vendredi 27 avril 2012

étymologie

j'apprends que c'est le vieux peintre hokusai - celui des vues du mont fuji - qui a inventé le manga, le mot en tout cas qui signifie images dérisoires ; on peut regarder nombre de mangas avec cet esprit de dérision qu'a le théâtre de beckett -
je constate aussi que l'ignoble terme de crouille - je crois qu'il n'existe guère de mot plus dégradant, ou alors youtre pour un juif - ce terme a pour origine l'arabe khouya - frère dans la langue d'averroès - comment retourner la parole aimante (les émigrés du maghreb s'appelaient khouya entre eux) dans la haine la plus concentrée et la plus méprisable (la communauté bien-pensante des dupont-lajoie les appelant de loin "tu as vu ces crouillats", qui devient crouille dans le langage de la chronique de la haine ordinaire...)

jeudi 26 avril 2012

sous le volcan

mon ami goeffrey f., ex consul à cuernavaca, me racontait la semaine passée, sa séance d'osthéopathie, car il lui arrive de prendre soin de sa vieille carne -
"je t'épargne le premier geste qui n'est pas sans rappeler le toucher rectal - il me manipule, il me palpe, il en arrive à la zone de mon foie et il me sort, ce petit prétentieux, une réelle suractivité hépatique : tu imagines bien que je savais ce que ça voulait dire dans sa bouche putride de faux médecin omniscient vous êtes un alcoolo - quel génie, ne trouves-tu pas ? j'ai les yeux injectés, j'ai une framboise à la place du nez, j'ai mes fioles qui dépassent des poches de mon costume et il a besoin de me tripatouiller le foie pour se rendre compte de mon ascèse éthylique !"
- ta gueule et bois un mezcal, dis-je à mon ami infirme, avec un geste au senor bustamente, qui écoutait le récit consulaire avec à l'oeil une insupportable larme compatissante. l'intéressé ne se fit évidemment pas prier et oublia, heureusement pour lui tous les médecins et autres osthéopathes du monde -

mardi 24 avril 2012

hommage à andré breton

comme je surfais tel le con sur la grande vague post premier tour d'internet, je ne pus m'empêcher d'aller voir pour qui avaient voté mes concitoyens d'alsace -
or, je fus relativement surpris de voir que dans le canton d'hatten (qu'on confond trop souvent avec le berceau de la démocratie, peut-être parce que comme me disait un local dans ma jeunesse abolie, "nous non plus, on n'aime pas les métèques") c'est la vague teintée de noir qui l'emporta en ce premier scrutin -
pourquoi cette surprise ? il faut se remettre dans le bain d'une ère abolie où mickael jackson non seulement était vivant mais en plus était noir : les amis de mon grand frère (disons qu'une quinzaine d'années nous séparent) allaient fréquemment en discothèque à hatten, au palladium plus précisément. or, les autochtones du village avaient mis en place une manière de jeu surréaliste nocturne, qui consistait à renverser de façon aléatoire et brutale, avec batte de base-ball ou nerf de boeuf (uxwoddle en alsacien) tout estranger qui s'en retournait chez seul (certes, mais en état d'ivresse) sur sa petite mobylette péradante -
comment des gens qui concevaient des jeux si surprenants dans leur conceptuelle nudité, si novateurs dans le hasard- des jeux surréalistes dans l'acception bretonienne de l'acte surréaliste par excellence, pas celle d'apollinaire inventeur du terme dans les mamelles de tiresias - ont pu finir par se laisser aller à voter pour les partis les plus conventionnels et les plus droits dans leur(s) [bruit de] bottes ? c'est quelque chose que je ne parviens pas à expliquer -

dimanche 22 avril 2012

les douze salopards

mes douze conseillers en communication m'avaient dit de choisir "classico" comme titre, j'aurais eu plus de douze lecteurs...
pas douze salopards, on en compte vingt-quatre, parce que les entraîneurs tiennent leur rang, entre le moraliste catalan ancien dopé à la nandrolone (mais lavé depuis, on se gausse) et l'ultra-libéral lusitanien pour qui la fin justifie tout moyen - plus les deux fois onze exemples de ce que le football est censé faire de mieux à condition de rajouter quelques zéros à leur éthique : belle leçon pour la jeunesse - alléluia pour eux, puisque les dieux sont avec eux...
on constatera (sans compter le fait qu'ils ont transformé le football en un espèce d'imbuvable passe à dix, une espèce de handall mais en moins spectaculaire, malgré la présence de l'exceptionnel petit argentin, qu'ils ont réussi à crétiniser les foules de par et d'autre de la méditerranée, en symbiose totale avec leur pire ennemi royaliste) cependant que les gentils catalans deviennent assez peu fair play quand ils n'ont pas l'avantage au score ou au classement, c'est une leçon pour les méchants madrilènes, admirables bouchers des situations désespérées depuis quelques saisons - les catalans sont comme vous, de vrais clébards vicieux quand ils n'y arrivent plus - vous avez le chien en commun, cela devrait rapprocher vos deux peuples !
on pense à la phrase de léon bloy, pour une fois prophétique, "je pense que le sport est le meilleur moyen de créer une génération de crétins malfaisants." -
à les voir jouer et insuffler un si pitoyable état d'esprit, on finit par être pour les allemands ou se dire que la mafia russe a un sens éthique assez admirable -


mercredi 18 avril 2012

lupanar

mon ami emmanuel de b., amateur de curiosités, esthétiques ou non, me sussurait tel maxime du camp au bon gustave devant un narguilé à alexandrie - une prostituée qui meurt, c'est un manuscrit condamné à demeurer vierge, quelques pages qui ne seront jamais noircies - pas de bibliothèque en train de brûler, non - juste des volumes à jamais introuvables dans les rayonnages infinies de la bibliothèque de babel...

dimanche 15 avril 2012

vision

mon fils aliocha (le seigneur le mit au monde en enfilant des gants), pendant le dîner :
- je ne sais pas ce que j'ai en ce moment, mais je vois le monde de loin. toi je ne te vois pas à côté de moi, mais, disons, à une cinquantaine de mètres.
je ne pus m'empêcher de le battre, comme eût fait tout père qui veut que règnent ordre et respect dans sa maison, surtout à l'heure du souper, mais je ne puis, depuis, m'empêcher (la répétition comme signifiant de l'empêchement) de songer qu'il suinte en ma demeure une sécrétion inquiétante de progéria mental - et je doute être capable de trouver une échappatoire pour me mettre à distance de la contamination -

vendredi 13 avril 2012

histoire de peinture

la délicate oriane me le dit sans ambage : "il me semble que mon expérience du monde marrakchi me fait conclure que, quand quelqu'un n'y connaît absolument rien en peinture mais ne veut pas demeurer en reste, ce qui est un des principes du monde, il évoque jackson pollock (sans dire que son art spontané est devenu paradoxalement élitiste) et keith haring (découvreur d'une forme simple et efficace, déclinée jusquà la nausée) qui figurerait au catalogue ultra moderne de la son-of-a-bitch gallery - il faut être capable, je dois tenir mon rang, de faire semblant de les écouter jusqu'au bout..."
je la serre dans mes bras, le grand monde est souvent si petit...

mercredi 11 avril 2012

partage de midi

je relisais récemment les cinq grandes ôdes de claudel - au nom de claudel je sens déjà mon auditoire prêt à ronfler, pourtant... - conscient de l'inanité de mes piètres efforts pour captiver mon minuscule public, je poursuis.
je me rappelle la première lecture, j'avais été saisi comme deux ou trois ans auparavant j'avais été saisi par les illuminations rimbaldiennes, comme si le verbe s'était fait non pas chair mais musique, et que les deux oeuvres pouvaient se passer de notre intelligence - qu'elles étaient au-delà du monde des idées - il y a loin, lors de la relecture, du choc passé ; il y a la grandeur, mais on y sent le poids des mots, contrairement à rimbaud -
trop de points d'exclamation, surtout dans les premières ôdes -
puis je me suis demandé qui publierait - aurait le courage de publier - un tel texte, au lyrisme débraillé, emphatique, excessif (tout celà dit dans un sens laudatif), un lyrisme épique et catholique - d'où impression que c'est presque dieu lui-même qui nous souffle dans la figure ; qui voudrait cela à une époque où l'homme wharolien se satisfait de renifler ses pets ?

mardi 10 avril 2012

du livre considéré comme une impolitesse

comme je cherchais mon fils à un anniversaire, je me retrouvrai sans surprise devant une villa grasse et cossue de targa et pris place sur une banquette réservée aux invités, au côté de deux hommes respectables, grassouillets, importants - comme je n'avais rien à leur dire, comme cela semblait réciproque, ils se mirent à triturer leur téléphone intelligent, histoire d'avoir l'air affairé(s) et d'éviter tout prétexte à un échange quelconque, ce dont je leur sus gré en mon faible intérieur, n'ayant ni téléphone intelligent ni livre avec moi -
au même moment, je me disais que, même si j'avais eu avec moi le tome de claudel qui m'accompagne ces jours-ci, ou blotch de monsieur blutch [histoire de montrer à mon lectorat qu'il n'existe pour moi aucun sous-genre], eussé-je pu, sans choquer, scandaliser, passer pour goujat ou oisif, poursuivre une lecture sereine ou passionnée tandis que eux ne perdaient pas leur temps sur leur téléphone intelligent ?
rien n'est moins sûr - et d'y penser j'entends mes oreilles siffler...

dimanche 8 avril 2012

querelle d'érudit

la délicieuse marie-pierre de f. de b., discutant avec son habituel flamboiement du livre de frédéric lenoir comment jésus est devenu dieu, se demandait comment les théologiens des premiers temps du christianisme s'étaient pris la tête sur la double nature du christ, s'affrontant argumentant se confrontant - alors qu'ils eussent pu se contenter de s'aimer les uns les autres bordel de merde...
pourtant, ces querelles commencent tôt, et elles mènent à des divergences fondamentales sur des conceptions de l'existence à venir, de notre libre arbitre ou d'un certain fatalisme
dans une cour de maternelle, mohamed ali soutient que tout ce qui existe, c'est dieu qui le crée, les hommes et les femmes, c'est dieu qui les crée. le petit naom i., au contraire, soutient que dieu a créé adam et ève, mais qu'ensuite les humains ont pu assurer leur descendance abondante sans intervention du créateur...
on peut supposer qu'ils ne seront jamais d'accord sur rien - puisque en désaccord sur un petit rien de départ... 

vendredi 6 avril 2012

progéniture (autobiographie)

de mon fils, qui grandit pendant que je rapetisse, aux réveils, cette semaine :
lundi : (endormi) laisse-moi tranquille - mercredi : (dépité) c'est tous les jours pareil - jeudi : (agacé) t'as mis où mon doudou ? - vendredi : (las) ça me retombe toujours dessus...
est-ce donc bien ce petit animal qui est supposé me radoucir les cent mille derniers quarts d'heure ?

mercredi 4 avril 2012

entendement

il est des situations qui dépassent notre entendement de simple humain et nous souhaiterions dans ces moments prendre la place du grand ordonnateur pour saisir la logique cosmique qui nous régit...
ainsi...
soit un rond-point d'où partent quatre routes, que l'on nommera pour simplifier a b c et d.
je me trouve sur la route a pour me rendre sur d - seulement un flic peu amène me fait signe de prendre la route c (qui plusieurs kilomètres plus tard me ramènerait soit sur a (ce que je veux éviter pour ne pas reprendre le chemin sur lequel je me trouve), soit sur c - au même instant, je constate que les voitures arrivant de c peuvent aller sur d - c'est à n'y rien comprendre - je tente un signe au flic, regarde, ils vont sur d, pourquoi je ne peux pas moi ? parce que tu ne peux pas toi. pourquoi ? on ne peut pas. il n'y a pas à insister -
sur b, mais m'éloignant de ma cible, je réfléchis au meilleur moyen pour rejoindre c qui me permmettra d'accéder à d - je n'ai plus beaucoup d'essence, je dois faire demi-tour - j'échaffaude des plans subtils, je mobilise les ressorts les plus secrets de mon intelligence pendant un fébrile demi-tour - les klaxons agacés n'ont pas de prise sur ma concentration proche de l'absolu en cet instant ; je suis sur b, dans la bonne direction, on m'enverra sur c (mais dans la mauvaise direction par rapport à mon objectif - d pour ceux qui ne suivent pas), je ferai demi-tour dès que je le pourrai et de c je pourrai enfin accéder à d ; mon machiavélisme me laisse béat, la conscience de ma supériorité face au kafkaien agent de la circulation qui ne connaît pas comme moi les ficelles de l'ordre cosmique me fait frissonner de plaisir - je deviens limite caverneux et attend au feu rouge qu'on me donne l'autorisation d'aller sur c...
sans raison apparente, huit minutes après m'avoir refusé tout autre accès que b, il m'autorise arbitrairement à me rendre sur la route d, sans que j'aie à utiliser mon génie de la stratégie urbaine et routière - un aveu de faiblesse de sa part, il avait dû voir à mon air qu'il n'avait aucune chance de m'avoir...    

lundi 2 avril 2012

terminus

sur son lit d'agonie, mon ami le peintre vincent de gogue, qui prenait un malin plaisir à ne pas finir de mourir, me chuchota :
- le fiable devient toujours faillible...
de dépit je lui enfonçai un de ses pinceaux au fond du larynx, ce qui me valut d'être un peu violenté par une meute d'infirmiers nuisibles -
telles furent les dernières paroles partagées dont l'écho commence de se prolonger à l'infini sur la toile...

dimanche 1 avril 2012

terminus

mon ami peintre vincent de gogue, sur son lit d'agonie, me soufflait court :
- my dear, this morning is mourn...
- shut up and paint, i answered.
ce sont les dernières paroles que nous partageâmes - pourtant, je l'aimais bien - il faisait de la peinture -

(cliques sur j'aime si tu aimes, cliques sur commenter si tu as quelque chose à me dire, comme par exemple qu'il n'y a pas d's à clique puisque c'est l'impératif mais si tu n'as que ça à me dire alors autant ne rien me dire - gros con toi-même)
mon conseiller en communication me dit de faire des efforts de communication - je tente donc de me montrer le plus interactif possible -