A entendre une collègue raconter sa rencontre avec son futur mari marocain, et surtout comment l’officialisation fut prise par certains membres de sa famille – je sentais chez elle une vibration de colère plus de vingt ans après – je me rappelai l’anecdote de martin de w., à propos d’une connaissance d’enfance, installée à Casablanca depuis plusieurs années (avant mon arrivée) : « J’ai entendu dire de lui qu’il s’était marié avec une marocaine, et ceux qui m’en ont parlé, de bons bourgeois bien tolérants et bien comme il faut, n’ont pas pu s’empêcher de rajouter, comme pour me rassurer, mais bon, ça va, elle est médecin, c’est pas n’importe qui… parce que se mettre en couple avec une femme de ménage, ce serait contre-nature ? »
Et de me dire qu’en réalité,
le mariage mixte est plus ou moins intégré, même dans les austères contrées de
la corne de la france ; il est devenu supportable, tolérable (de même que
le mariage entre catholique et protestant) - pas évident pour tout le monde
très certainement, le racisme ou l’homophobie ne sont certainement pas morts,
mais hydres en voie de disparition -, mais tout de même acceptable, à peu près
supportable – il faut simplement – c’est le minimum des minima - qu’on reste
dans la même classe sociale, dans la même caste, dans les mêmes strates : il
existe encore un réel sentiment de déclassement
lorsque untel veut vivre avec une ouvrière, une femme de ménage, une
rempailleuse de chaise ou une vannière – là nous demeurons dans l’intolérable,
dans l’obscène presque ; mieux vaut une paresseuse avec du bien qu’une
travailleuse pauvre – (et de n’oser imaginer une rempailleuse noire… quel plus
grand crime que d’épouser la rempailleuse hottentote ? on baigne dans la
pornographie, là…)
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