire quand il fait nuit, alors que ce stupide soleil luit quand il fait jour."
quelque chose à ajouter ?

sublimes paroles et idioties de nasr eddin hodja, phébus, collection "libretto", édition de jean louis maunoury, 2002.

mardi 27 septembre 2011

divine idylle

lors d'une émission consacrée au divin marquis, raphael quatre consonnes et trois voyelles parlait de l'impossibilité de lire jusqu'au bout et sans traumatisme les cent vingt journées de sodome, oeuvre programmatique et d'une modernité de forme (sinon de fond) quasi absolue - opinion partagée par mon ami benjamin p. de grrr., cynophile convaincu et grand lecteur du dix-huitième siècle -
quant au fait que le livre constitue la lecture annuelle et rituelle de mon autre ami thomas von t., qui dévore l'ouvrage tous les étés avant d'aller bronzer sur les plages de la baule les pins en toute impunité, je me refuse à en tirer des conclusions trop hâtives...

dimanche 25 septembre 2011

muséographie (prolepse)

en exclusivité le document que mon ami bertrand de léo de l. découvrira dans plusieurs années dans les archives de la bibliothèque nationale...

m. paul jamot (à droite) conservateur du musée du louvre remet son épée d'académicien à l'écrivain roland lésy (abats de pages)

mercredi 21 septembre 2011

des grues

lu dans un "elle" estival (ramené je ne sais pourquoi par oriane) des témoignages de fond sur ma nuit avec une célébrité (malhonnêteté de ma part puisque le titre exact est "ma nuit avec un people", mais il me faut bien trouver un prétexte pour user la toile et dégueuler ma bile) dans lequel des anonymes très certainement fictives (mais il faut bien combler le lectorat postpubère et le nourrir de confiture) nous narrent sans style leurs ébats nocturnes - l'une avec un acteur tendre à la limite de l'impuissance, l'autre avec un footballeur libidineux et viril - et toute la pubescence du lectorat de se dresser comme un... - ô gloire admirable de se taper un sportif à la sensibilité et à l'intelligence proches de celles du ptérodactyle -
je suis heureux tout de même de noter qu'aucune de ces petites grues caquetantes (qu'elles le fassent si tel est leur plaisir, mais qu'elles le taisent par pitié) n'a été en mesure de titiller, sur le parking de l'unique night-club de saint florent le vieil, ne serait-ce qu'une seconde, le torse de marbre du commandeur louis poirier, ce qui constituait pour le coup un véritable challenge... 

mardi 20 septembre 2011

une beauté

elle traverse la place sûre de sa beauté ; grande parmi les femmes de taille normale, immense parmi les hommes fébriles qui la dévisagent (ou l'envisagent pour paraphraser gainsbourg) - presque insolente dans son immanence, l'univers clos de sa beauté ; elle irradie ; elle est plus grande que nous, elle nous écrase -
mais moi qui ausculte comme un scoptophile sa radiation, je note la gêne de sa démarche, la raideur de sa pose, le bégaiement de ses pas et de ses gestes, la dyslexie de son sourire - et je me dis qu'on la regarde avançant sur la place comme on regarderait une femme avec une jambe en bois...

amers

un goût de vin aigre au fond de la gorge : il nous est donc interdit d'émettre la moindre réserve sur le progrès et le modernisme, sur la modernité et le progressisme, sans paraître immédiatement suspect - impossible de chuchoter un doute, de mettre un bémol à l'enthousiasme général des thuriféraires de la cause s'en allant à grands cris dans des trains bondés qui rappellent ceux d'août 1914 -
pire, il est impossible, avec des gens comme philippe muray qui sort quelque peu de sa tombe ces derniers temps, d'interroger l'espace contemporain, de le mettre en questions (il ne s'agit pas de le mettre en pièces ou de le vomir, juste le questionner) sans être taxé de réactionnaire (celui qui réagit est ostracisé sans autre forme de procès) : le Dogme ne souffre pas la moindre réserve...

jeudi 15 septembre 2011

coupable

la culpabilité ontologique du catholicisme peut nous apparaître abjecte ou hors de sens, elle n'est au final pas grand chose face à la somme des culpabilités laïques dont le monde accable mon ami lamda, modeste citoyen dont le métier est de vivre...

matin

un matin que son fils aîné déchiffrait la jaquette du film tous les matins du monde il s'entendit murmurer en guise d'achèvement sont sans retour car il avait lu dans le petit récit de quignard ce couperet -

samedi 10 septembre 2011

pavement

j'engage chacun - plutôt que de se ratatiner dans les sempiternelles résolutions de la nouvelle année - en cette rentrée scolaire à rire un peu en rédigeant sa liste de bonnes intentions pour paver l'existence...

jeudi 8 septembre 2011

une question de style

mon ami dominique de g., commentant les phrases très souvent inachevées de mon opus les âmes vagues (disponibles uniquement au fond de mon tiroir), me disait avec pertinence :
moi les phrases coupées en plein milieu, ça me casse les.

dimanche 4 septembre 2011

chienne

ah ces petits matins sans retour où nous nous levons pleins d'une violente susceptibilité face à la journée nauséeuse qui nous attend et que nous nous forcerons, par habitude ou manque d'originalité, à vivre malgré tout...

samedi 3 septembre 2011

lost in la mancha

il y a terriblement d'années, voulant justifier (mais à quoi bon au juste ?)une idée de mise en voix de l'incipit de don quichotte en plusieurs langues, roberto me dérouta : sa traduction dans toutes les langues prouvent l'universalité de l'oeuvre -
je lui rétorquai - aigre - que l'universalité (mot assez creux au fond) ne dépendait pas de la multiplication des traductions, mais du corps du texte, de sa modernité purement jubilatoire, car moi aussi je sais être de mon époque et moi aussi j'ai le droit de faire dans le creux, nom d'un bordel -
tu parlerais, toi, de l'universalité de l'oeuvre de dan brown ou de marc lévy sous prétexte qu'elles sont traduites dans des dizaines de langues ?