dimanche 4 décembre 2016

de l'erreur

il y a une vidéo qui circule en boucle - où un gonze portant un joli costume traîne l'éducation nationale devant un tribunal, pas moi, je ne me sens pas visé, mais la sacro-sainte éducation nationale - je n'ai pu supporter très longtemps l'imbécile diatribe, mais le début mérite une petite analyse, car même si au fond je ne suis pas en total désaccord avec le fond, la forme me paraît suspecte, et l'argumentation bancale :

on commence par une citation d'albert einstein - toute personne est un génie - et comme c'est einstein qui l'a dit même si c'est après avoir raté le tournant de la mécanique quantique on se dit que c'est vrai - argument autoritaire comme ce qui est reproché ensuite - il y a ensuite la métaphore du poisson à qui on veut apprendre à marcher - et si je peux comprendre la souffrance d'enfants qui apprennent de force des choses qui ne les intéresse pas et auxquelles ils ne donnent pas sens (je considère cependant que si on tentait de donner sens à un millionième de nos actes, nous sombrerions dans la dépression ou précipiterions notre suicide) - je ne comprends pas le rapport entre la nage du poisson et le génie précité - le poisson développe une compétence (que je lui envie, comme de ne pas se rappeler ce qu'il vient de faire, ce qui lui évite l'ennui - peut-être est-ce là son génie, au poisson rouge), cela échappe à mon génie... 
cependant le génie autoritaire s'échappe de nous par tous les pores, alors il faut continuer : l'école brime, l'école peut rendre malheureux - l'école ne devrait plus relever d'une obligation puisque chacun est à même de s'éduquer et de s'émanciper... je suis pour l'abolition de l'éducation nationale en tant que système oppressif et asservissant et qu'advienne que pourra, les enfants pourront constituer une main d'oeuvre génialement peu onéreuses pour fabriquer les baskets que porteront l'élite développée aux quatre coins de la planète - on constatera, en outre, qu'un fort pourcentage de génies se contentera à ingérer des chips en regardant des programmes télévisuels créatifs, innovants, émancipateurs...

ensuite, l'individu vindicatif dit que l'école tue notre créativité - ça c'est le mot galvaudé à toutes les sauces depuis tant de temps que je me dis souvent qu'elle - la créativité - est devenue un mot grossier - et notre individualité ! l'individualité triomphante qui conduit le génie à tous les narcissismes et façonne tant d'identités malheureuses, le quart d'heure de gloire pour rien qui nous pousse à nous enfoncer dans toujours plus médiocre, n'est-ce pas ça le génie de l'individualité ? alors si l'école joue son rôle de sanctuaire, austère, poussiéreux - pourquoi pas ?
nous nous parlerons pas d'une créativité qui se réduit à faire parler d'elle-même - alors si l'école peut préserver quelques individus de ne pas admirer cyril hannouna - elle fait oeuvre de salubrité publique...
l'hilarité me gagne ensuite dans l'argumentaire : le téléphone a changé, la voiture a changé, l'école est restée la même ! c'est vrai que le smartphone a révolutionné la vie, cancérisé les neurones, ouvert les champs émancipateurs de la relation humaine (et si les gens ne savent plus trop qui était gandhi, elle sait qui est steve jobs ou mark zukkergerg qui non solum ont oeuvré pour le bien commun (mais c'est pas à l'école qu'on apprendrait ce genre de vérité émancipatrice) sed etiam ont fait du blé contrairerement à ce con de gandhi dont le désintéressement est le signe indubitable de l'échec du génie - la voiture ou l'avion nous ont permis un saccage méthodique et programmé des ressources de notre planète - tous ces progrès de l'obsolescence programmée et des dégâts de la croissance, l'école pourrait se glorifier d'en avoir été préservée - malheureusement elle participe à la propagande du progrès - 

donc pour toi - gros crétin - l'essentiel de la créativité et du génie humain tient à sa capacité à inventer de beaux téléphones et de belles voitures - et à les bien vendre - je conchie avec tous les germes de ma dysenterie ton monde dont je n'en veux pas - 
je n'ai pas pu aller plus loin -

(et tant pis s'il dit qu'il faudrait mieux les payer, ces profs qui font le métier le plus difficile du monde (quand on veut les flatter) mais qui sont quand même avant des feignasses qui ne créent pas de richesses)

pour finir, je conclurai, analysant mon propre génie - et le comparant avec immodestie à celui de rimbaud vendant des armes à ménélik II ou de nicolas de staël égorgeant ses toiles pour les abolir - que le génie, le vrai (j'allais dire le mien), n'a rien à voir avoir le bonheur ou l'épanouissement - 
le génie épuise, le génie vampirise et il ne vous pardonne rien - 


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