mercredi 30 novembre 2011

relation publique

donner à tout interlocuteur le sentiment que vous croyez qu'il est ce qu'il voudrait ou prétend être afin que la comédie puisse durer et que vous puissiez de votre côté, sans risque d'être dérangé, continuer de flotter dans votre sérénité ou votre intranquillité selon la voie choisie //

funes ou la mémoire

me remémorant la nouvelle de borges, je me disais tantôt qu'il est des gens qui souffrent d'amnésie - qui sombrent dans le purgatoire d'alzheimer et qui meurent après avoir oublié qu'ils étaient en vie - quand d'autres au contraire vivent l'enfer d'un excès de mémoire, car ils sentent constamment autour d'eux la mauvaise odeur du mensonge et de la mauvaise foi - il ne s'agit pas d'une réinterprétation a posteriori, il s'agit des mots et des gestes qu'ils gardent en tête avec acuité, quand les autres les déforment à leur avantage - c'est un mal qu'il faut noyer...

lundi 28 novembre 2011

nécrologie

une pensée émue à mon ami fabien floressas de c., disparu tragiquement après absorption d'une trop forte quantité d'eau de cologne le week-end passé - érotomane cérébral, il avait coutume de dire : le sexe sans perversion ? ça devient rapidement de la gynécologie - il était le dernier romain décadent dans la pourriture du protestantisme triomphant ; il aurait volontiers jeté les enfants de luther aux murènes...
il mourut ainsi qu'il le voulut, vierge (comme robespierre) - sa décadence même était trop trop puriste, vertueuse, puritaine - le protestantisme l'avait rattrapé...

dimanche 27 novembre 2011

écologie

pour avoir fêté l'anniversaire de ma progéniture dans une ferme un peu à l'écart de marrakech - idée parfaitement bobo, j'en conviens à ma lourde honte, pourquoi n'avoir pas coincé toute cette marmaille dans un mcdo méticuleusement asceptisé (flaubert dis-moi que faire de tous ces adverbes!) ? - pleine nature, perspective éblouissante de l'atlas scintillant de neige fraîche, citronniers lourds de fruits, je ne peux que me dire qu'un des principaux ennemis de la nature, c'est l'enfant... 

vendredi 25 novembre 2011

palimpseste


retrouvé sur la copie d'une élève, gommé bien évidemment, au-dessous du texte définitif (si celui-ci existe, bien évidemment) monsieur isel remplissait ses bras de petits psychopathes -
toute ressemblance (bien évidemment) avec des personnes réelles etc...

jeudi 24 novembre 2011

obsolescence...

à celle qui klaxonnait, furibonde, parce que j'oubliai de démarrer avant que le feu fût passé au vert - ampoule - et qui plaça son cayenne flambant neuf à mon côté gauche, je lâchai, sinistre :
- une voiture si neuve pour une si vieille peau...
elle rit, dents jaunes...

mercredi 23 novembre 2011

monologue (au bord du vide)

il est des matins (j'insiste, sans retour) où notre esprit part à la dérive sur le chemin du travail, où l'absence de circulation et le silence relatif sont aussi assourdissants que le chaos quotidien de la circulation imbécile - où nous nous demandons si les horloges ne se sont pas arrêtées, si nous n'avons pas obtenu sans le vouloir ce que la mécanique quantique permet : traverser une barrière d'espace ou de temps et se retrouver dans un monde inconnu, au moins aussi incertain que le nôtre - mais auquel nous n'avons pas encore eu le loisir de nous habituer...

vendredi 18 novembre 2011

suis tombé sur un papier où j'avais noté un petit texte de beckett : elle faiblit encore la vieille voix faible, qui n'a pas su me faire, elle se fait lointaine, pour dire qu'elle s'en va, essayer ailleurs, ou elle baisse, comment savoir, pour dire qu'elle va cesser, ne plus essayer.
on écrit faute de mieux - toute oeuvre constitue une solution inadéquate...

dimanche 13 novembre 2011

muséographie

stenlo zell, urban abstracts, série photographique, 2011.
post-scriptum : ma vanité de myrmidon de la création littéraire est toujours très touchée par les commentaires, rares, succins, mais vivants, postés par ma dizaine de lecteurs - je me crois alors mallarmé (vu par gracq) un auteur lu par une centaine de zélotes prêts à mourir pour lui (laissez-moi croire que vous le seriez)- par contre ne soyez pas offusqués par l'absence de réponse, j'en avais fait dès le départ un principe de ces abats : la tripe et le mou ne donnent pas de réponse, ils se contentent de sentir un peu moins bon chaque jour...

samedi 12 novembre 2011

potentiel comique

comme me le suggérait mon ami dominik von g., mon fils cadet naom a un potentiel comique exceptionnel, un sens de la dérision (et non de l'absurde, comme le suggère emmanuel jacquart) à toute épreuve -
ainsi, à art academy où se commet mon épouse oriane qui tente désespérément d'initier quelques roturiers à la danse classique, il est gentiment attrapé par le gardien sourd (mal entendant) et muet (carpe) qui lui fait un énooorme bisou (les gens sont volontiers pédophiles au sens premier du terme et sans mauvais jeu de mots) -
il revient me voir tout sourire en m'assurant que, comme il est muet, ses bisous ne font pas SMACK mais tout simplement smack - parce qu'il est muet, me confirme-t-il...

vendredi 11 novembre 2011

instinct littéraire

extraordinaire instinct de littérarité de mon élève K., dont le personnage passant devant un magasin de chaussures, décida de refaire ses lacets.

jeudi 3 novembre 2011

?

mais où les lecteurs de ce blog puisent-ils l'énergie de leur absence de commentaire ?
quelle force éblouissante peut-elle les mouvoir ou les contremouvoir pour résister à la tentation des mots ?
j'ai à leur égard un infini d'admiration presque aussi résonnant que le creux de leurs lignes vides -

mercredi 2 novembre 2011

à manger du foin

attrapé dans Le seigneur des porcheries, de tristan egolf :
"la majorité des élèves quittait [l'école] en croyant dur comme fer que les dinosaures avaient disparu parce que noé n'avait pas assez de place pour eux sur l'arche." (p. 66)
nous ne nous rendons pas toujours compte, nous autres enseignants, de notre incommensurable potentiel de nuisance - et nous n'en usons trop souvent que de manière involontaire, irréfléchie ; une formation solide devrait envisager de nous permettre de rationaliser ce potentiel -