vendredi 29 août 2014

angst und zorn...

on peut lire, dans mars de fritz zorn (de la peur à la colère) :
"[je m'habituais] à adopter toujours les jugements des autres. je m'habituais à ne pas apprécier les choses par moi-même, mais à n'apprécier jamais que les choses bien. ce que les autres considéraient comme bien me plaisaient aussi et ce que les autres n'estimaient pas bien je ne l'approuvais pas non plus. je lisais de bons livres et ils me plaisaient parce que je savais qu'ils étaient bons, j'écoutais de la bonne musique et elle me plaisait pour la même raison."
nous sommes tous (comment osez-vous parler en notre nom ?) tombés à un moment dans ce panneau ; nous avons aimé un livre ou un film d'avance, parce que nous ne voulions pas décevoir telle ou telle personne, un parent, un enseignant, un ami, parce qu'on nous avait dit que c'était indispensable, ou qu'il fallait avoir écouter cela au moins "une fois dans sa vie" (d'où le succès des séries les mille et uns livres qu'il faut avoir lus, films, tableaux, vins, etc... comme si de les avoir lus, bus, vus dispensaient aux gens d'être des imbéciles pour cette raison même qu'ils se croient accomplis par ce qu'ils ont vu, lu, bu : "j'ai lu les mille et un livres qu'il fallait lire maintenant je peux m'arrêter" et moi de cracher sur le sentiment de complétude...) - mais combien d'imbéciles, qui ne sont pas de la grande bourgeoisie zurichoise, mais qui remplissent les salles de concert et les théâtres et se croient affranchis de leurs scléroses, qui n'ont jamais eu que l'opinion et l'avis donnés par les journaux et les magazines, ou par canal plus, ce qui est encore plus nuisible - qui (les médias) ont réussi à leur faire croire qu'ils avaient un goût, un avis et une opinion - personnels - alors qu'ils ne font que beugler une jubilation qui n'est pas la leur... 

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