mercredi 29 septembre 2010

immortel ennui

à table, mon fiston (que le seigneur s'était lavé les mains quand il le mit au monde) m'interroge, non sans une certaine appréhension (due à la question ou à ma réaction ?) :
- quelqu'un d'immortel ne finit-il pas par s'ennuyer ?
certainement mon fils, très certainement - paradis enfer ou purgatoire il faut espérer que l'éternité n'existe pas !

mardi 28 septembre 2010

le vélo de salvador


habitant marrakech, je me sens le droit de faire découvrir à mon public ébahi mon ami Roland Lésy, installateur électrique - mais aussi photographe d'extérieur, à défaut d'être architecte d'intérieur - je l'ai invité cet été en résidence en alsace (il en a profité pour refaire l'électricité dans la maison familiale) - je vous proposerai, quand je n'aurai plus grand chose à dire, quelques clichés d'icelui - ou d'autres, c'est sans importance -


dimanche 26 septembre 2010

l'écureuil

le rat qui pourrissait notre existence depuis quelques semaines vient d'achever de pourrir dans nos toilettes, achevé par les anges exterminateurs et la mort aux rats -
analepse : en rentrant cet été, nous remarquons la présence d'un sympathique écureuil dans notre cour / il y gambade joyeusement dès que nous avons le dos tourné
nous notons cependant que la nuit, lorsque nous laissons la porte ouverte, il fait quelques incursions dans notre cuisine pour picorer / en hygiénistes convaincus, nous ne savons tolérer cela (malgré toute la sympathie que nous avons pour l'animal et la perspective d'inviter un couple d'Anglais dont nous savons qu'ils sont (comme tous les Anglais) amateur de leur chair) -
les incursions continuent / nous réalisons que l'écureuil ne fout plus les pattes chez nous, intimidé sûrement par la taille brutale de ce rat sans panache qui lui a volé sa place dans notre cour puis dans notre cuisine -
nous regardons Inglorious bastards [nous ne souhaitons pas commenter ce film présentement] et nous sommes frappés par l'étonnant discours, en début de film, du colonel nazi sur les écureuils et les rats - nous notons qu'effectivement nous n'avons pas offert de soucoupe de lait à Ratatouille - nous notons aussi qu'à force de trouver des coincidences aussi stupéfiantes dans notre vie quotidienne, nous semons sur le chemin les feuilles mortes de notre santé mentale -

mardi 21 septembre 2010

comme les cochons

un des traits caractéristiques de l'esprit bourgeois, c'est la satisfaction de ce qu'on est, de ce qu'on vit, de ce qu'on a - satisfaction de ce qu'on est au baromètre de ce qu'on a ; le qualitatif mesuré par le quantitatif
la réussite matérielle comme assurance qu'on a pris la bonne route -
c'est la satisfaction du mérite / ce qu'on a, on le mérite / quant à ceux qui n'ont pas, une seule conclusion s'impose
ont-ils oublié Perec ? "Il est plus important d'avoir de la chance que du mérite." - je gage que non, il ne figure pas dans leur grille d'évaluation

dimanche 19 septembre 2010

comme les cochons

chez les bobos - cela se dit-il encore ? suis-je définitivement un has been ? - le bourgeois, rapidement et sans possible contestation, a triomphé du bohème -

mardi 14 septembre 2010

cocktail

essaouira le jour de l'aïd - nous nous posons sur une terrasse, un jus d'orange, une eau pétillante, un soda - nos enfants (le Seigneur, quand il les a mis au monde, s'était lavé les mains) étaient partis faire des courses en courant, dérangeant par leur spontanéité physique et sportive la marche tranquille des touristes ébahis et des djellabas repues -

Aliocha (le Seigneur, etc.) s'approche de la table assoiffé, saisit le verre de jus d'orange, s'apprête à le boire, se ressaisit, le repose et me demande :

- il y a de l'alcool dedans ?

- non, répondit le Consul, soudainement accablé par son vice -

dimanche 12 septembre 2010

maman

d'une de mes élèves, à propos de la profession de sa mère :
"ma mère est une maman"
elle a tout à fait raison : tant de mères qui n'ont jamais su devenir maman -

jeudi 9 septembre 2010

laisse pas traîner ton fils

à guéliz, je me fais accoster par un type à la mine patibulaire - veste crasseuse, peau grise du poivrot régulier en phase de dislocation - il me demande de lui accorder cinq minutes - que je lui refuse, car je sais que la discussion se finira forcément sur du bon matos qu'il a à fumer, top quality - je prétexte que je dois rejoindre mes fils qui m'attendent -

"ah si tu dois aller voir tes enfants... occupe-toi bien de tes enfants, c'est important les enfants - un jour ils pourraient te rendre service"

sot que j'étais, j'avais oublié pourquoi j'étais devenu père /

mercredi 8 septembre 2010

architecture interne

à marrakech, les gens (français en particulier) aiment à s'inventer une deuxième profession ; untel sera boucher et sculpteur, un autre tel glacier et poète - après tout pourquoi pas - notons qu'on dit rarement qu'on est ingénieur et beachfootballeur -

la palme revient tout de même aux décorateurs d'intérieur - difficile de choisir tant il s'en ramasse à la pelle, la plupart d'ailleurs ayant élevé au rang d'art la lecture régulière de Elle déco - on en arrive à redouter de devenir créateur ; il semble qu'il faille trouver sa voie artistique dans la destruction, l'anéantissement pour éviter l'abrutissement -

mon ami John Ross el Alaoui m'éclaire : à présent qu'il y a stagnation de l'immobilier, il faut bien trouver à décorer toutes ces cages de béton - d'où cette nouvelle gamme d'artistes, chez qui on doit bien trouver un livre de marc lévy entre deux Elle déco -

lundi 6 septembre 2010

dans le volcan

alcool : condition de l'écriture qui devient son principal obstacle /
[comme le disait Deleuze dans son Abécédaire (b comme boire) : ils buvaient (ils parlent de plusieurs auteurs américains) parce qu'ils voyaient quelque chose de trop grand pour eux - qu'ils n'auraient pu supporter sans l'aide de l'alcool]

vendredi 3 septembre 2010

jeudi 2 septembre 2010

fessée

à chaque fois que je bats mes enfants, je m'efforce - noblesse oblige - de leur procurer un maximum de satisfaction (de jouissance ?) malgré/dans la douleur -
ils comprendront, bien des années plus tard, lors de la rédaction de leurs Confessions, quel plaisir il y avait dans la cuisson de leur tendre chair sous la caresse méthodique du fouet ou la rugosité du bâton - ils comprendront aussi quelle fut ma mansuétude de ne point les abandonner (ces fiascos en fleur) -

mercredi 1 septembre 2010

listes

si nous avions en germe dans nos pauvres esprits une polygraphie du cavalier, un bi-carré latin orthogonal d'ordre 10 (ou vingt-et-un), une pseudo-quenine d'ordre 10, nos listes quotidiennes - listes qui nous brisent, programmes démesurés tant ils sont risibles et qui nous donnent l'illusion de maîtriser l'existence - pourraient prendre un envol insoupçonné.
(Cahier des charges de La vie mode d'emploi de Georges Pérec, CNRS éditions, 1993)