vendredi 29 juillet 2011

à manger du foin

comme nous devisions avec mon ami seb de k., lointain descendant de l'arpenteur, nous nous remémorâmes, devant le lycée strasbourgeois du marais, de deux condisciples de sport études, kéké et heintz - deux athlètes hors normes, "bêtes à manger du foin" pour reprendre la jolie expression utilisée par k. -
certes, ils avaient une intelligence plutôt saurienne, mais ils réussirent à faire entendre à l'écrivain potentiel que j'étais déjà les limites du pouvoir des mots face à la vitalité de la chair //

samedi 23 juillet 2011

mutisme (misogynie à part)

france ; je promenais mon regard sur un couple gesticulant au loin de façon suspecte - querelle de couple ? une dénonciation aux autorités compétences s'imposait-elle ?
je remarquai ensuite que c'était l'individu aux cheveux longs qui s'agitait, monopolisant la gestuelle du binôme -
me rapprochant avec l'élégance discrète qu'on me connait, je me rends - rupture de la concordance syntaxico-temporelle dans ma narration, on admettra qu'il fallait oser - compte qu'il s'agit d'un couple de sourds-muets en train de converser, plein d'amour et de sourire -
et de conclure de ce que j'avais vu que, même dans l'incapacité mécanique de causer, c'est tout de même la femme qui monopolise la parole !

vendredi 22 juillet 2011

une entrée dans l'histoire (misogynie à part)

les deux jeunes femmes, sises l'une à côté de l'autre, ne parlaient pas, ne jacassaient pas - elles consultaient sms et texto, envoyaient un lien commenté grâce à leur i-pod sur faceb. - épistolières sans le savoir (et mon ami dominique von gr. de persiffler à mon oreille "sans connaître le sens du mot")
j'entends souvent dire que les courriels, les clavardages et facebook ont de dramatiques conséquences sur les performances orthographiques et syntaxiques des nouvelles générations -  
pourtant, on peut supposer que, sans ces média (neutre pluriel), les deux jeunes femmes se seraient contentées de jacasser à tour de glotte devant une superette ou de babiller au téléphone (provoquant l'ire parentale ou maritale) ; à présent, elles ont accès à l'écrit, à l'oeuvre certes éphémère mais écrite -
la femme entre dans l'histoire avec une majuscule, se dépouillant, grâce à faceb. et à l'i-pod, de sa barbare oralité -

mercredi 20 juillet 2011

dorian gray

une soirée entre amis - un des hôtes me dit que je semble bien jeune pour avoir des enfants ; polymorphe, je jubile intérieurement - mais savez-vous, j'ai tout de même xx ans - ah ! vraiment !? - oui oui...
depuis toujours, j'ai cru que je ne faisais point mon âge en raison de mon teint frais, ma grâce sans embonpoint, ma peau d'abricot - je me trompais (et l'amertume qui s'ensuit m'accable), c'était mon immaturité qui me faisait paraître si jeune aux yeux des vieux (de mon âge) et si con aux yeux des jeunes - et encore je cache une partie de mon jeu -
je ne suis que la somme de mes lieux communs - tacites ou beuglés -

germanopratisme

saint germain des prés et son âme scribouillarde se réveille, un miracle, une résurrection -
un café aux deux magots, pour rassurer le monde littéraire qui le (dé)laissait pour mort -
puis comme il déambulait à la recherche d'une maison d'édition moins frileuse, il eut le sentiment à plusieurs reprises de voir un écrivain dans l'homme attablé devant sa bière ou son café - mais lorsqu'il leur posait la question on lui répondait dans un langue inconnue - un écrivain étranger certainement -
après quoi il eut la certitude de voir paul claudel à l'arrière d'un taxi -
le lendemain il croisa yves saint-laurent, ce qui était logique en somme, puisque il vit à marrakech -
il avait bu l'énergie artistique parisienne  - quelle vie, quelle promesse de vie et de littérature ; vertu apéritive de la clé parisienne -

vendredi 15 juillet 2011

silence

il est des jours où, après de longues heures de silence dues à la lecture ou à la méditation, à la mélancolie ou à la fatigue d'être soi, lorsque à nouveau on s'adresse à un être humain et qu'il semble ne pas bien saisir ce qu'on veut lui dire, on en vient à se demander si nous avons vraiment parlé, ou si nous n'avons pas entendu notre voix intérieure, devenue prédominante -

samedi 9 juillet 2011

oreille rouge

je viens de relire le grand petit livre de chevillard - énorme et jubilatoire, comme disent les gens mainstream, après cela on a tout dit, ou presque :
"soumets ta vie à la rude épreuve de l'afrique. si tu veux te connaître, garçon, va en afrique. va chercher ta vérité en afrique. renoncez à vos habitudes, bourgeois, à votre bonheur écoeurant, morbide, allez en afrique. toi qui doutes, toi qui te complais dans le désespoir frivole et l'amertume, va plutôt en afrique. prends le risque de l'afrique."
et si je n'avais eu une immense dérision envers moi-même, n'aurais-je pas dispensé ce genre de conseils...
et à mon retour - on remplacera mali par éthiopie (ou mieux, abyssinie...)
"tandis qu'au mali... eh bien, au mali... moi qui ai récemment séjourné au mali.... moi qui entretiens une relation privilégiée avec le mali... si vous aviez comme moi vécu au mali... dites-vous bien qu'au mali... pour prendre l'exemple du mali..."
comme je dus vous éreinter, chers amis - je comprends si tard l'extraordinaire et patiente amitié dont vous fîtes preuve pour supporter ça !!!

vendredi 8 juillet 2011

zone

le mois de juillet - mois de vacances / mois de vacance - facebook apparaît comme un vaste terrain vague, une zone où, las de ce monde ancien et de l'antiquité grecque et latine, des individus errent, tantôt quelques minutes, tantôt à longueur de journée - en quête d'un dialogue, d'un maigre divertissement, juste pour être là, pour avoir été là, pour ne rien rater...

jeudi 7 juillet 2011

postérité

il laissa à la postérité quelques fragments, deux ou trois vers, un épître lacunaire, un aphorisme - rien de plus, rien de moins -

la postérité le rangea parmi les grands - ou plutôt les potentiellement grands - ceux qui, si nous avions à disposition l'oeuvre complète, assurément compteraient parmi les très grands, ceux sur lesquels on glose sans se lasser, on spécule - l'oeuvre est recréée de toute pièce par les imaginations des érudits et des commentateurs -

pour être grand, pour laisser sa marque, il avait eu la géniale intuition de sacrifier son oeuvre // [marquer la postérité sans oeuvre, marque selon beaucoup de modernité absolue]

lunettes

pourquoi ?

pourquoi lui ai-je dit, à la jeune fille avec qui j'avais entamé une conversation si leste, si pétillante - conversation champagne - avec qui je riais de bon coeur et dont le coeur palpitait d'une joie sereine ?

pourquoi donc lui ai-je dit, avec un sourire narquois de médiocre triomphe, "tu sais, ma beauté, tu as beau avoir des lunettes sur le bout de ton petit nez, tu as toujours plus l'air d'une p... que d'une étudiante en khâgne" ?

pourquoi n'ai-je pu finir ma phrase qui précisait que c'était cela qui me plaisait en elle ?

mardi 5 juillet 2011

le compassé

comme je parcours le premier volume de colportage de gérard macé, je ne peux m'empêcher de songer à lui, que j'ai croisé (rencontré serait exagéré) à quelques reprises sur les terres abyssines - conférence sur le goût de l'homme, rencontres littéraires autour de rimbaud... - et qui nous parut, malgré tout l'intérêt que pouvait revêtir son propos, à quelques amis et moi-même, une figure de l'Auteur (je déroge à la règle des majuscules), avec un grand "a", voire avec un grand "h" -

avec le "p" de poseur - avec un côté "ce que vous connaissez je le connais évidemment, c'est vous qui avez tout à apprendre" qui traverse ses lignes, peut-être malgré lui d'ailleurs -

et puisque il aime les auteurs plutôt rares, je ne retiendrai (je le sens rosir de courroux) qu'une citation piochée "ce qu'on ne peut atteindre en volant, il faut l'atteindre en boîtant" (rückert)

dimanche 3 juillet 2011

waiting for the sun

quarantième anniversaire de la mort de monsieur morrison et nuovelle madeleine à croquer -

au lycée stanislas errait une jeune femme (charmante par ailleurs) rêveuse et illuminée, qui faisait grassement rire notre positivisme quand, les rares fois où elle s'adressait à nous (comme je te comprends), elle nous expliquait qu'elle discutait régulièrement avec l'icône charismatique des doors, qu'il lui confiait ses brûlures -

des années plus tard, fort de la lecture éblouie de monsieur marc lévy, à peine moins charismatique que jim, je ne peux m'empêcher de me demander et si c'était vrai...

vendredi 1 juillet 2011

confidence pour confidence

pot de fin d'année scolaire à l'école : je ne sais pourquoi la délicieuse marie-pierre de f. décide à sa propre unanimité de mettre un disque d'ambiance, sorte de morceaux choisis de la musique française des années 80 - idée saugrenue s'il en est -


je croque à pleines babines la madeleine et je me revois plein d'ennui dans d'ennuyeuses premières boums à espérer d'ennuyeux premiers baisers en écoutant d'ennuyeux tubes français des années 80 -


que d'alcoolisme et de toximanie eussions-nous évité si dans nos fraîches années nous avions su choisir la musique avec un tant soit peu de pertinence -