lundi 31 décembre 2012

̀the bourne's dyslexy

schiltigheim. 6.08. p.m.
devant l'urgence de mon rendez vous avec martin von w., je me pose avec décision devant les horaires complexes de plusieurs de bus strasbourgeois - je passe entre quatre et six minutes à comprendre lequel me menerait le plus rapidement possible vers la gare, point de notre rencontre (que nos supérieurs sans rire [car les supérieurs ne rient pas] qualifient de celle de la derniere chance)
xix minutes...
Tout comme il avait fallu trente huit ans à mon ami m. von w pour découvrir que, nom d'un bordel, au réveil, on est plus en forme quand on n'a rien bu la veille, il m'a fallu attendre ma trente huitième année pour admettre que je ne serais jamais jason bourne - six minutes //
la vie n'est pas tendre avec les jeunes vieillards de mon genre...

samedi 29 décembre 2012

siffler là-haut (nuisance)

les hommes d'aujourd'hui n'apprécient guère l'homme sifflotant, homme de l'otium si méprisé dans une société qui a pour objet le mouvement - 
moi qui sifflote, je crois remarquer que mes mélopées sont particulièrement sujettes à caution dans les salles de cinéma - preuve de plus que les gens ne supportent la gaité d'autrui...

mercredi 26 décembre 2012

misogynie à part

Une rumeur malsaine veut que, lorsque l'homme trompe sa femme, c'est par bestialité, pour assouvir un besoin primaire, le siège de son âme étant logé dans ses testicules. Quand la femme trompe son époux, c'est pour se sauver, pour se sentir femme, enfin, pour se sortir du carcan millénaire dans lequel on a cloîtré la femme, car un mari ne rend jamais femme son épouse, ne lui permet pas de vivre la grande passion qu'elle mérite - et je passe sur d'autres poncifs d'une rhétorique vers le haut, vers le grand -
je me suis demandé soudain si le mineur (homme) du xixème siècle avait eu droit à sa grande passion, à la grande aventure de la vie, après avoir passé quatorze heures à recueillir de la houille...
toute allusion à l'éventuel emplacement du siège de l'âme de la femme sera donc déplacée, voire inconvenante //

dimanche 23 décembre 2012

racisme ordinaire

chez les nouveaux bien-pensants, dans le stéréotype de la nouvelle bourgeoisie libérale : le vieil arabe est un épicier bienveillant, bonhomme, amène ; le vieux noir est assis sous l'arbre à palabres, raconte à une jeunesse attentive la bibliothèque mentale qui ne tardera pas à brûler pour paraphraser senghor ; le vieux chinois est philosophe et médecin et regarde  à demi-ivre la forêt de bambous en jouant un air de flutiau ; le vieux japonais enseigne le mos maiorum nippon sur un tatami ; le vieux français a sa baguette sous le bras, il est aigri, il vote pour le f.n., s'imbibe de vin rouge : bref le vieux français n'est pas un sage, c'est un vieux con : croyez-vous franchement que la france ait le monopole des vieux cons ?

samedi 22 décembre 2012

crocodile dundee

pour traverser les routes, les rues, les signalisations parlent (et m'effraient) vous pouvez traverser sur le passage prévu à cet effet - mais qui mis à part un bouseux comme moi débarqué d'un pays en développement pour répondre avec aménité à la gentille recommandation ?

vendredi 21 décembre 2012

adolescence

"l'adolescence sombre donne d'ombrageux adultes"
et vive-versa me souffle la voie assurée du bon sens toujours amène pour gâcher mes plus beaux instants de création d'une modernité absolue ///////////////////////////////////////////////

la dernière bande

il y a pire que d'essayer - vain essai - d'imiter beckett dans son style, dans sa manière - il est allé aux limites de la voie empruntée - c'est de devenir, par mimétisme, l'un de ses personnages -
c'est ce qui semble m'arriver 

mardi 18 décembre 2012

éjac faciale

monsieur muray avait pris en gripe l'homo festibus, si content de faire montre de légèreté - mais l'homo festibus était encore un narrateur de sa frivolité, de son insouciance délicieuse ; il se perdait dans la narration pour tenter de justifier sa gueule de bois ou sa syphilis
à présent
l'homo - festibus ou autre - n'a plus besoin de nous narrer quoi que ce soit, il peut se contenter de nous montrer en direct la puissante et perpétuelle éjaculation de son existence, ila bandaison absolue de chaque instant, il nous balance sa purée en pleine figure, sans discontinuer, il est constamment, connecté - la narration est morte, la fiction crevée, la réalité les a rattrapées, avec tout le raffinement et l'élégance qu'on sait.








ps - tiens, monsieur, il vous en reste un peu dans les moustaches...
 
 

samedi 15 décembre 2012

petite fabrique d'aphorisme

l'idée est du très oulipien marcel benamou :
on part de quelques formules de base :
a est le plus court chemin de b à c
un peu de a éloigne de b, beaucoup en rapproche
les petits a font les grands b
puis il faut trouver des couples ou des trios (faux synonymes, antonymes, etc.) ; faites des essais, vous pourrez inventer une quantité quasi illimitée d'aphorismes porteurs de sens (surtout si vous les attribuez mensongèrement à une entité connue.)

vendredi 14 décembre 2012

conversation au bord du vide

mon ami lucius me confiait : "les gens capables d'écoute sont peu nombreux dans le gigantesque bavardage de l'existence, ils leur arrivent de souffrir sans bruit. ils souffrent constamment le babillage informe du genre humain -
(et on voudrait connaître plusieurs langues !)
longtemps je me suis demandé pour quelle raison mystérieuse j'éprouvais un tel agacement vis à vis de mes semblables qui passaient leur temps à éluder les sujets qui ne les concernaient pour revenir inlassablement sur les sujets qu'ils croient maîtriser dans l'unique but de se raconter, de donner sens par la narration à leur existence : quel paradoxe d'ailleurs que de devenir, alors que plein de mépris pour la littérature (qui parce qu'elle est fiction leur devient suspecte), des manières d'écrivains oraux, assommant autrui de leur existence auto-fictive..."
- oui certes, lui répondis-je en baillant, mais parlons un peu de moi si tu veux bien...

jeudi 13 décembre 2012

le livre de nahum

naom, que les hébreux orthographient fautivement nahum, et qui partage mon quotidien depuis plus de six années, déclara, avant de se rendre célèbre en annoçant la destruction de ninive :
"elle, je ne l'aime pas, dès que je me raconte des histoires dans ma tête, elle les entend et elle me gronde." - ah mon cher naom, que ne naquis-tu pas il y a quatre ou cinq millénaires, tu fusses devenu prophète, tu eusses annoncé la ruine de ninive ou d'autres cités païennes, avec au bout de ta gaule la colère divine - au lieu que pour tes propos tu finiras dans un chambre capitonnée et ceint d'une camisole au-dessus de ta force prophétique !

mardi 11 décembre 2012

signe intérieur de vieillesse

le signe indubitable que l'on a vieilli, ce n'est pas les quelques fils d'argent qui enrichissent de doux reflets notre admirable crâne - ni les quelques ridules qui signifient que nous rîmes bien de tous les ridicules et de toutes les folies de l'existence - non, le signe en caractère gras que nous sommes devenus vieux, c'est la passion quotidienne de la météorologie, la quête vitale du temps qu'il fera le lendemain -
comme si c'était le seul qu'il restait...

dimanche 9 décembre 2012

comment parler...

ayant achevé la lecture du livre de pierre bayard comment parler des livres qu'on n'a pas lus ? je ne me sens pas autorisé à en parler -
pourtant
c'est assez bien vu souvent, même si le titre est un peu racoleur et malhonnête (un pourquoi devrait remplacer le comment) - l'idée du lecteur "intensif" qui reste plus du côté de la non-lecture puisqu'il aura lu moins que ce qu'il lui reste à lire, l'idée de l'oubli des livres lus à travers l'exemple de montaigne, etc.
mais
gêne indéniable
aussi
[on appréciera la modernité libératrice de la mise en forme de mon post]
pourquoi cet épilogue sur le caractère libérateur de la pratique de la non-lecture face à la pression sociale d'avoir lu certaines oeuvres ? pourquoi user un peu plus cette théorie oiseuse de la libération comme d'une justification autoritaire (ça libère donc c'est bon, c'est bien, c'est épatant - orgasme général de l'existence) ?
la question de ce pourquoi parler de livres pour se libérer de je ne sais quelle contrainte sociale : la non lecture pour dépasser sa honte, voire sa culpabilité (on croit rêver) - mais de quoi au juste ?
sans compter l'éventuel plaisir du texte (quand bien même ce serait un coup de hâche), au-delà de son inscription dans le vaste réseau de l'histoire de la littérature, qui est totalement éludé (la lecture étant considérée comme une perte de temps, l'important étant le bavardage autour du livre - voilà ce qui est censé libérer !) - où est-elle partie la réjouissace borgésienne pour les livres lus ?
et de me demander en quoi il est libérateur d'être si bavard...  

mardi 4 décembre 2012

chère mauvaise foi

chère mauvaise foi adolescente, si loin de l'âge stupide qu'on veut nous décrire toujours et encore, qui disait haut et fort : "on nous donne des responsabilités d'adulte [mais qui sont ces parents irresponsables ?] et on nous traite comme des gamins" alors qu'au fond, les adolescents voudraient (et je les comprends) qu'on les traitât comme des adultes tout en les laissant se comporter comme d'irresponsables gamins -

dimanche 2 décembre 2012

lever

gilberte, cousine par mésalliance d'oriane, est une des rares personnes au monde capables de se lever une à deux heures avant d'être réveillée -

samedi 1 décembre 2012

sur la lecture

double mouvement de joie et d'effroi devant les livres qu'il reste à lire : joie de se dire qu'il nous reste des perspectives infinies de plaisirs et de découvertes, des heures de solitude à l'écart des aboiements et des bêlements, effroi devant l'impossibilité de lire, non pas tous les livres, mais l'infime "liste" de ce qui nous fait le plus envie, classiques ou noms attrapés au fil de conversations (en essayant, plein de foi mauvaise, de faire comme si ce que l'on ne connaît pas n'existe pas)