mercredi 21 mai 2014

aux écrivains potentiels

et à ceux du tiroir aussi - mes frères ! - une manière de conseil attrapé dans le journal de 1912 de franz kafka :
"26 mars : surtout ne pas surestimer ce que j'ai écrit, cela me fermerait l'accès à ce que j'ai à écrire."
à nous tous donc, les potentiels, dont l'oeuvre majeure est à jamais à venir !

dimanche 18 mai 2014

galerie

l'ouverture du carré eden qui va bouleverser nos existences - rendez-vous compte un h&m et un starbuck café, au coeur du guéliz - des années plus tard nous nous demanderons tous comment nous fîmes pour vivre sans si longtemps, mais l'homme a vécu sans feu pendant des centaines de milliers d'années me  rétorquera-t-on, l'homme a plus vécu sans feu qu'avec, ou on ne me le rétorquera pas si on ne me lit pas, ou alors si on me lit mais que je lasse - appelle à la réminiscence, tant qu'elle est possible -
[le carré eden, c'est le buzz du mois de mai, du joli mai en barque loin du rhin]
alors je me permets de reprendre suarès le lyrique, à propos d'une galerie milanaise :
"[la galerie] grouille de peuple, à toute heure. il y règne un luxe épais. la galerie est pleine de magasins, de boutiques, de cafés. [...] la galerie est le forum des bourgeois. et ils y sont à l'abri de la pluie, que l'italien fuit comme la peste. telle est la coûteuse halle aux propos, aux pots-de-vins, aux intrigues, une bourse aux vanités. autrefois, le cours était le lieu de réunion. mais les rues ne sont plus assez sûres. la plèbe est rop nombreuses [...]
ici, dans la galerie, la classe qui tient la fortune et le pouvoir peut se croire à couvert. le peuple y entre et y passe, peu importe : il n'est pas chez lui. [...] la galerie est le monument d'une société qui campe, et qui veut faire croire à un solide établissement. la mesure et la goût y font également défaut. et le grand bruit qu'on y mène, au milieu d'un luxe grossier, retentit sur le vide intérieur."
et malgré la prophétie les bourgeois ont vaincu -


flibustiers

attrapé dans le voyage du condottiere, d'andré suarès (qui ne parle de berlusconi), une définition de la banque qui me semble, comme disent les journalistes quand ils parlent de littérature, d'une actualité prodigieuse, et d'un lyrisme épique (comme dirait michon qui écrit mieux que la plupart des journalistes) prodigieux - pour ne pas éviter les répétitions :
"dans le passé, on dirait des pirates qui ont fait un état de piraterie, une forte république de flibustiers. ils ont vaincu les barbaresques avec leurs propres armes.ils ont boucané tous leurs ennemis : on voit les pisans, doctes et ronds de phrases, écorchés vifs, dûment saignés, essorillés, tannés par ces diables de gênois, ricanants. Quand les temps sont devenus difficiles pour la piraterie à rame et à voile, les gênois ont excellé dans la banque, la flibuste des flibustes." (p. 192)
une des difficultés de la piraterie, c'est d'obtenir l'assentiment de la loi -

samedi 17 mai 2014

relativisme

toujours avoir à l'esprit face à un beau parleur que si grande est sa ruse son ignorance l'est infiniment plus -

jeudi 1 mai 2014

pour en finir avec le sport

si le sport a connu autant de succès ces dernières années, c'est parce qu'on nous a vendu - et nous sommes toujours prêts à acheter - les valeurs du sport ; 
si si, les valeurs du sport !
le dépassement de soi (mais juste pour soi-même, à la limite pour son équipe et pour écraser autrui), l'esprit de compétition qui serait stimulant, qui permet de se dépasser et d'aller au-delà de ses limites, ce qui débouche sur le progrès général du genre humain (sinon on vivrait encore dans des cavernes) mieux armée pour la lutte qu'est l'existence - lutter contre quoi ? - 
comme dirait patrick bruel qui a eu bien raison de laisser la chanson pour le poker "tu parles que des conneries" (cris d'hystérie de mes copines de collège, jalousie du poète raté et ombrageux qui lorgnait leurs poitrines naissantes...)
alors c'est vrai, quand j'entends parler un sportif, je sens de suite toutes les valeurs du monde qui me permettent de progresser et de me dépasser moi-même - je me dépasse tellement que j'ai du mal ensuite à me rattraper -
pour conclure : le monde est en train d'inventer la collaboration, la coopération - on se dépasse peut-être soi-même, mais pour tendre la main à l'autre, pas pour le niquer - je m'arrête je commence à parler comme un curé - donc nous pouvons sereinement espérer d'ici une dizaine d'années que la compétition serait vomie pour ce qu'elle est, qu'on arrêtera enfin de nous l'enfiler dans le rectum tous les quarts d'heure et qu'à sa suite, les générations futures fuiront les stades et les salles de sport comme nous avons fui les églises...