mercredi 28 août 2013

jeunesse

pour que les jeunes gens se tiennent tranquilles, les hommes de quarante ans leur raconte que la jeunesse est le temps des surprises, des découvertes et des grandes rencontres, et toutes leurs histoires sur ce qu'ils feraient s'ils avaient de nouveau vingt ans, leurs jeunes espoirs, leurs jeunes dents, leurs jeunes cheveux, avec leur fameuse expérience des pères, de citoyens et de vaincus. la jeunesse sait mieux qu'elle n'est que le temps de l'ennui, du désordre : pas un soir à vingt ans où l'on ne s'endorme avec cette colère ambiguë qui naît du vertige des occasions manquées. comme la conscience qu'on a de son existence est encore douteuse et qu'on fait fond sur des aventures capables de vous prouver qu'on vit, les fins de soirée ne sont pas gaies ; on n'est même pas assez fatigué pour connaître le bonheur de s'abîmer dans le sommeil : ce genre de bonheur vient plus tard.
personne ne pense avec plus de constance à la mort que les jeunes gens, bien qu'ils aient la pudeur de n'en parler que rarement : chaque jour vide leur paraît perdu, la vie ratée. [...] ils vont répondent que c'est gai, cette existence de larves en nourrice en attendant d'être de brillants insectes de cinquante ans. [...] à trente c'est déjà fini, on s'arrange ; comme on a commencé à s'habituer à la mort et qu'on fait plus rarement le compte des années de reste, avec tout ce travail qu'on a, les rendez-vous, les politesses, les femmes, les familles, l'argent qu'on gagne, il arrive qu'on croit tout à fait à soi-même.
selon paul nizan (la conspiration), il semble que je sois resté un gars de vingt ans...

lundi 26 août 2013

pour défendre dagmar staub khayyam

le pauvre hère violenta - sans la violer - une domestique dans un hôtel de moyen standing de baltimore, alors qu'il faisait un pèlerinage sur les traces d'edgar allan poe -
mais ce fin lettré pouvait-il ignorer "un fils" de l'ami maupassant, où un académicien culbute une servante bretonne à même le sol et déclare : "huit jours après, j'avais oublié cette aventure commune et fréquente quand on voyage, les servantes d'auberge étant généralement destinées à distraire ainsi les voyageurs." ?
nous avançons, me dit-il avant son incarcération, vers des époques bien frileuses... 

dimanche 25 août 2013

pour une réconciliation franco-britannique // champs magnétiques

toujours ces coïncidences fascinantes pour le scripteur, mais seulement tolérées au génie, à l'artiste - non point au gueux, derechef, plutôt deux fois qu'une, traité de dément.
alors que je lisais le livret france-grande-bretagne de l'adpf (1994) - ô que j'aimerais avoir le titre de monsieur yves mabin, "sous-directeur du livre et de l'écrit") - marie-pierre de f***, comtesse de pompulilu, m'envoie un pneumatique pour que nous nous rencontrions dans un casino quelconque du bord de mer (où les filles sont chouettes), elle me précise qu'elle sera accompagnée d'un lord anglais de ses amis - nous allions sceller la réconciliation avec la perfide autour d'une coupe de champagne rosé, tout en dilapidant le cadavre de nos fortunes à la roulette...
que me prit-il, alors, lorsque ce pauvre bougre de touriste rougeaud de soleil et de guinness, me demanda avec l'accent de manchester de lui indiquer le chemin de notre-dame, je le priai d'aller se faire baiser en enfer par cromwell et de laisser ma petite jeanne tranquille ?

mardi 20 août 2013

nemo

quel bonheur (malgré les longueurs) de retrouver le capitaine nemo dans son nautilus, en bord de méditerranée : cela m'a rappelé mes plus beaux voyages, en classe de cinquième, avec les aventureux savants de jules verne, quand mes amis plus matures rêvaient d'aller draguer des allemandes au papagayo...
cela ne m'a pas empêché de rester un vieillard - "ce ne sont pas de nouveaux continents qu'il faut à la terre, mais de nouveaux hommes." dit le misanthrope capitaine.

vendredi 9 août 2013

vivant

Lucius me disait hier : "il est des moments où je me dis que je fais parti des gens qui n'en finissent pas de mourir. même ça je ne suis pas foutu de le faire jusqu'au bout."
puis il reprit la lecture d'à rebours sans plus s'intéresser à ma petite personne -

vendredi 2 août 2013

géographies

quand bouvard et pécuchet s'occupent de pédagogie, et plus précisément de l'enseignement de la géographie, ils hésitent, ils divergent :
"bouvard pensait qu'il est plus logique de commencer par la commune. pécuchet par l'ensemble du monde."
un siècle plus tard, les ordonnateurs de programmes scolaires en sont toujours là, un coup l'espace proche, un coup la planète bleue -
de là à affirmer que bouvard et pécuchet est d'une modernité absolue, il n'y a qu'un pas que j'hésite à franchir, essayant de ne pas me leurrer sur ma propre ignorance, ma propre bêtise, ma propre et vaine soif de savoir qui m'a mené à bien des scepticismes //
 
[je double-slashe tout de même, pour me sentir jeune et moderne, dans la canicule qui devrait tôt ou tard assécher mon corps vieillard.]