dimanche 15 décembre 2013

tintin au maroc

on croit parfois ne pas converser tout à fait en vain
j'aime à parler de tintin et d'hergé, vous aurez toujours quelqu'un pour vous rappeler son racisme, son colonialisme - il appartient à son époque, mais qu'on regarde dans le détail il dénonce aussi le capitalisme américain qui exproprie l'indien, ou les étrangers arrogants qui maltraitent le chinois...
cela on veut l'oublier : tintin est un raciste.
et puis on tend l'oreille, on se tait et on écoute les gens parler, les "non-racistes", les anti-cathos anti-colos - la horde des tenants de la bôônne pensée... florilège...
"dès que tu deviens sympa avec eux [les marocains], ils abusent - ils savent pas travailler, ils fuient toute responsabilité... - au travail c'est comme les enfants, il faut toujours être derrière, tu peux pas les lâcher - untel parle mal aux et des marocains : on le comprend, il en a une centaine sous ses ordres.... - ce n'est pas raciste, c'est un constat, il faut juste le savoir"
et je passe toutes les remarques sur les odeurs de transpiration (preuve que l'ouvrier doit travailler un peu ? non qu'il manque d'hygiène...) et sur le bruit : en france, ils s'étaient levés d'une seule voix pour conspuer chirac à l'époque...
nos ancêtres, quand ils colonisèrent les contrées africaines pour civiliser un peu et s'enrichir beaucoup étaient d'infâmes salauds, ils voulaient parfois sauver des âmes, les sots, et comme ils parlaient mal de nos frères de couleur, comme ils se sentaient supérieurs à eux, que de condescendance, de paternalisme...
nous, nous avons tout compris, nous savons ce que c'est que le dialogue des cultures, l'ouverture à l'autre, nous, nous aimons nos frères de couleur, grise ou noire ou rouge, nous respectons leurs coutumes, mais comme nous sommes là pour nous enrichir, mais aussi pour nous enrichir, il faut donc, c'est une nécessité du marché en quelque sorte, et le marché est bon, il est résilient comme dirait alain minc, il nous veut du bien, il faut donc leur apprendre un certain nombre de règles qui régissent nos sociétés libérales (qui sont les meilleures), la valeur du travail, du respect du contremaître, l'amour de l'entreprise - nous devons, c'est une nécessité et c'est pour leur bien, leur apprendre à bosser et à sentir bon, pour le bien général et commun, par seulement pour notre enrichissement - les autochtones de tous les pays sont souvent pleins d'ingratitude pour nous, qui leur apportons le bien, le bon, le progrès, le développement, le câble, le gel douche et tant d'autres améliorations quotidiennes, pas comme nos salauds d'ancêtres... 

manque d'humour

d'une de mes étudiantes (le mot souligne mon absence de modestie), après la mort de madiba mandela bangala : "je n'ai pas compris, à la télé, on a vu des gens qui dansaient, alors qu'il était mort !", et moi, plat consensuel d'embrayer sur les différences culturelles et cultuelles, sur différentes manières d'appréhender la mort selon les régions du monde, de montrer très simplement qu'en france on met du noir pour le deuil quant au maroc c'est le blanc, blablabla et blablabla..."
si j'avais eu un tant soit peu d'humour, juste pour lui permettre de titiller la bêtise, j'aurais dû aller dans l'énormité : "tu sais, chez ces gens-là [l'expression n'a rien à voir avec monsieur brel, mais plutôt avec monsieur batank***, ami burundais, qui mettait dans le sac extensible de "ces gens-là" tous les comploteurs, les blancs, les éthiopiens, les supérieurs hiérarchiques...], tout est prétexte à la danse, c'est plus fort qu'eux, ils ne sont heureux que quand ils dansent, ils ont ça dans la peau..."
mais on n'ose plus ce genre de choses - la mollesse a remplacé l'humour, et la bêtise du consensus fait bien du mal, à la lutte contre le racisme aussi...

mercredi 4 décembre 2013

in girum imus ...

nous passons une bonne partie de notre existence à tenter de nous convaincre que nous ne sous sommes pas fourvoyés...