dimanche 28 juin 2015

écrire

il est toujours émouvant de lire, dans un livre de george steiner qui consacra sa vie et son intelligence à l'art en général et à la littérature en particulier, ce constat dénué de toute amertume
"la majeure partie de l'humanité ne lit pas de livres. mais elle chante et elle danse."
histoire de remettre le livre à sa place...

vendredi 26 juin 2015

en exergue des abats

"c'est peut-être en ce sens, paradoxal,  que le culte et la pratique des humanités, la fréquentation du livre à haute dose et l'étude sont des facteurs de déshumanisation. ils peuvent rendre plus difficile notre réponse active à une réalité politique et sociale prégnante, notre egngagement totale envers les réalités circonstancielles. un petit vent froid d'inhumanité souffle dans la tour aux livres de montaigne, sur les règles édictées de keats, que l'homme doit choisir entre la perfection de la vie et celle de l'oeuvre, [...]
en tant que professeur pour qui la littérature, la musique, la philosophie, les arts sont la matière même de la vie, comment puis-je traduire cette nécessité pour moi, en lucidité morale, consciente des besoins humains, de l'injustice qui rend à ce point possible une si haute culture ? les tours qui nous isolent sont plus solides que l'ivoire."

soumission

à propos des inventions : "ils disent inéluctable et juste que la fonction s'adapte indéfiniment au constant perfectionnement de l'outil - forme subtile de la servitude."

peut-on lire dans lira bien qui lira le dernier de hubert nyssen
j'ai assisté ce matin au bal de promo de mes élèves, avec portables autorisés ; une bonne moitié d'élèves a passé son temps à filmer ou à photographier, fabriquant par là le souvenir d'un événement qu'ils n'ont pas vécu !

"le virtuel, instrument de servitude, sera devenu la réalité fondamentale et le réel, affligé par la pauvreté de n'être qu'un réel sans magie, sans prestige et sans sortilège, apparaîtra comme une pauvre et triste contrefaçon."

samedi 20 juin 2015

comfortably numb...

dans le réjouissant petit essai de marcel aymé le confort intellectuel - relu dans les montagnes il y a quelques semaines si lointaines déjà, traînent déjà des vices (osons les gros mots) qui sont d'une étonnante actualité, comme dirait mélissa theuriau qui ne devrait pas parler de livres pour dire de telles âneries
"parler de littérature revient maintenant à s'entretenir des personnalités littéraires" - que m'importe que tu bouffasses des fruits pourris je veux te parler de tes mots !
"et sur cela seulement qu'il joue de l'accordéon ou qu'il prend de la coco ou qu'il est inverti, on le prendra pour un génie." - je tiens vraiment à lire tes lignes - peu m'importe que tu joue de l'accordéon sous cocaïne avec un boudin fiché dans le rectum -
"Vous savez mieux que moi qu'en matière d'art et de littérature le critique se montre beaucoup moins soucieux d'éclairer l'opinion que de paraître lui-même intelligent. Il est donc vain d'attendre de lui qu'il s'élève contre des façons d'écrire de peindre ou de sentir dans lesquelles se reconnaissent les gens qui sont censés appartenir à une élite."
pourquoi ne pourrait-on plus s'intéresser aux livres et à la lecture, plutôt qu'aux polémiques vaines, aux chiffres de vente ?
le vide se remplit de bavardages - on est loin du bavardage anéantissant et cosmique de beckett, et de sa drôlerie - les bavardages nous tiennent éveillés mais nous empêchent de lire, simplement ; 

jeudi 11 juin 2015

homophonies

j'étions sur le mayflower avec les deux plus grands poètes de ce début de siècle qui ressemble déjà à une fin - je veux dire meugi que j'aime malgré sa couleur d'ébène et black m. que le silence des disputes déchire -

à l'arrière du navire qui fendait les flots amers - je contemplais le sillon écumeux et fébrile que laissait le monstre d'acier - 

"houaiche" dis-je - 
ils me rendirent un sourire complice, de connivence - nous étions sur la même longueur d'onde...

houaiche - une conne-ivence nous séparait à jamais - ces deux grands hommes ne verraient jamais plus loin que le bout de leurs synapses atrophiés... 

lundi 8 juin 2015

regarder ailleurs

attrapé dans aveux et anathèmes de cioran : 
"dieu n'a rien créé qui lui soit plus odieux que ce monde, et du jour où il l'a créé, il le l'a plus jamais regardé,tant il le hait." - texte attribué à un mystique musulman ; on peut douter que daech ait réconcilié le tout miséricordieux et sa création - ou alors il attend l'extinction...

douleur

selon nietzsche, la douleur a une capacité à révéler : elle ne nous rend pas meilleure, elle nous approfondit.

pour quentin compson

du 2 juin 1910 et des fers à repasser fichés au fond des poches à la lente dérive de monsieur lésy depuis le 2 juin 2009 - toujours à la recherche des deux fers à repasser (trop légers à présent) - quatre-vingt-dix-neuf années de la silencieuse fraternité des bouts de la nuit -