mardi 24 mai 2016

son destin en main

on me prête un livre de laurent gounelle - pourquoi ainsi m'agresser - je prends avec suspicion l'ouvrage et lis la quatrième de couverture (titre d'un mien ouvrage resté au rebut) où l'on annonce que : "plus qu'un roman, une réflexion sur soi-même qui nous invite notre destin en main." - phrase qui a elle seule fait monter en moi des envies d'autodafé -
vivant depuis quelques années dans des pays qu'on qualifierait volontiers de "fatalistes" - jacques défends-moi - admirateur des tragiques grecs - je crois au final être moins agacé par la résignation que par le mensonge de "la prise en main de son destin" - diktat fait au citoyen lambda (moi), asséné à coups de marteau par ceux qui mesurent leur réussite et veulent la comparer à celles des autres pour leur montrer qui a la plus grosse - comme à l'adolescence on se mesure autre chose - thème d'un prochain post dédié à benjamin p*** de grrrrrr - 
double destin de la réussite : providentiel au départ ("si tu es resté dans ta misère c'est que dieu l'a voulu, il n'y a rien à faire" - vision protestante des débuts du capitalisme, dont on oublie souvent la justification religieuse) - qui cède sa place à celui d'une espèce de surhomme autoproclamé, costard la semaine et survêt le week-end ("j'ai pris mon destin en main, je l'ai domestiqué, plié - je suis un modèle pour le monde") : vision somme toute risible après avoir lu oedipe roi ou philoctète -
le fatalisme est sûrement critiquable, il sent meilleur que l'arrogance triomphante dont seuls devraient se prévaloir les insectes nécrophages - quant à laisser le destin loin de son existence, il semble que même l'homo dominandus ait dû mal à s'y résigner...

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