samedi 13 septembre 2014

sentiment tragique

dans usual suspects, on peut entendre : "le coup le plus rusé qu'ait réussi le diable, c'est d'être arrivé à faire croire qu'il n'existait pas." - en réalité, c'est une réflexion d'andré gide (trouvée il y a fort longtemps dans un essai de philippe berthier sur barbey d'aurevilly), mais gide nous fait passer dans le clan des ennuyeux, alors que usual suspects fait partie des deux ou trois films référence d'une génération hip-hop (à présent morte et enterrée), génération plus jeune que celle des lecteurs de gide, alors pour m'illusionner encore et encore sur mon éternelle jeunesse, j'ai choisi le film - film d'ailleurs très fort dans l'illusion de la profondeur, et qui se moque avec panache de son spectateur qui déglutit avec la pure satisfaction de son intelligence rassasiée de bren -
mais je digresse -
de même, on peut lire, dans une introduction aux oeuvres de sophocle par robert pignarre, cette phrase mal retenue (mais j'ai égaré mes notes) qu'alors je dois réinventer [en mieux] : "la tragédie, c'est l'histoire de l'homme aux prises avec l'indifférence et le silence du monde." [joli ça - et puis il est mort pignarre, in ne m'en voudra pas.]

l'absence de conscience du tragique de l'existence, l'impossible tentative de dépassement de notre condition, la résignation, non pas l'absurde résignation chrétienne cette fois, mais résignation laïque, la résignation, qui s'ignore, au monde du supermarché - la résignation gnangnante à une entité qui a réussi à dépasser notre petitesse et notre ignorance presque sans effort, le renoncement, la résignantion - voici ce qui résume la condition actuelle de l'humain ; cette course effrénée sur une pente qui s'écroule devant nous - on croit voir ces bisons qui se jettent dans le vide - on baigne en pleine tragédie, une tragédie qui ignore son nom et son masque de bouc mais qui, libre et affranchie, se prend en photo au quotidien avec son téléphone intelligent...

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