jeudi 27 mai 2010

la grande bouffe

j'ai dit dans un précédent billet que les Français de l'étranger ne pensaient qu'à manger - ils en deviennent tellement stupides qu'ils trouvent à se vanter de "ne jamais faire leurs courses à Marjane [sorte de Carrefour au Maroc]"
cela devient déprimant : en général les gens se vantent de s'intégrer aux us et coutumes locaux, d'être des intégrés - ils se vantent de vivre "local", ils se targuent de fréquenter des "locaux", des autochtones, des indigènes ; leurs meilleurs potes sont des indigènes et ils ne fréquentent quasiment pas la communauté française (sauf pour la soirée Beaujolais nouveau ?) - ils se complaisent dans un indigénisme de bon aloi, ils supportent l'excision et les petits sultanats despotiques - à Marrakech rien de cela, les gens sont fiers de ne jamais faire leurs courses à Marjane point barre , ils se goinfrent beldi et ça leur suffit -
et moi de ne plus oser ouvrir la bouche -

jeudi 20 mai 2010

jean racine II

"j'ai vengé l'univers autant que je l'ai pu" (Mithridate, V, scène dernière)
il n'y a pas de quoi se vanter, nous avons tous fait ça - ou au moins essayé de le faire

mardi 18 mai 2010

jean racine II

on peut lire ceci dans Bajazet (V, 4) (j'ai choisi l'acte V pour montrer que j'avais tout lu...) :
"Les moments sont trop chers pour les perdre en paroles"
dans le drame quotidien des brasseries, parisiennes ou provinciales, on lirait plutôt ceci :
"Les moments sont si creux qu'on les meuble en paroles"

tragédie

Rousseau a définitivement tué la possibilité de vision tragique de l'existence en niant la responsabilité de l'homme - quel intérêt le destin aveugle aurait-il encore à frapper au hasard si l'homme s'autorise à affirmer qu'il est injuste ?

samedi 15 mai 2010

Kiki de Montparnasse

pourquoi cela me hérisse-t-il tant ?
quatrième de couverture de Kiki de Montparnasse, par Catel et Bocquet, (casterman 2008) : "Kiki s'impose par un liberté de ton, de parole, et de pensée qui ne relève d'aucune école autre que celle de la vie." - hagiographier une grue pourquoi pas - qui peut savoir si on n'écrira pas en 2108 un roman graphique sur Loana ? mais ce lieu commun de l'école de la vie pour quelqu'un dont les attentes s'arrêtaient quelque part entre le nombril et le périnée - je ne comprends pas qu'on glorifie l'école de la vie en une vision aussi courte et, malgré la fréquentation de grands artistes qui justifieraient l'hagiographie, au fond fort consumériste...

mercredi 12 mai 2010

borges

zéro auditeur hier soir, pour ma lecture de trois nouvelles de Borges - peu importe ; merci à tous ou à personne de m'avoir obligé à passer mon après-midi de mardi à relire plusieurs pépites, à replonger dans l'étrange labyrinthe ; à me rappeler qu'on pouvait remercier l'existence de nous avoir permis de lire quelques bons livres - je ne déplore pas l'absence d'auditeurs, ce serait blasphémer l'univers...
mais ceci confirme une autre pensée : d'aucuns se plaignent du manque de culture à Marrakech ; on dit et on répète que "culturellement, il ne se passe rien" ; le problème, c'est que pour la plupart, c'est l'attente d'une culture "bling" / il faut des noms, on attend des noms (nom d'un bordel)
pour une lecture, c'est Luchini ou personne (moi en l'occurence) ; la curiosité est absente, on veut avoir vu un nom et serré une cuillère pourquoi pas -
le problème culturel à Marrakech ? on se déplacera pour Frédéric Beigbeder mais pas pour Eric Chevillard -

samedi 8 mai 2010

le facteur

et si un jour le facteur frappait à votre porte et vous remettait un modeste pli vous annonçant "cher monsieur Isel, vous êtes mort le 2 juin" -
apprendre en toute quiétude que l'on est mort, c'est presque le bonheur ça...

jeudi 6 mai 2010

champs magnétiques

sans y prendre garde, le mardi 27 avril, j'empruntai deux livres à la bibliothèque de l'Institut (je suis membre de l'Institut); Corrections de Thomas Bernhard et Epreuves de George Steiner -
quant à voir des signes dans ce genre de coincidences troublantes, on peut aisément je suppose y laisser une partie de sa santé mentale...

nature

pique-nique familial dans la vallée de l'Ourika, sur les rives de l'oued -

toujours le même sentiment avec la nature - de loin je contemple d'admirables perspectives, je sens frissonner les feuilles des arbres - et puis une fois que j'ai le nez dessus, je ne puis me départir d'un empoisonnant sentiment de déception et je dois à nouveau regarder au loin -

bernhard

mois d'avril passé avec l'écrivain autrichien adepte du monolithe paragraphique -

corriger le premier jet , corriger ensuite - inlassablement - la correction de la correction de la correction de notre première correction ; retarder le moment d'apporter la correction ultime, celle qui nous concerne ; nous corriger de façon irréversible

étonnant qu'un tel homme pût mourir de maladie

mardi 4 mai 2010

toujours je chérirai la mer

de retour de quelques jours de vacances à Oualidia, à bouffer des produits de la mer, puisque en bon français des vacances réussies sont des vacances où l'on a bien mangé -

première journée passée devant la lagune, un vide se creuse en moi -

le deuxième jour je me décide à aller de l'autre côté, sur la plage de l'océan - je note enfin ce qui manque à la lagune : elle ne fait pas le bruit de l'océan